Le plantain Ceres Tonic comme plus-value de la prairie

 - Illustration Le plantain Ceres Tonic  comme plus-value de la prairie

À l’heure des semis de printemps, Florent Cotten, conseiller en pâturage, invite à s’intéresser à la semence de plantain : une plante productive, polyvalente, appétente et riche en minéraux.

Le plantain lancéolé (Plantago lanceolata L.) a longtemps été considéré comme la « mauvaise herbe » des sols pauvres. « Pourtant il apparaît aujourd’hui comme l’une des composantes principales dans les mélanges prairiaux des systèmes pâturant anglo-saxons », rapporte Florent Cotten chez PâtureSens. « Le Ceres Tonic, un cultivar développé en Nouvelle-Zélande, voit même son utilisation exploser au fil des ans. Grâce à sa productivité supérieure aux autres variétés de plantains lancéolés, mais aussi au niveau des performances animales élevées qu’il permet en climat tempéré… Au point d’être utilisé à la place du ray-grass en association avec du trèfle blanc. »

[caption id= »attachment_13903″ align= »aligncenter » width= »300″]Mélange (semé au printemps 2015) de plantain Ceres Tonic Mélange (semé au printemps 2015) de plantain Ceres Tonic, trèfle blanc, fétuque, luzerne et ray-grass. Photographié en début d’été chez un éleveur du Finistère.[/caption]

Plus tolérant à la sécheresse que les graminées

Le conseiller liste les particularités morphologiques du Ceres Tonic : « De larges feuilles et un port dressé qu’il conserve même dans des conditions de pâturage intensif. Un système racinaire pivotant soutenu par un chevelu racinaire fibreux qui en fait une plante plus tolérante à la sécheresse que les graminées. » Plante polyvalente « s’adaptant à tous types de sols et à diverses conditions pédoclimatiques », sa pousse précoce printanière et automnale est assez semblable à celle du ray-grass anglais : « Cela en fait une plante très productive sur l’année. »  Des expérimentations menées en Nouvelle-Zélande, « aussi bien sur l’Île du nord que du sud », annoncent des rendements supérieurs à 15 t de MS / ha (source Dairy NZ). « Et les exploitations bretonnes en ayant déjà implanté en association avec de la chicorée, des trèfles blanc et violet et de la fétuque élevée sortent des rendements supérieurs à 12 t. »

[caption id= »attachment_13901″ align= »aligncenter » width= »300″]Comparaison du ray-grass anglais (stade 15-20 cm), de la chicorée et du plantain (stade de 20-25 cm) Comparaison du ray-grass anglais (stade 15-20 cm), de la chicorée et du plantain (stade de 20-25 cm). (Source Dairy NZ)[/caption]

Avec une quantité d’1 à 2 kg/ha en mélange (selon le niveau de matière organique), son installation est rapide « permettant d’envisager sa mise en place à travers le sursemis ». Pour une meilleure implantation, viser une profondeur d’1 cm. « Avec un premier pâturage devant se faire au minimum au stade 6 feuilles afin d’assurer sa longévité, cette plante supporte très bien le pâturage intensif. Sa pérennité est estimée entre 3 et 5 ans, variable selon la gestion appliquée. »

Un plante limitant les strongles ?

Le Ceres Tonic présenterait des propriétés antiparasitaire : « Il est observé que les ruminants pâturant des prairies contenant du plantain ont moins de parasites internes », rapporte Florent Cotten. « Une expérimentation a chiffré qu’à contamination égale avec des strongles (Teladorsadagia  circumcincta au stade larvaire) 7 jours avant agnelage, les brebis pâturant du plantain Ceres Tonic après mise bas ont 48 % moins d’œufs de strongles dans les fèces que les brebis pâturant du ray-grass. Même si à ce jour, le mécanisme impliqué n’est pas exactement connu. »

Riche en minéraux et apprécié des animaux

Sa faible teneur en eau et sa faible concentration en fibre (« en comparaison au ray-grass : 28,3 % contre 48,7 % ») rendent le plantain aussi bien adapté au pâturage (associé au ray-grass et trèfle) qu’à la fauche (associé à la luzerne). Par ailleurs, sur le plan nutritionnel, en plus de sa richesse en protéines brutes (« 24,7 % contre 15,5 % pour le ray-grass »), il contient une grande quantité de minéraux. « L’accumulation d’éléments tels que le cuivre, le sodium, le cobalt et le sélénium est probablement due à son système racinaire profond plus efficace pour prélever les minéraux du sol. Cette concentration plus élevée que le ray-grass  en minéraux en fait une plante très appétente et très intéressante pour les animaux. Encore plus sur nos terres bretonnes dont le sous-sol granitique présente des carences naturelles en cuivre, cobalt et sélénium. »

Cette richesse du plantain se répercuterait ensuite sur les ruminants : « Divers résultats d’études dont celle de Massey University (Nouvelle-Zélande) montrent une amélioration du GMQ, aussi bien en système bovin qu’ovin, quand les animaux pâturent des prairies contenant du plantain. Des dosages montrent parallèlement des teneurs beaucoup plus fortes en cuivre, sélénium et vitamines B12 dans le foie de ces ruminants. »  Toma Dagorn


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