Le jambon américain sera compétitif en Europe

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Selon une étude de l’Ifip, certaines pièces américaines, comme le jambon et la longe, pourraient arriver sur le marché européen à un prix très compétitif, dans le cadre d’un accord transatlantique.

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis est plus que jamais dans les tuyaux. À l’heure actuelle, les échanges commerciaux entre les deux puissances sont limités, mais les États-Unis exportent 20 % de leur production de porc, essentiellement au Mexique et au Japon. Le marché européen est une opportunité, notamment pour les pièces peu valorisées chez eux comme le jambon et les longes. À condition que les droits de douane, qui protègent le marché européen actuellement, soient supprimés. Ces pièces arriveraient sur le marché à des prix compétitifs si l’on en croit les résultats d’une étude réalisée par l’Ifip et présentée lors des Journées de la recherche porcine, par Michel Rieu. « Ils ont déjà des contingents à droits nuls mais ils ne les utilisent pas. Sans doute parce qu’ils sont trop faibles pour créer une filière d’export vraiment rentable ». Si les barrières tarifaires tombent, une filière performante pourrait se mettre en place pour exporter massivement vers l’Europe.

Malgré les variations de parité…

« Si l’on considère les valeurs moyennes sur la période 2010-2013 (taux de change 1 € = 1,33 dollar), le prix américain ren-du en France aurait été de – 0,40 €/kg pour la longe, – 0,72 pour le jambon et – 0,13 pour l’épaule par rapport aux prix français ». Entre 2000 et 2013, le prix du jambon américain rendu à Rungis est toujours resté inférieur à son homologue français, de 0,70 €/kg en moyenne. À la parité de 1,50 (comme en 2008), le prix rendu en France des viandes américaines chute de 18 %. À la parité de 0,9 (comme en 2001), c’est l’effet inverse, le prix rendu en France s’élève de 35 %, rendant les produits importés d’Amérique moins concurrentiels. (Actuellement, la parité se situe entre 1 et 1,1). Le risque d’entrée reste conséquent. Même si les écarts évoluent, le prix du jambon rendu en Europe est très compétitif tout au long de l’année. Les meilleures opportunités d’exportation de la longe américaine se concentreraient à l’automne et à l’hiver, ce qui correspond à des périodes de creux de demande en Europe. De quoi déstabiliser fortement le marché.

[caption id= »attachment_13930″ align= »aligncenter » width= »300″]Exportations américaines (source : IFIP) Exportations américaines (source : IFIP)[/caption]

4,5 € de gain par porc grâce à la ractopamine

Les barrières non tarifaires – bien-être animal, hormones – restent l’un des enjeux forts de la négociation. « L’usage généralisé de la ractopamine (facteur de croissance) est synonyme d’un gain de 5 dollars par porc », estime Michel Rieu. En Europe, le principe de précaution s’impose. Aux États-Unis, un produit n’est interdit que si la preuve est faite de sa nocivité. L’Union européenne a les normes les plus contraignantes au monde en termes de bien-être animal. « De nombreuses associations de citoyens américains espèrent que l’accord transatlantique permettra d’importer ces normes aux États-Unis ». On peut rêver d’une harmonisation des pratiques entre les deux blocs. Elle aurait pour conséquence d’imposer un standard mondial. Dans le cas contraire, plus probable, l’étiquetage d’origine des produits, associée à une forte communication, serait la seule voie possible pour protéger les viandes européennes. Bernard Laurent


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