L’embauche d’une personne peut paraître difficile lors d’une conjoncture difficile. Pourtant, d’autres avantages sont ressentis par les employeurs, notamment sur les résultats techniques.
Installé en Gaec avec son père en 2002 à Pleyber-Christ en bovin viande, Mickaël Corre élève aujourd’hui 170 mères, toute la suite étant engraissée. « Les mâles partent en circuit conventionnel, les femelles en Label Rouge », témoigne-t-il lors de l’assemblée générale du comité de développement des agriculteurs du pays de Morlaix. Pour faire face aux travaux quotidiens, l’éleveur a choisi d’embaucher un salarié après le départ en retraite de son père. « Il a fait valoir ses droits à la retraite en 2012. Ma mère a alors rejoint le Gaec familial. J’estimais que mes parents avaient derrière eux une carrière bien remplie, et qu’ils ne devaient pas être esclaves de l’exploitation. J’ai donc lancé une démarche de recherche d’associés avec la Chambre d’agriculture, sans résultat ». 5 ou 6 candidats se présentent, mais les projets n’aboutissent pas. Plus d’un an et demi passe, jusqu’au moment ou l’éleveur envisage l’embauche.
Rendez-vous le soir même
Le producteur a vent de la démission d’un salarié de bonne réputation d’une autre exploitation. « Je l’ai appelé, le soir même, il est venu chez moi pour discuter. Après un délai de réflexion relativement court, nous nous sommes mis d’accord ». Chacun a rapidement trouvé sa place, aussi bien l’employeur que l’employé. « À 9 h le matin, tous les animaux sont nourris. Nous prenons le temps de la pause-café pour échanger. J’aime ce relationnel ». L’embauche a forcément un coût pour l’exploitation, mais Mickaël Corre a vu « une réelle amélioration de ses performances économiques. Auparavant, le travail était fait de façon plus générale, on allait à l’essentiel. Nous sommes plus strictes actuellement, avec une meilleure maîtrise de la reproduction avec les échographies, ou encore des plans de vaccination qui sont faits au jour J. Pour les travaux administratifs, je ne remets plus les choses au lendemain, les papiers sont traités au jour le jour ». Une aide que l’éleveur apprécie, avec l’arrivée d’un œil neuf sur la ferme.
Recherche fermes Dephy
Le comité de développement recherche, dans le cadre du plan Écophyto, une ferme Dephy « pour expérimenter des diminutions d’utilisation de produits phytosanitaires, ainsi qu’une économie en intrant. Installées en système polyculture-élevage ou en légumes frais de plein champ, les personnes intéressées peuvent se signaler avant la fin avril », explique Cécile Goupille, conseillère culture sur l’antenne de Morlaix. Renseignements : 02 98 88 97 60.
Employeur, cela s’apprend
Gilles Burel, de l’association emploi formation (AEF 29), pense « qu’il faut éviter les erreurs de casting. Il est impératif de réfléchir pourquoi on embauche. Le but est de remplacer un parent, un conjoint, un associé ? L’objectif est d’augmenter sa production ? Les jeunes qui s’installent de nos jours seront sans doute tous demain employeurs. Ils ne sont hélas pas formés au management. Des formations aux ressources humaines sont conseillées ».
Des aides existent, certains salariés ouvrent même des droits. « L’employeur peut bénéficier d’aide à l’embauche, ou des réductions de TVA. Un salarié payé au Smic pendant 13 mois représente une charge de 26 000 € dans le compte de résultat », chiffre l’animateur de l’AEF. Cependant, Thierry Quéré, président du comité de développement, estime qu’il faut « arrêter de penser qu’un salarié coûte de l’argent. C’est une réalité, mais il apporte aussi du temps, de la valeur à l’exploitation ». Fanch Paranthoën