Malgré une conjoncture très dégradée, des responsables invitent les éleveurs à continuer à « défendre la qualité du statut sanitaire breton ».
« Même en temps de crise, il ne faut surtout pas baisser la garde sanitaire. Le premier capital à préserver est la santé de son cheptel, première condition de rentabilité », rappelle Gilles Thomazo, installé en Gaec à Questembert (56). « La santé, on en parle quand on l’a perdue. Alors qu’il faut tout mettre en œuvre au quotidien, sans relâche, même quand tout va bien, pour la préserver. Nous travaillons tous avec du vivant, ce n’est donc jamais définitivement gagné. »
Le producteur de lait insiste sur le sujet, conscient que, dans les campagnes, la tentation est grande de lâcher la bride sur certaines bonnes pratiques ou de réduire les dépenses en abandonnant un service, comme par exemple l’adhésion au Groupement de défense sanitaire. « C’est vrai la période est compliquée et le plus dur reste à venir. Il est alors toujours tentant de réaliser des économies qui, parfois, n’en sont pas du tout. » Au contraire, avec le recul « de près de 40 ans de métier », le Morbihannais invite à ne pas relâcher les efforts.
Dans les années 90, il se rappelle que son élevage, accompagné par le GDS, a bénéficié de deux plans successifs d’assainissement contre la paratuberculose puis contre la BVD. « Bien sûr, les protocoles paraissent lourds. Mais repartir sur un cheptel assaini est le préalable à tout travail de sélection, d’amélioration génétique… » En 2011, l’installation de son fils Kévin s’est accompagnée de l’achat de quelques génisses. « Grâce à l’aide financière du GDS sur les analyses liées aux maladies réglementées, la recherche de Neospora et BVD avant introduction des animaux nous a aussi permis de ne pas acheter la maladie… »
Éradiquer collectivement la BVD
« En termes de sanitaire, tout l’intérêt des actions se situe au niveau collectif : quand un voisin règle un problème chez lui, cela me sert aussi », explique Thierry Le Fahler, de GDS Bretagne. « Le bon état sanitaire de la région construit grâce à 98 % d’élevages adhérents » permet non seulement de limiter les pertes en élevage, mais aussi « de bénéficier d’allégement sur la surveillance lors d’achat ou de vente d’animaux, d’exonération de contrôle sérologique IBR à l’introduction… » Et d’insister : « L’important est que tous les éleveurs collaborent aux plans de maîtrise. » Sinon la surveillance perd en fiabilité et le risque de résurgence de maladies aujourd’hui assainies (IBR, brucellose, tuberculose) augmente. « Alors que la Bretagne poursuit aujourd’hui l’objectif d’éradiquer la BVD d’ici 5 ans… »
L’opportunité de vendre
Pour Gilles Thomazo, « individuellement et collectivement », les éleveurs de la région doivent continuer à œuvrer pour la sécurisation de ce statut sanitaire breton. « Il est parmi les meilleurs en France et en Europe. C’est cela qui nous permet de vendre des animaux vivants ou des semences, à l’export ou hors région », rappelle le membre du bureau d’Évolution. Administrateur à Ouest Génis’, structure commercialisant 13 000 génisses du Grand Ouest chaque année, il précise que la vente « de jeunes animaux n’est pas que le fait des sélectionneurs. Beaucoup de producteurs ont aussi parfois quelques génisses à vendre. Même si les cours ont baissé, c’est toujours une petite bouffée d’oxygène pour les trésoreries fatiguées du moment. Un commerce facilité par notre excellence sanitaire. » Toma Dagorn
L’avis de Jean-François Tréguer, Président de GDS Bretagne
La situation des éleveurs est gravissime. Le GDS Bretagne exprime sa solidarité complète en cherchant des solutions. Nous sommes d’abord à l’écoute de nos adhérents. Ensuite, plus concrètement, nous introduisons de la souplesse sur la partie cotisation : report, paiement en plusieurs échéances, mensualisation… pour peser le moins possible sur les trésoreries. Nous souhaitons aussi réaffirmer le retour financier aux éleveurs. Sur notre budget de 15 millions d’euros, l’objectif est que 40 % soient fléchés vers la participation aux coûts d’analyses des protocoles, au financement des honoraires vétérinaires, à l’indemnisation des bovins. Le conseil d’administration vient par exemple de voter une rallonge de 250 000 € de l’enveloppe indemnisation pour la paratuberculose pour inciter encore plus les éleveurs à se séparer des animaux super-excréteurs et repeupler dans de bonnes conditions…