Ce qui pouvait sembler de la science-fiction il y a peu, est en train de devenir réalité. En production de légumes, les robots pourraient aider à faire face au manque de main-d’œuvre et à réduire la pénibilité du travail.
Pourquoi pas des robots en production légumière ? Ils sont encore peu répandus, mais les expérimentations se développent et l’intérêt est grandissant… Il faut souligner que la main-d’œuvre est un poste stratégique dans la gestion de l’exploitation agricole. Elle touche à la fois à l’économie et à l’organisation. Lorsqu’un associé ou un salarié s’en va, ceux qui restent se posent toujours la question du remplacement. La filière légumes est particulièrement concernée par la difficulté de trouver des salariés compétents et motivés. Ses besoins en personnel sont importants et peuvent différer selon la production et le taux de mécanisation. Dans le cas d’une exploitation très diversifiée, la problématique s’amplifie avec des pics de travail qui peuvent se chevaucher entre plusieurs cultures. Le phénomène peut s’accentuer quand les conditions climatiques se dégradent et repoussent les différentes récoltes. La gestion des effectifs devient alors complexe.
Récolter ou biner
Concrètement, les robots sont autonomes et fonctionnent généralement grâce à une batterie alimentée par l’énergie solaire. Ils circulent dans les rangées de plantations et peuvent aussi intervenir sur ou entre les plants. Certains sont utilisés pour récolter ou pour biner, par exemple. Dotés de nombreux capteurs et caméras, ils peuvent, en fonction de leur technologie, détecter les anomalies telles que la présence de mauvaises herbes ou de nuisibles et estimer la croissance des végétaux. L’agriculteur peut être relié en temps réel aux données analysées par le robot.
Simulation
Monsieur et Madame Martin ont un projet d’équipement de robot pour leurs cultures de légumes. Leur surface est de 30 ha. Leur objectif premier est d’améliorer les conditions de travail et d’alléger le travail de binage. Aujourd’hui cette activité de binage est réalisée par des salariés temporaires principalement en été. Ils souhaitent investir dans un robot qui permet de biner 3 000 m² par jour, pour pouvoir dégager l’activité des salariés sur d’autres travaux. L’investissement total est de 35 000 €, sur 12 ans à un taux de 3,5 %. L’augmentation des charges de structure intègre non seulement les charges financières et d’amortissements supplémentaires mais aussi le coût de la maintenance estimé à 1 000 € chaque année. L’annuité supplémentaire pendant 12 ans est de 3 625 €. La dégradation du résultat de gestion est de 3 475 € par an
Décision stratégique
Si techniquement le robot a des avantages certains, il ne faut pas négliger le coût qu’engendre un tel investissement. En fonction de leur équipement et de leurs capacités, les tarifs des robots peuvent aller de quelques milliers d’euros à quelques centaines de milliers d’euros. Les robots les plus simples, pour le binage par exemple, sont aussi les moins chers. S’ils sont plébiscités par les agriculteurs, ils sont aussi moins polyvalents.
Supprimer les taches contraignantes
L’investissement dans un robot est une véritable décision stratégique pour le devenir de l’exploitation. Bien qu’apportant son lot d’avantages, son coût pèse sur les charges. Cependant, cette dépense supplémentaire est à comparer à l’embauche d’un salarié. Comme en lait, l’objectif premier du producteur qui décide d’investir dans un robot est de supprimer les tâches récurrentes et contraignantes pour libérer du temps sur d’autres postes et éviter les pics d’activité. Les critères de choix d’un tel investissement ne se résument pas à de simples calculs économiques. C’est le système mis en place au sein de l’exploitation qui va se trouver modifié. Avant de franchir le pas, le projet doit donc être étudié sous tous les angles : économique, technique et organisationnel. Jean Christophe Seite/Cogedis