Le début de campagne est marqué par des conditions climatiques exceptionnellement douces. Conséquence : la forte minéralisation des sols décale le premier apport d’azote au-delà du 15 février.
Les conditions climatiques enregistrées depuis l’automne ont été très favorables au phénomène de minéralisation des différents types de matières organiques (humus, produits résiduaires organiques, résidus de cultures…). Tous les processus de minéralisation sont sous la dépendance de la température et de l’humidité de l’horizon superficiel du sol. La période de minéralisation peut ainsi être traduite en nombre de jours normalisés (un jour normalisé correspond à un jour à une température de 15°C et à une humidité du sol à la capacité au champ). Depuis les semis, le nombre de jours normalisés est supérieur de 30 % à la normale. La quantité d’azote issue de la minéralisation de l’humus est ainsi largement supérieure à la minéralisation calculée sur les 15 dernières années.
Des parcelles qui jaunissent
La présence précoce de maladies foliaires, avec des symptômes d’oïdium, a été observée très tôt sur les vieilles feuilles d’un grand nombre de parcelles. Les pluies enregistrées pendant le mois de janvier ont permis de lessiver en partie l’inoculum, mais l’oïdium reste parfois présent et peut conduire à des jaunissements de vieilles feuilles. La rouille jaune est également présente, en particulier sur variétés sensibles (Azzerti, Expert, Hystar…). Contre la rouille jaune et sauf situations exceptionnelles (nombreux foyers pulvérulents), il est généralement recommandé d’attendre le stade épi 1 cm pour intervenir. La présence précoce de ces maladies traduit l’importance de l’inoculum. La situation sanitaire devra être précisément évaluée au stade épi 1 cm pour intervenir si nécessaire (piétin verse, rouille jaune, oïdium…). L’observation des parcelles et le Bulletin de santé du végétal devront être étudiés attentivement pour suivre l’évolution des maladies.
Quelle attitude adopter ?
Les parcelles sont actuellement très bien développées, le tallage est non limitant et la minéralisation élevée. Même pour les situations les plus précoces, il est fortement conseillé de ne pas apporter l’azote avant le 15-20 février. En 2015, un réseau de 18 essais réalisés dans l’Ouest par Arvalis et ses partenaires coopératives et Chambres d’agriculture a montré que le report de la dose tallage au stade épi 1 cm n’a pas eu de conséquence sur le rendement et a permis une amélioration de 0,2 % du taux de protéine. Cette amélioration traduit une meilleure valorisation de l’azote.
Ne pas alimenter les talles excédentaires
Pour les carences en azote sans conséquences, le symptôme caractéristique correspond au jaunissement des feuilles âgées à partir de la pointe. Ces jaunissements, arrivés très tôt cette année, sont liés à une croissance très active des céréales qui se traduit par l’émission de talles en plus grand nombre. Ce fort tallage induit des besoins supplémentaires en azote. À ce jour, les fournitures d’azote par le sol sont suffisantes pour alimenter la biomasse et ne justifient pas d’un apport trop précoce d’azote. Apporter de l’azote à ce stade conduirait inévitablement à alimenter des talles excédentaires qui ne contribueront pas au rendement et accentueront sensiblement les risques de verse. Ces talles seront susceptibles de régresser en cours de montaison et ainsi de constituer une source de « gaspillage » de l’azote. Actuellement au stade plein tallage des céréales, cette carence temporaire agit comme un phénomène de régulation naturelle du futur nombre d’épis utiles pour contribuer au rendement. Dans les sols trop humides, les plantes n’auront pas la capacité à assimiler l’engrais apporté, du fait de l’excès d’eau au niveau des racines. Dans ces situations, l’azote apporté risque d’être lessivé. Arvalis – Institut du végétal