Les jeunes refusent de céder à la morosité

jeune-agriculteur-56-installation-crise-assemblee-generale - Illustration Les jeunes refusent de céder à la morosité

Le nombre d’installations est en chute libre dans le 56. Les jeunes installés trouvent néanmoins des raisons d’espérer. La région et les filières ont des atouts à faire valoir.

Les temps sont difficiles pour les filières animales. La Bretagne prend la crise de plein fouet et les jeunes sont parmi les plus exposés. Réunis la semaine dernière lors de l’assemblée générale de JA 56, ils ont rappelé leurs faits d’armes de l’année écoulée et proposé leurs solutions pour sortir de cette crise : aides à l’installation accessibles à tous, mécanisme de maintien des marges, mention d’origine… Anne-Lucie Meunier, du Cerfrance, a eu la lourde tâche d’énumérer les menaces qui pèsent sur les filières : optimisation de la main-d’œuvre en production laitière, manque d’investissements en production porcine et avicole, surcapacités d’abattage et position de faiblesse face à la grande distribution. On pourrait en citer d’autres mais il est préférable, quand on a entre 25 et 35 ans, d’insister sur les atouts de la région pour exister dans la compétition internationale.

Mécanismes de soutien des prix dans d’autres pays européens

En Allemagne, les distributeurs Aldi et Netto ont appliqué des hausses de prix sur le lait et le beurre dès le 1er octobre 2015. + 4 cts/litre pour le lait. Aux Pays-Bas, la coopérative majoritaire, Frisland Campina, a mis en place une prime d’incitation à réduire la production : 2 cts/100 kg de lait pour ceux qui ne dépassent pas un volume de référence. Cette baisse est temporaire. Des fromageries sont en construction et la production repartira de plus belle dans les mois à venir. En Belgique, un plan de soutien de 6 mois a été mis en place avec les distributeurs : 27 €/1 000 litres, financés par une hausse des prix au détail. Le porc bénéficierait également d’un même système de soutien à la production.

La volaille s’oriente vers le haut de gamme

En production laitière, les exploitations bretonnes sont performantes, modernisées, compétitives techniquement. La qualité du lait est reconnue (les Chinois ont investi à Carhaix) et le réseau, contrairement à d’autres régions françaises, est dense. Le climat est favorable à la production fourragère, qui avantage également la production de viande bovine. Les vaches de réforme sont adaptées à la demande croissante de viandes hachées et transformées. En production porcine, les compétences techniques existent. Les élevages s’appuient sur un foncier d’une soixantaine d’hectares en moyenne pour une autonomie relative en céréales. En volailles, la filière se réoriente sur les segments de moyenne et haute gamme pour répondre aux demandes du marché européen et les filières Label sont reconnues.

Dans toutes ces productions, la présence industrielle est forte et bénéficie d’un savoir-faire technologique. Le réseau d’équipementiers est tourné vers des produits élaborés. La densité est un atout au niveau logistique. On le voit, les jeunes ont des raisons de croire en l’avenir. Un minimum de régulation de la production laitière au niveau européen, une levée de l’embargo russe, une reprise de la croissance mondiale et notamment chinoise, ou encore, une moindre distorsion de concurrence au niveau européen sont de nature à relancer le dynamisme des filières animales bretonnes. Bernard Laurent

Paroles de :

Frank Guehennec, président de la FDSEA

Si nous avions su, comme les céréaliers, créer un fonds de soutien propre à notre filière, abon-dé par les producteurs, c’est peut-être nous qui aurions investi à Carhaix, et non pas les Chinois. On n’est jamais trop tard…

Frédéric Daniel, ancien président de JA56

L’annonce de l’enseigne Lidl de prélever, pendant 6 mois, quelques centimes sur le litre de lait vendu et de réaffecter le montant collecté aux jeunes éleveurs est peut-être une annonce avant le Salon de l’agriculture. Ne le prenons pas pour argent comptant. Attendons de voir.

François-Régis Huet, Fédération nationale porcine

Les responsables de groupement qui rechignent à créer le fonds de soutien de 6 mois (en cours de constitution avec la grande distribution) devront s’expliquer devant leurs adhérents. Les GMS ne cherchent qu’une excuse pour ne pas le créer… Et ils vont peut-être la trouver en raison de nos divisions.


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