Sur l’EARL Gicquel, à Bruc-sur-Aff (35), les taurillons bénéficient d’une ration plus protéique et moins acidogène, grâce à l’ajout de catalyseurs et d’urée dans le maïs grain. L’objectif est de réduire le coût alimentaire.
Le maïs grain humide broyé est repris dans le tas avec la mélangeuse automotrice de la Cuma. À côté, les producteurs vident des sacs de Maxammon, mélange de catalyseurs, et d’urée alimentaire dans la benne du télescopique qui amène ensuite ces produits dans la mélangeuse. Pour une tonne de maïs, il faut compter 15 kg d’urée alimentaire et 5 kg de catalyseurs. Pendant trois minutes, les ingrédients sont mélangés. « Il faudra ensuite laisser l’ensemble fermenter pendant trois semaines sous une bâche noire hermétique, sans tasser », précise Bruno Gicquel, un des trois associés de l’EARL Gicquel qui compte un atelier de 420 places de taurillons. De race charolaise, les jeunes bovins arrivent à 7-8 mois et restent 8 à 10 mois pour repartir à 420 – 430 kg. Le GMQ grimpe à 1,6 kg/j sur l’élevage.
[caption id= »attachment_13907″ align= »aligncenter » width= »300″] « Souffrant moins d’acidose, les taurillons sont plus calmes », fait remarquer Bruno Gicquel.[/caption]
Un pH réhaussé
« Après les trois semaines de fermentation, il faut retirer la bâche. Le maïs est stocké à l’abri, dans un lieu couvert », poursuit le producteur. Le produit transforme l’urée, ce qui permet d’augmenter le pH du maïs et sa digestibilité. Bruno Gicquel a remarqué un effet bénéfique sur les animaux. « Ils sont plus calmes, du fait de la baisse de l’acidose. » À hauteur de 2 kg bruts en début d’engraissement et 2,5 kg en fin d’engraissement, le maïs grain traité est intégré à la ration comprenant aussi de l’ensilage de maïs, de la purée de chips, de l’ensilage de luzerne, du tourteau de colza, du foin et des minéraux. Une alimentation mise au point avec le nutritionniste Benoît Réalland du cabinet BDM, et distribuée quotidiennement par la mélangeuse automotrice.
Deux points de TP en plus
Au Gaec de la Ruelle, à Treffendel (35), les cinq associés ont utilisé du triticale et un peu de blé traité au Maxammon pour alimenter leurs vaches laitières, de mai à mi-novembre 2015. « Le lait a augmenté de 2 points en taux protéique, passant de 31,5 à 33,5. Nous n’utilisons plus de VL », précisent les producteurs. « Nous avons réalisé des analyses sur le triticale : après traitement, il contient 6,3 points de MAT en plus. » Le Gaec a fait appel à un prestataire pour l’aplatissage, l’incorporation et le mélange, réalisés en même temps. « Avec le coût du produit et de l’urée, la prestation nous a coûté 33 € par tonne. Cette technique nous permet de valoriser des céréales produites sur des terres plus pauvres. » À l’avenir, elle est envisagée pour la féverole et peut-être l’orge.
630 €/mois d’économie pour les 420 JB
Avec ce mélange, les producteurs économisent environ 500 g/j/JB de tourteau de colza. Le coût de traitement étant d’environ 30 €/t, l’économie finale avoisine 630 €/ mois pour les 420 JB. Le sac de catalyseurs de 25 kg coûte 107 €. « En 2014, nous avons passé 220 tonnes de maïs grain en mélange. La teneur en MAT a progressé de 12 à 17 %. Cette année, nous devrions en faire 240 tonnes, en plusieurs chantiers. » À noter que ce produit ne peut s’utiliser que pour les ruminants. Venant à l’origine d’Écosse, le procédé peut être appliqué à des protéagineux ou des céréales, des blés moissonnés plus tôt par exemple. Agnès Cussonneau