« Il faut un marché de prix rémunérateurs »

ciccone-galardon-Triskalia - Illustration « Il faut un marché de prix rémunérateurs »
À quelques jours des assemblées générales territoriales, Georges Galardon, président, et Dominique Ciccone, directeur général de Triskalia, commentent l’activité de la coopérative en lien avec un contexte économique bouleversé.

Comment la coopérative vit-elle la situation délicate que traverse l’agriculture ?

Dans une coopérative polyvalente comme Triskalia, la crise des productions animales est en partie amortie par le légume industrie qui s’en sort relativement bien. Pour autant notre chiffre d’affaires est impacté par la baisse du prix des matières premières : lait et porc, mais aussi céréales.
Ce contexte difficile renforce la nécessité de maîtriser les charges. Cette année, nos efforts se sont particulièrement portés sur la rationalisation du réseau de magasins avec le souci d’éviter les doublons.

Cette double équation, baisse du chiffre d’affaires et contrôle des charges, permet de maintenir le résultat à un niveau stable pour l’année écoulée. Le groupe doit rester solide pour accompagner ses adhérents. Ainsi, pour les aider à passer cette crise, nous avons mis en place des avances de trésorerie, des aides au financement des intrants, sans oublier les aides à l’installation et l’accompagnement technico-économique au quotidien.

Vous poursuivez pour autant vos programmes d’investissement ?

Bien entendu. Il faut se projeter dans l’avenir. Nous avons investi 43 millions d’euros en 2015, notamment dans le séchoir de Plouisy et dans le laboratoire agronomique Capinov. En 2016, nous allons investir 60 millions d’euros : dans le légume surgelé (Gelagri), dans la volaille (Ronsard), dans le stockage de céréales… Et nous continuons à déployer notre réseau de magasins grand public.

Depuis 10 ans, les regroupements se multiplient. La création de Triskalia a aujourd’hui 6 ans. Vous avez d’autres projets ?

Les rapprochements ne sont pas terminés au niveau des coopératives et des outils industriels. Pour notre part, nous contribuons à ces opérations, sous condition qu’elles permettent de solidifier les activités sur le territoire, comme ce fût le cas pour notre rapprochement avec UKL-Arré début 2016. Cette démarche doit se poursuivre en conservant les pôles de décision en Bretagne.

L’idée de fédérer les forces en production porcine revient souvent justement…

Oui. Tout le monde pense qu’il faut faire quelque chose ensemble mais chacun pense qu’il a le meilleur marché du monde. Avec cela, on avance ! Ce qui est sûr, c’est que regrouper toutes les organisations de producteurs sur une plateforme de vente ne réussira que si les industriels s’y mettent.
Nous avons aussi un exemple de réussite en matière de regroupement de 7 opérateurs, en œuf, avec EggXagone.

Et les alliances avec la grande distribution ?

Pour notre part, nous craignons que la reprise d’outils industriels par la distribution ne fragilise les filières.
Nous préférons la voie de la contractualisation tripartite entre l’agriculteur et sa coopérative, le transformateur et le distributeur. Un rééquilibrage des relations avec la grande distribution est nécessaire et urgent ; la pression sur les prix est toujours d’actualité.

Vos adhérents aussi vous reprochent de ne pas payer assez cher leurs produits…

Bien sûr que si l’on pouvait, on le ferait. Mais chacun sait que nous sommes dans une économie européenne ouverte. Or, cette Europe économique, sociale, fiscale, mais aussi environnementale, n’a pas abouti. En conséquence, nos produits doivent faire face à une distorsion de concurrence que nous ne cessons de dénoncer. Une situation d’autant plus redoutable que les outils de régulation ont presque tous disparu.

En attendant que l’Europe se construise réellement (ou pas), quels conseils donnez-vous à vos adhérents ?

Dans un contexte de volatilité des prix, l’amélioration des coûts de revient est une nécessité. La coopérative est là pour accompagner ses adhérents. Nous les encourageons, par exemple, à profiter des plans de rénovation des bâtiments. Nous avons aussi spécialisé des salariés dans le conseil économique. L’ensemble de ce travail permet de redynamiser l’agriculture bretonne et lui redonner de la compétitivité ; mais pour en profiter pleinement, il faudra des prix rémunérateurs pour les agriculteurs.


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