« Je maximise la production d’herbe à l’hectare »

planning-paturage-herbe - Illustration « Je maximise la production d’herbe à l’hectare »
Installés en Gaec familial à Ploubezre (22) sur des terres difficiles, Ludovic Rolland et son père Yannick cherchent l’autonomie fourragère en optimisant le pâturage. Les 50 vaches viennent de commencer à pâturer.

28 ha accessibles dont 12 ha de terres très humides, 11 ha assez humides et 5 ha plutôt secs. Les rotations sur les zones les plus humides n’étant pas possibles, le choix du système herbager a été évident depuis l’installation de Yannick Rolland. La stratégie est de tirer parti des terres accessibles et d’être le plus autonome possible. « Le lait par vache ne nous a jamais intéressés », expliquent les éleveurs. Ils cherchent avant tout à maximiser la production d’herbe à l’hectare et à acheter le moins possible d’aliments.

Les 50 vaches sont sorties le 15 mars sur les 5 ha les plus sains. « Je ne veux pas les sortir trop tôt, car j’aurais passé sur les terres sèches trop vite », explique Ludovic Rolland. Il faudra attendre le mois d’avril pour pouvoir accéder aux 11 ha assez humides. Les parcelles les plus humides seront fauchées en enrubannage pour les plus portantes ou en foin et réintégrées en juillet. 14 ha doivent permettre de nourrir les vaches jusqu’à juillet. En pleine pousse, l’herbe est « à la hauteur de la botte » quand les vaches entrent dans la parcelle. Et elles sortent quand l’herbe est bien rasée « à 3 cm d’herbomètre ». Les vaches sont habituées et ne meuglent pas : « Elles savent qu’elles doivent finir. » Cette méthode permet de maximiser la production à l’hectare, au détriment de la production par vache : l’herbe est moins riche à 25 cm qu’à 20 cm.

Du maïs ensilage rationné

Les vaches sont en pâturage plat unique entre fin-avril et fin septembre. L’année dernière, les éleveurs ont donné 2 kg de MS de maïs ensilage par vache pendant le pâturage comme un concentré énergétique. « C’était vraiment 2 kg, pas 5 kg de MS », insiste Ludovic Rolland. L’éleveur est bien conscient que s’il distribue plus, les vaches pâturent moins et il se fait dépasser par l’herbe.

Pour gérer le pâturage, Ludovic Rolland utilise un planning. « Je note tous les jours la parcelle pâturée par les vaches pendant le lavage de la salle de traite. » Cet outil indispensable en système herbager permet de voir rapidement si on accélère ou on ralentit le rythme de pâturage. S’inspirant des Irlandais et Néo-zélandais, Ludovic Rolland mesure ses parcelles à l’herbomètre toutes les semaines. Grâce à un calcul simple, il connaît le nombre de jours d’avance et la pousse moyenne. « Les jours d’avance, cela rassure, et la pousse permet de mieux gérer le pic de croissance.»

295 €/1 000 litres de prix d’équilibre

N’ayant jamais fait son quota, il a su résister aux pressions extérieures. « Personne ne croit à ce système. On nous dit de faire toujours plus de lait ». Les éleveurs ont livré 210 000 litres de lait (clôture août 2015), et ont dégagé 191 €/1 000 litres avec un prix du lait moyen de 323 €/1 000 litres. Ils ont de faibles annuités, ce qui augmente fortement la résilience du système. Contact : Cedapa au 02 96 74 75 50

Mesurer l’herbe pour anticiper la pousse

La saison d’herbe commence et les questions arrivent. Quand diminuer ou arrêter les stocks ? Pour sécuriser ses décisions, rien de tel que de mesurer ses paddocks à l’herbomètre. Toutes les semaines, Ludovic Rolland mesure tous les paddocks pâturés par les vaches avec un herbomètre (10 mesures/paddock). Chaque cm correspond à une quantité d’herbe : en avril, 1 cm sur une prairie RGA-TB c’est 210 kg de MS par ha. Grâce à un calcul simple, on estime les jours d’avance.

Chez l’éleveur, 50 vaches mangent 15 kg MS/jour, soit 750 kg MS. Pour fermer le silo, il faut 15 jours d’avance (et un temps poussant), soit 11 250 kg de MS d’herbe sur pied. L’éleveur mesure en moyenne sur ses paddocks 8 cm, soit 4 cm consommables par les vaches (en enlevant la hauteur de sortie). 4 x 210 kg MS/ha x 14 ha = 11 760 kg MS, soit plus de 15 jours d’avance. À ce stade, il peut donc fermer son silo.

En zone intermédiaire chez Mickaël Lucia à Remungol (56)

Le déprimage sera fini cette semaine. Avec le temps sec, les parcelles les plus humides portent, c’est le moment de les déprimer. Mais l’herbe repousse peu à cause du froid et les vaches dorment encore à l’étable. La ration actuelle est à 50 % pâturage et 50 % maïs ensilage. La part de maïs reste importante à cause du froid et car il y a beaucoup de fraîche vêlées, dont certaines ont 1 kg de mélange céréalier par jour. Les VL n’ont plus de correcteur azoté et la production n’a pas chuté. Elle est de 15 L/VL/j (TP : 32, TB : 44) car il y a 25 VL en fin de lactation qui sont en monotraite, pour faciliter le tarissement sans antibiotique.

En zone humide chez Alain Guillou à Guimiliau (29)

Le 1er tour de pâturage a commencé pour les 65 vaches laitières depuis le 1er mars, ce qui constitue depuis 10 jours la moitié de leur ration quotidienne. Celle-ci est complétée par de l’ensilage coupe fine (soit 8 kg MS/ VL). Je compte fermer le silo à la fin du mois. Les génisses de  1 et 2 ans sont aussi au pâturage depuis le 19 mars. Ce sont les vêlages groupés qui occupent le plus gros de notre temps. Sur les 40 prévus pour ce mois, au 21 mars, 25 veaux (dont 17 femelles) sont nés. On a commencé les adoptions par les vaches nourrices, à raison de 2 ou 3 veaux par vache.

En zone humide chez Samuel Duguépéroux à Gahard (35)

Le troupeau allaitement est géré en plusieurs lots. Les mères ont passé l’hiver dehors, elles remontent sur des parcelles plus saines pour démarrer la période de vêlage. Je sors un lot de vaches et veaux (vêlage d’hiver) autour des bâtiments avec encore un peu de foin et de mélange céréalier. Les terres froides freinent la pousse de l’herbe, obligeant à pâturer ras. Je rentrerai dans les jeunes prairies à un stade avancé (22 cm). Pour les prairies naturelles, c’est la densité de l’herbe qui guidera la conduite. Je veillerai à ne pas pâturer de l’herbe trop jeune souvent mal valorisée et qui a un effet laxatif sur le troupeau.


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