L’engouement des conversions en lait bio demande une structuration de la filière, sous peine de déstabilisation des marchés.
L’agriculture biologique tire son épingle du jeu en ces temps tourmentés. Pour preuve, la croissance à deux chiffres du marché des produits bio, et ce « depuis une dizaine d’années. La structuration de la filière lait doit se faire », explique Véronique Fraissenet, coordinatrice au Groupement des Agriculteurs biologiques des Côtes d’Armor (Gab 22). Des volumes importants sont attendus en lait, de part des sollicitations plus intenses de conversion. « Ces deux derniers mois, nous recevons une demande de visite par jour, et plus d’une trentaine de personnes ont été formées en février. Tous types de profils nous contactent, que ce soit des projets par opportunité économique ou par conviction. Il faut être vigilant sur cette augmentation de la production ». Le message délivré par le groupement ainsi que les formations éclairent sur les réalités de la production, avec des intrants onéreux, et un système basé sur l’herbe qui est le plus adapté.
Le Gab 22 demande à être soutenu par les pouvoirs publics. « Les aides à la production biologique tendent à disparaître, alors que nous apportons des réponses sur les plans environnementaux, écologiques, de l’emploi et de la dynamique rurale. Nous souhaitons que la filière soit soutenue comme il se doit », espère Véronique Fraissenet et Nicolas Monfort, président du Gab 22 ajoute qu’ « en réponse à la crise que connaît l’élevage conventionnel, de l’argent est mis sur la table. Nous demandons un discours plus cohérent, pour accompagner un système qui fonctionne ».
La bio en chiffre dans le département
La production biologique dans les Côtes d’Armor représente :
- 469 fermes engagées en bio,
- 16 839 ha,
- 3,8 % de la SAU et 5 % de fermes départementales,
- 170 fermes au Gab 22 adhérents.
Avoir le moins d’impacts possibles
Le groupement a choisi, pour animer son assemblée générale, lundi 29 février à Plaintel, de traiter des sujets des extractions naturelles, comme les projets miniers bretons ou encore le sable coquiller en baie de Lannion. Pour le premier, trois sites sont concernés en Bretagne, à savoir Silfiac (56), Merléac et Loc-Envel. « En tant que structure associative, nous soutenons Douar Didoull (collectif contre le projet minier) car ces pratiques auraient des conséquences directes à l’échelon local », pense Nicolas Monfort. Pointées du doigt, des pollutions engendrés par les forages profonds qui viendraient contaminer les sources environnantes. « Les zones déjà concernées hors Bretagne par ces projets miniers ont observé des incidences sur la santé publique. De plus, Loc-Envel est le point de départ de nombreux bassins versants », prévient Hervé Talbourdet, vice-président du Gab 22.
Concernant l’extraction de sable de la baie de Lannion, le groupement pense que des alternatives sont possibles. « Il faut avoir une approche globale, avec un objectif d’impact environnemental le plus neutre possible. Une gestion des amendements plus durable, comme l’utilisation des coquilles de Saint Jacques est possible », pense Nicolas Monfort. Reste à évaluer les volets agronomiques de la solution, et la possibilité d’épandage sur les pâtures. Fanch Paranthoën