L’État allemand a délaissé aux acteurs économiques la maîtrise du contenu et des besoins en formation. Un succès qui fait référence aujourd’hui en Europe et ailleurs.
L’apprentissage en France n’a pas la cote. Nous comptons moins de 600 000 apprentis quand l’Allemagne en compte 1,6 million. Du fait des bonnes performances enregistrées par le marché du travail allemand dans les dernières années, le modèle « dual » est de plus en plus souvent présenté comme un exemple à suivre en Europe, voire jusqu’aux États-Unis. En Allemagne, l’apprentissage constitue la filière technique d’excellence et où le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 ans est de seulement 7,8 %, contre 24,8 % dans l’Hexagone, selon l’OCDE.
Un duo entreprise-centre de formation qui fonctionne
Le système « dual » met en lien les centres de formation et les entreprises : les Allemands considèrent qu’il appartient logiquement à ces dernières de gérer leurs besoins en termes de nouvelles compétences. Les entreprises allemandes sont ainsi les opérateurs naturels et principaux de l’apprentissage. Le jeune s’adresse d’abord à une entreprise qui, si elle l’accepte, l’oriente ensuite vers une école professionnelle dans laquelle il recevra une formation technique théorique. L’État, contrairement à la France, très éloigné de la vie des entreprises n’a donc qu’un rôle mineur à jouer dans le processus. Il se contente de poser les règles minimales. Cette responsabilisation naturelle de l’entreprise donne à cette dernière la latitude pour gérer au mieux, de manière décentralisée, ses besoins en la matière, que cela soit en termes quantitatifs (nombre de nouveaux apprentis nécessaires) ou qualitatifs (contenu des compétences).
[caption id= »attachment_14216″ align= »aligncenter » width= »300″] Apprentissage : France vs. Allemagne[/caption]
1/4 des entreprises ont des apprentis
L’offre et la demande de compétence sont ainsi optimisées outre-Rhin. Si une grande majorité des grosses entreprises (plus de 500 salariés) intègre des apprentis, ce sont en revanche les PME, qui font la force économique du pays, qui sont à l’avant-garde en la matière. Un quart des 3,5 millions d’entreprises allemandes investissent dans l’apprentissage. Mais les organisations professionnelles participent elles aussi, par exemple, en leur fournissant des locaux de formation. Pourtant, ces deux dernières années, ce système allemand rencontre lui aussi des difficultés. Les entreprises peinent à trouver des candidats pour des raisons démographiques. Ce qui n’empêche pas la formation professionnelle à l’allemande de faire des émules partout dans le monde.