Face la crise, l’action coordonnée de diverses structures doit favoriser la détection précoce des situations qui se dégradent.
« On a presque mis de côté le facteur humain en privilégiant l’économie. Aujourd’hui, le paysan prend des coups, des drames se vivent dans les campagnes. C’est tout à fait insupportable. Nous vivons une crise sans précédent. Le plan de soutien de nos politiques ne sera pas suffisant au regard de cette détresse », explique Yvon Boutier, élu à la Chambre d’agriculture. Si les services de la chambre consulaire sont « déjà là pour soutenir et accompagner tous les agriculteurs en difficulté », il annonce la mise en place prochaine d’une « cellule de veille sociale ». Une initiative coordonnée associant MSA, DDTM, DDPP, Agire et Conseil départemental. Ces structures vont se retrouver à Plérin le 8 février. « Ensuite, nous diffuserons très largement le détail des missions d’urgence vers les agriculteurs.
Les organisations et entreprises qui interviennent sur les exploitations seront aussi interpellées. » Objectif : sensibiliser tout le monde « pour être dans l’anticipation. » Techniciens, vendeurs d’aliments, vétérinaires, comptables, voisins… « Chacun peut déceler des signaux d’alerte de situations qui se dégradent, d’éleveurs qui entrent dans le rouge… » La cellule de veille pourra être contactée. « Dans le respect de chacun, elle suivra le dossier et pourra faire appel à l’intervention de comptables, travailleurs sociaux, spécialistes des situations difficiles. »
Règlements amiables et liquidations en hausse
« En 2015, environ 20 % des exploitations du département ont déposé un dossier de demande de soutien à la DDTM ou à la MSA, entre mai (premier plan porc) et fin octobre (fond d’allègement des charges) », explique Benoît Roncin de la Chambre d’agriculture. De 2014 à 2015, les procédures de règlement amiable agricole (nomination d’un conciliateur pour mettre en place un plan de continuation) ont doublé. Pire, depuis fin 2015, il y a augmentation sensible des procédures collectives (redressement et liquidation judiciaires) : « Déjà 8 mises en liquidation en janvier. À ce rythme-là, cela fait 100 si on extrapole sur l’année, 10 fois plus que d’habitude… »
Ne pas rester seul
Parce que cela ne va pas bien financièrement, humainement, socialement, un producteur pourra aussi se signaler lui-même et rencontrer des gens dont l’accompagnement est le métier. « Il ne faut surtout pas rester seul », insiste Yvon Boutier. À la Chambre d’agriculture, Danielle Even, élue, Benoît Roncin, conseiller et Véronique Hamon, juriste, rappellent : « Nous avons des leviers à disposition. Mais plus on intervient en amont, plus on a le choix des solutions. Quand la personne est dans le mur, il n’y a plus d’options. C’est le pari que nous faisons avec cette nouvelle cellule de veille : que les agriculteurs en difficulté aient le maximum de solutions pour résoudre leurs problèmes. » Toma Dagorn