Les élus de la Chambre d’agriculture du Finistère se sont penchés sur la situation des différentes productions du territoire, en abordant les thèmes de l’étiquetage, de la valorisation des produits laitiers et de la restauration collective.
Dans l’allocution d’introduction à la session de la Chambre d’agriculture du Finistère qui s’est tenue la semaine dernière à Quimper, le président André Sergent rappelle que « la trésorerie d’un producteur de lait moyen du département se dégrade de près de 2 000 € par mois, et celle d’un producteur de porc de plus de 8 000 €. Cette situation n’est plus acceptable, ni acceptée par le terrain ». Les élus de terrain ont souhaité aborder les difficultés rencontrées par la profession pendant une large partie de la session.
Dure fin des quotas
Voilà près d’une année que les quotas ont été supprimés. Christine Corvest, agricultrice à Poullaouen, pense que « la fin des quotas a amené les producteurs dans le mur. La surproduction, origine de la crise, a été favorisée par les orientations des Chambres d’agriculture. Les jeunes démarrent à 100 à l’heure. Mais doit-on privilégier les projets économiques ou les projets humains ? ». Le président répond : « Le problème de surproduction ne vient pas de la France, nous n’avons pas à fléchir. Il faut toutefois admettre que nous sommes à la fin d’un système : d’un flux poussant, nous devons passer à un flux tirant pour s’en sortir ». La traçabilité des denrées agricoles ainsi que l’étiquetage apportent des solutions en ce sens.
La peur de l’intégration
« Une marge ne se partage pas, elle se prend », pense Sébastien Louzaouen, président des Jeunes Agriculteurs du département, sur le sujet de la répartition de la valeur ajoutée, avec comme question de fond l’intégration. « Que deviennent les producteurs de la pointe finistérienne en cas de contractualisation ? », se demande Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale. Laisser les clés de son exploitation au prix d’une rémunération plus stable, personne n’est à ce jour prêt à l’accepter. C’est même « une situation dangereuse, quand un distributeur vient proposer 1,50 € par kg de cochon », ajoute André Sergent.
Pour Georges Guezennoc, maraîcher à Kerlouan, « les solutions qui font les gros titres des médias, à savoir les circuits courts, sont très respectables mais marginales. Le premier centre de consommation n’est pas son voisin, mais la région parisienne ». L’unité, mot plusieurs fois entendu lors de l’échange, reste le leitmotiv de tous. « Face à 4 acheteurs sur le marché laitier français, pourquoi ne pas s’unir avec 2 vendeurs : un premier issu des coopératives, le second représentant les acteurs privés. Le rapport de force serait inversé », propose Yvon Claustre, producteur laitier de Poullaouen.
Français, et même Breton
Invité lors de cette session, Michael Quernez, maire de Quimperlé, donne sa vision du prochain traité transatlantique (Tafta) : « Certains voudraient faire tomber les barrières, et traiter l’alimentaire comme toute autre marchandise. Mais les matières 1res agricoles ne sont pas comme les autres et doivent être régulées. Du côté de l’étiquetage, d’autres pays s’en sont affranchis, comme l’Allemagne avec une relation contractuelle entre la distribution et la transformation ». Le consommateur aime savoir ce qu’il achète : « Entre un produit estampillé viande française et produit en Bretagne, les distributeurs témoignent d’un engouement du consommateur vers le produit breton ». Pour la restauration collective, un objectif de 40 % de produits de proximité est fixé pour 2017. Fanch Paranthoën