Dédié à la culture de blé, Arvalis – Institut du végétal édite un fascicule qui tord le cou à certaines idées reçues. Le point sur la fertilisation de cette céréale.
L’adaptation de la fertilisation azotée aux besoins de la culture, avec un réglage cohérent du fractionnement au cours du temps contribue efficacement à la maîtrise des impacts pour l’environnement. Pour répondre à ces enjeux, Arvalis – Institut du végétal propose un guide pratique pour aider les producteurs dans la conduite de la fertilisation azotée des cultures de blé, sous forme de question-réponse.
L’azote fait taller
✘ FAUX
Le nombre de tiges principales (talles primaires) est indépendant de la nutrition azotée et dépend essentiellement de la date de semis (cumul de températures et durée du jour). Au cours du tallage, le statut azoté des plantes commande la croissance et le développement de nouvelles talles. Une suralimentation en début de cycle (avant épi 1 cm) favorisera la croissance de talles secondaires, émergeant à l’aisselle des feuilles des talles primaires. Elles sont susceptibles de régresser au cours de la montaison si la concurrence avec les talles principales est trop forte. Elles ne contribuent alors pas au rendement et consomment azote et eau au détriment des talles primaires. Ne pas apporter trop d’azote, trop tôt permet :
- D’apporter l’engrais au plus proche des besoins (montaison) : meilleure absorption par la plante et limitation des pertes (par volatilisation, organisation microbienne, etc.). L’efficacité de l’azote apporté courant tallage n’est, en moyenne, que de 60 %. Ce chiffre passe à 75-80 % pour les apports à épi 1 cm et à plus de 85 % pour les apports à dernière feuille ;
- De limiter le risque de verse et de maladies en cas de végétation abondante ;
- D’assurer une bonne teneur en protéines en permettant un report de l’azote vers la fin de la
montaison.
En résumé : au tallage une dose modérée d’azote suffit (40-50 kg N/ha), les impasses d’apport sont souvent possibles (dose totale faible, état de la végétation, sols avec apports organiques fréquents ou reliquats azotés en sortie hiver supérieurs à 60 kg N/ha dans l’horizon 0-60 cm).
[caption id= »attachment_14256″ align= »aligncenter » width= »300″] L’absorption de l’azote est proportionnelle à la croissance jusqu’à la floraison.[/caption]
Les besoins sont plus importants à partir du stade épi 1 cm
✔ VRAI
L‘essentiel de l’azote présent dans la plante à la récolte est absorbé entre les stades épi 1 cm et floraison. Les besoins en azote de la culture jusqu’à la floraison sont directement liés à la mise en place des surfaces foliaires. Limités entre le semis et la fin du tallage, ils augmentent fortement pendant la montaison puis ralentissent à partir de l’épiaison. Ainsi, une parcelle de blé absorbe en moyenne moins de 50 kg d’azote/ha du semis à épi 1 cm pour une durée d’environ 140 à 150 jours, alors qu’elle va absorber 100 à 150 kg N/ha entre épi 1 cm et floraison sur une durée de 60 à 80 jours. La vitesse d’absorption et donc les besoins instantanés sont ainsi multipliés par 7 entre la période du tallage et la floraison. En conséquence, les apports réalisés en début puis en cours de montaison sont absorbés rapidement ce qui garantit une efficacité maximale de l’engrais.
Les apports précoces favorisent la verse
✔ VRAI
La verse des céréales est favorisée par les densités de végétation trop importantes et une trop forte élongation des entrenœuds qui fragilisent les tiges. La pluie et le vent en fin de cycle agissent alors comme éléments déclencheurs.
Le risque agronomique de verse est déterminé très tôt, dès la mise en place du nombre de tiges/ m2 (entre tallage et 1 nœud). Les états de surnutrition azotée au tallage favorisent le maintien d’un grand nombre de talles secondaires jusqu’au stade épi 1 cm. Elles régressent généralement courant montaison et ne contribuent pas au rendement. Par la suite, début montaison, une suralimentation azotée favorisera l’élongation des entrenœuds et les fragilisera. Des apports d’azote précoces trop importants (ou une trop forte disponibilité à travers des reliquats élevés) constituent donc un facteur de risque supplémentaire de la verse.
Des apports d’azote très modérés au cours du tallage (40 à 50 kg N/ha) déclenchés uniquement dans les situations où ils sont indispensables constituent un élément déterminant pour réduire le risque de verse. Arvalis – Institut du Végétal