Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose. Sauf qu’en humain, justement, les choses ne sont pas aussi simples. Heureusement finalement.
La « gestion des ressources humaines ». Quelle belle formule pour parler des relations parfois simples, souvent compliquées entre humains dans le monde du travail. Et à ce niveau, l’agriculture est logée à la même enseigne que les autres secteurs d’activité. Qu’il s’agisse des relations patron/salariés ou des relations entre adhérents d’un Gaec, d’une EARL ou une autre société agricole.
Pourquoi les sociétés explosent
Mardi, à Carhaix (29), lors du débat « travailler ensemble pour réussir » organisé dans le cadre de l’assemblée générale d’Icoopa, Olivier Pavageau, juriste au centre de gestion, est revenu sur une étude conduite en 2011 par l’UBS et l’amgar « apporte quelques clés quant à l’harmonie au sein d’une société ». Au cœur de cette étude, 42 exploitations sociétaires, dont 19 avaient disparu au bout de deux ans. Avec l’objectif de savoir pourquoi et comment certaines entreprises traversent le temps et pas d’autres. « Cette étude a recensé 9 facteurs influents », explique le juriste d’Icoopa. Premier facteur de risque pointé par cette étude : « Un associé a le sentiment d’être contraint dans ses choix ». Autrement dit, on ne fait bien que ce que l’on aime bien. Et si un agriculteur a mis toute sa persuasion pour convaincre un de ses enfants de s’installer sans que ce dernier soit réellement animé par une profonde motivation, il est probable que cette association est vouée à l’échec.
Comme un mariage professionnel
Dans une société, le mode de décision peut aussi s’avérer un facteur de déstabilisation et d’éclatement. « Avoir un dirigiste qui décide pour tout le monde est souvent un motif d’échec », poursuit Olivier Pavageau qui insiste sur les réunions entre associés qui permettent de poser les problèmes et sur le règlement intérieur qui détermine le fonctionnement d’une société. De son côté, Hugues de Monclin, conciliateur et médiateur, assimile la société à « un mariage professionnel ». Et d’expliquer : « Au début tout est rose, puis la banalité s’installe. Les associés perdent ainsi le lien qui les poussait à avancer ensemble ». D’où son conseil : « Il ne faut pas oublier pourquoi l’on travaille ensemble. C’est-à-dire ne pas oublier les valeurs communes, les objectifs, les projets que l’on partage ; sans oublier la complémentarité ».
D’aucuns diront que, si travailler en société est si compliqué, mieux vaut faire appel à des salariés. Mais l’entrepreneur n’échappe pas pour autant à la gestion humaine. « La vraie clé, c’est la confiance dans le salarié. Car, à vrai dire, qui veut être contrôlé en permanence ? », résume Arnaud Menneson, formateur en cohésion d’équipe. Et de dévoiler un peu sa méthode d’ancien entraîneur d’équipe de rugby : « Je savais quels joueurs cherchaient une solution et lesquels cherchaient une excuse. Ce tri permet de savoir sur lesquels on peut compter pour progresser. Quitte à accepter qu’ils se trompent ; cela fait partie du fonctionnement de l’humain. Il ne faut pas oublier que le management, c’est l’école de la vie. Didier Le Du
