Les conditions climatiques actuelles (temps sec et venteux) sont très favorables à la volatilisation des produits azotés riches en azote ammoniacal.
La volatilisation d’ammoniac est le processus physico-chimique de passage du NH4+ adsorbé sur le complexe argilo-humique ou dissous dans la solution du sol vers sa forme gazeuse NH3 libérée dans l’atmosphère. Elle s’opère à la surface du sol à partir d’une source d’azote ammoniacal : engrais minéral ou produit résiduaire organique. Les pertes d’azote par volatilisation ammoniacale limitent l’efficacité des apports d’azote.
Plus l’azote de l’engrais est présent sous forme d’urée ou d’azote ammoniacal ( NH3), plus le risque de volatilisation sera élevé. C’est le cas avec les solutions azotées, l’urée, et les lisiers.
Ce phénomène se produit rapidement après l’apport (quelques heures à quelques jours).
Avant maïs, enfouir le plus vite possible
Quel que soit le produit, un épandage en surface sur sol nu génère rapidement des émissions ammoniacales. L’essentiel de la volatilisation se produit dans les premières heures qui suivent l’épandage. Ces pertes concernent principalement les engrais organiques riches en azote ammoniacal : fumiers et fientes de volaille, lisiers de porc et de bovin.
La rapidité du phénomène implique qu’il est primordial d’employer les techniques culturales susceptibles de le réduire très rapidement après épandage.
L’efficacité d’un enfouissement supérieur à 10 cm, juste après l’épandage du produit permet de supprimer la quasi-totalité des pertes. L’enfouissement par le labour et les outils à disques est le plus efficace.
10 % de perte avec les solutions azotées
Les pertes gazeuses par volatilisation sont la cause principale des différences d’efficacité entre produits azotés.
Concernant la solution azotée, riche en urée et en azote ammoniacal, des expérimentations récentes ont permis de mesurer des pertes par volatilisation proches de 10 %. Même observation pour l’urée, compte tenu de sa composition (100 % sous forme uréique).
Ces pertes peuvent devenir plus conséquentes en cas de temps sec, chaud et venteux. Il est donc recommandé d’apporter la solution azotée en période pluvieuse (petites pluies annoncées dans les 3 jours après l’apport). Dans ces conditions, l’efficacité de la solution azotée sera proche de celle de l’ammonitrate.
Dans la plupart des expérimentations, l’ammonitrate présente la meilleure efficacité. Cette performance repose essentiellement sur sa moindre sensibilité à la volatilisation ammoniacale. En cas de mauvaises conditions d’absorption par manque de pluie, l’azote reste en partie disponible dans le sol dans l’attente du retour des précipitations.
Les engrais à base d’urée avec un additif inhibiteur (Nexen, Utec 46, Novious…) qui ralentit la transformation de l’urée vers une forme d’azote assimilable par les plantes, présentent des résultats équivalents à l’ammonitrate. Il est probable que ces nouvelles formes d’engrais présentent des pertes par volatilisation limitées et proches de l’ammonitrate. Des essais sont en cours pour mesurer ces pertes.
Utiliser un outil de pilotage fin montaison en blé
Concernant les apports de lisier en couverture sur les céréales, le couvert permet de limiter les pertes de l’ordre de 30 % par rapport à celles observées en sol nu. Il est toutefois probable qu’avec les conditions climatiques actuelles, ces pertes soient conséquentes, sans possibilité d’en connaître précisément le niveau. Avec cette pratique de fertilisation, l’utilisation d’un outil de pilotage fin montaison est fortement conseillée pour vérifier l’efficacité des apports. Le diagnostic permettra de connaître l’état de nutrition de la céréale et de compléter la fertilisation azotée si nécessaire.