Le marché foncier rural attire les investisseurs partout en France. Exemple au pays de la porcelaine.
Anthony Thomson s’est installé comme éleveur de porc en 1997. Pas en Bretagne, mais dans le Limousin. Aujourd’hui, ni son accent, ni sa propension à défendre l’agriculture française ne laisseraient penser que cet agriculteur-consultant a franchi la Manche pour vivre et travailler en France. « Il y a 10 ans, beaucoup d’anglophones s’installaient dans la région en mariant projet de vie et professionnel. Mais, certains projets mal encadrés ont tourné court », explique celui qui a d’abord délivré des conseils au gré des demandes avant de se professionnaliser dans le conseil aux migrants. « Car sur le plan administratif et réglementaire, il y a d’importantes différences entre les deux pays. J’ai l’exemple de Britanniques qui ont payé cher des domaines sans se préoccuper des droits à produire ».
200 ha achetés pour 20 ha vendus
« Depuis 5-6 ans, les anglophones qui viennent en France sont plus avertis. 90 % sont des agriculteurs qui cherchent des exploitations économiquement viables ». Bien sûr, il y a une frange d’investisseurs qui, en achetant du foncier pas cher, espèrent faire un coup spéculatif. C’est un phénomène que l’on observe depuis 4-5 ans sur les régions de Poitiers, Limoges qui ne sont qu’à 1 h 15 de vol de l’Angleterre ».
Le prix du foncier est l’argument n°1 qui incite les Anglais, Écossais et Irlandais à venir en France. « En Angleterre, la terre est exonérée de droits de succession. Cette disposition participe à faire augmenter le prix sachant que la surface disponible par habitant est moins importante qu’en France. Là-bas, un terrain penché et humide peut monter à 15 000 €/ha », raconte Anthony Thomson. Et d’expliquer : « Un agriculteur vend 20 ha en Angleterre et s’achète 200 ha en France ».
En concurrence avec les Deux-Sèvres
Pour autant, ce consultant estime que cette arrivée d’étrangers ne fait pas forcément augmenter les prix des exploitations. «Un Gallois qui arrive en France avec 200 000 € n’aura pas assez pour boucler son projet professionnel ». À 80 % les anglophones achètent des fermes de polyculture élevage. En lait, les élevages de plus de 60 vaches sont recherchés. En vache allaitante, il faut une surface de plus de 100 ha.
Reste que ces quelques dizaines d’étrangers qui convoitent une exploitation dans le Limousin ne rivalisent pas toujours financièrement avec les agriculteurs des départements voisins de plus en plus nombreux à s’intéresser aux terres de la région. « Les agriculteurs locaux doivent notamment composer avec la concurrence d’agriculteurs des Deux-Sèvres, voire de Vendée qui sont attirés par le foncier de notre région vendu à 3 000-4 000 €/ha ». Didier Le Du