Après 3 ans de travaux, Éric Fraboulet, 26 ans, savoure l’idée de mettre en service son bâtiment engraissement flambant neuf. Il va désormais pouvoir élever tous les cochons nés sur l’élevage et se concentrer à 100 % sur le suivi technique de son cheptel.
Éric Fraboulet s’est installé à Saint-Thélo (22) le 22 avril 2014 avec un projet ambitieux mais mûrement réfléchi. Faisant suite à la reprise et au plan de modernisation, le cheptel est passé de 230 à 280 truies afin d’écraser les annuités liées à l’investissement pour « compléter » la station de traitement simplifiée qui datait de 2008 (rajout d’une centrifugeuse fixe pour capter le phosphore). Parallèlement, dès juin 2014, le jeune éleveur avait installé 58 places (sur 70 au total) de maternité en cases balances et transformé l’ancienne maternité en post sevrage (1 000 places).
EARL du Clézio, Saint-Thélo (22)
- 280 truies NE,
- Conduite 7 bandes, sevrage à 28 jours (Objectif : 34 truies à la mise bas, 460 porcelets sevrés),
- 42 ha de SAU (cultures),
- Station de traitement complète,
- 2,5 UTH (dont 1,5 UTH salariée).
La fin des travaux et du façonnage
Il vient de mettre la dernière pierre à l’édifice de son projet : vendredi 26 février, Éric Fraboulet a ouvert les portes de son nouveau bâtiment dont la construction avait débuté en septembre 2015. Près de 400 visiteurs sont venus découvrir l’enceinte de 1 200 places équipée d’un système de ventilation centralisée. Une porcherie « sous comble unique avec Perf’Alu et Regul’R au plafond » divisée en 7 salles d’engraissement de 156 à 192 places aménagées en béton et PVC. Le coût global du projet s’élève à 533 322 € HT. Soit 444 € par place tout compris, la machine à soupe neuve et les silos servant aussi à alimenter les engraissements déjà existants (2 800 places au total). 380 € la place, frais annexes, aides et subventions déduites.
Coût du bâtiment neuf
(1 200 places d’engraissement et local d’embarquement de 120 places)
- Terrassement, accès, assainissement : 30 000 €
- Maçonnerie soubassement : 123 800 €
- Élévation : 62 000 €
- Charpente : 133 000 €
- Aménagement béton et caillebotis : 53 800 €
- Machine à soupe et circuit d’alimentation : 35 910 €
- Ventilation et électricité : 50 857 €
- Frais annexes (notaire, hypothèque, Denitral) : 21 160 €
- Divers (montage, fourniture, carrelage) : 9 795 €
- Dossier environnement, permis de construire, prestation bâtiment : 13 000 €
- TOTAL : 533 322 € (dont aides PCAEA : 42 000 €)
À trois jours de l’entrée des premiers cochons dans cette nouvelle porcherie, on sent le jeune homme heureux et soulagé. « D’abord, cette mise en service marque la fin de la phase d’investissement. La fin de trois ans de travaux de restructuration. » Ensuite, ce nouveau potentiel d’engraissement sur le site de l’exploitation (limité à 1 600 places auparavant) sonne aussi l’arrêt du façonnage. « Je vais désormais pouvoir engraisser tous les porcelets nés chez moi. » Jusqu’à aujourd’hui, 30 % étaient finis à l’extérieur. « C’est un point fort de reprendre la main. Le façonnage pesait sur l’équilibre économique de l’exploitation : les truies produisant des laitons vendus à 7 kg pénalisaient l’IC global. »
Aucun reste et de l’eau fraîche
« L’indice de consommation global, c’est la base en élevage de porcs où l’aliment représente les deux tiers du coût de production », rappelle Éric Fraboulet. « Chez moi, 0,1 point d’indice représente 25 000 €. Cela vaut vraiment le coup de s’y pencher. » À la reprise de l’élevage, l’IC était de 2,85. Au printemps 2015, de 2,55. Aujourd’hui, il se situe à 2,47. « Derrière ces progrès, il y a bien sûr le poids de l’introduction du mâle entier. » Mais pas seulement. L’implication et l’œil de l’animalier pèsent aussi dans la balance. « Je suis très à cheval sur le rationnement et la surveillance des repas », explique-t-il. « Je passe dans chaque salle d’engraissement 10 minutes après les repas. Je veux alors qu’il n’y ait aucun reste.
Si tout n’est pas mangé, je revois les courbes d’alimentation pour coller au plus près des besoins alimentaires des porcs. » L’abreuvement est aussi suivi de près. « Pendant la nuit notamment, quand les animaux consomment moins, l’eau qui stagne dans les tuyaux prend la température des salles. Réchauffée, elle devient moins appétente. Alors, en PS et en maternité, je purge systématiquement la ligne principale de distribution et ensuite abreuvoir par abreuvoir pour que les animaux aient toujours accès à de l’eau fraîche. Ainsi, les quantités bues sont supérieures. »
Un outil fonctionnel pour l’avenir
Malgré les mois de crise qui s’enchaînent depuis qu’il a embrassé le métier et une étude prévisionnelle basée sur un prix d’équilibre d’1,25 € / kg, Éric Fraboulet n’a pas dévié de cap. « Je ne regarde pas le court terme. Je prépare un outil fonctionnel pour l’avenir. Petit à petit, j’ai continué à progresser (voir encadré) : ce sont mes résultats techniques qui ont permis de tenir financièrement et de conserver le soutien des banques au fil des investissements. Je ne suis pas descendu en dessous du seuil de rentabilité qui aurait mis mon projet entre parenthèses. Et tout ce qui était prévu au départ a été réalisé… » Avec ce nouveau bâtiment confortable pour les animaux et pour les opérateurs, le producteur va désormais se consacrer à relever les défis du quotidien « pour trouver le bon rythme de croisière et sortir du résultat ». Toma Dagorn