À l’assemblée générale de l’organisation des producteurs de lait (OPL), l’allemand Romuald Schäber, de l’European Milk Board (EMB), a pointé la surproduction européenne.
En Europe, on dit que les volumes de lait augmentent partout dans le monde. En Allemagne, que c’est de la faute de l’embargo russe et de la Chine, reprochant à ces pays de ne pas acheter nos produits. Et pourtant, les exportations européennes laitières augmentent depuis 2013. Le problème est simple : on produit trop.
Avant même « l’atterrissage en douceur » prévue par la Commission à la fin des quotas, l’Union Européenne (UE) avait augmenté sa production de 6 millions de tonnes en 2014, alors que notre demande stagne. Les USA ont augmenté, mais leur marché intérieur se développe. Et la « méchante » Nouvelle-Zélande ne pèse pas beaucoup comparée à nous. En 2015, l’UE a encore produit +2,8 %, 4 millions de tonnes qui s’ajoutent directement aux 50 à 55 du marché mondial. La Commission n’avait prédit qu’1 à 1,2 % : elle n’a aucune idée de ce que les producteurs sont capables…
Solution européenne
En Allemagne, qui va produire + 4 % en 2016, les prix baissent : il n’y a plus de laiteries au-dessus de 30 ct € / L, beaucoup s’approchent des 20 ct… Les cotations touchent les plus bas de 2009. Les Pays-Bas déjà très intensifs, on ne croyait pas la Rabobank qui annonçait que le pays pouvait produire 20 % de plus : aujourd’hui, on a l’impression que leurs étables n’étaient qu’à moitié pleines…
La France, par rapport à l’Irlande, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne, n’est responsable que d’une petite partie de cette surproduction. Mais nous sommes tous européens et il faut une solution européenne pour la corriger.
Un 2009 bis
L’historique des productions de l’UE montre clairement l’impact positif de la régulation des volumes liée à la menace du super-prélèvement pour les pays dépassant leur quota… Quand on agit sur le marché, la répercussion est efficace et rapide sur le prix du lait.
Mais les instruments de gestion de crise d’une Commission qui pensait un 2009 bis impossible ne peuvent éviter les crises. Laisser l’initiative aux laiteries ne fonctionne pas : cela peut résoudre le problème ponctuel d’un industriel, mais n’a aucune influence sur l’ensemble du marché. Pour sortir de la surproduction, il faut des outils nouveaux comme notre Programme de régulation des marchés (PRM). La seule solution est d’appliquer à toutes les exploitations une réduction de volumes…
Le Programme de régulation des marchés
L’EMB plaide pour un indice intégrant coûts de production, marchés internationaux et évolution du prix au producteur… En dessous d’une référence, le PRM est activé pour réduire les volumes : stockage privé, incitation à d’autres usages du lait, prime jusqu’à 30 ct / L sur le volume non produit pour ceux réduisant leur production, pénalité pour ceux augmentant… Voire si besoin, réduction obligatoire des livraisons de 2 à 3 % pour toutes les exploitations sur une période définie…