Les demandes de renseignements pour une conversion en bio affluent. En production laitière, mais aussi en grandes cultures. Trois fois plus de candidats qu’en année normale.
Comment gérer l’abondance de demandes de conversions en lait bio ? C’était l’objet du débat organisé après l’assemblée générale du groupement des agriculteurs biologiques (Gab) mardi dernier à Locminé. « Nous pouvons intégrer beaucoup de nouveaux producteurs sur un marché en forte croissance depuis 2010 », estime Patrick Guillerme, président de la fédération régionale, relativement optimiste. « Nous assistons à un changement structurel de comportement du consommateur. Une tendance de fond ».
Le prix du lait bio, payé au producteur, est alléchant pour des éleveurs conventionnels qui souffrent de la crise actuelle. « Il y a beaucoup de déclarations d’intention, mais certains n’iront pas au bout de la démarche de conversion », tempère-t-il. « Nos techniciens rencontrent tous les candidats mais conseillent à certains agriculteurs, trop éloignés du système de production en bio, de patienter, de progresser par étapes vers un système herbager ». Auront-ils la patience d’attendre et la volonté de remettre leur système en question ? « Le cahier des charges en refroidit plus d’un. Les troupeaux sont de plus en plus grands et souvent confinés à l’étable. La bio exige une période de pâturage… » Quoi qu’il en soit, le Gab a recruté un technicien pour faire face à la demande de conversions. « En 2014, en année normale, nous avons effectué 15 visites de conversion. En 2015, une quarantaine de visites et en 2016, nous en sommes déjà à 15 rencontres », précise Sébastien Baron, président du Gab 56. Les deux responsables insistent sur la nécessité de coordonner les actions entre laiteries (privés et coopératifs) pour accompagner le développement.
5 conversions en grandes cultures en 2016
En parallèle des demandes de conversion en lait, la filière bio enregistre également une augmentation des demandes en grandes cultures. « Il y a une vague en céréales, protéagineux et blé panifiable. Elle est complémentaire de celle de l’élevage, notamment pour la production de protéines. Nous devrons créer des structures pour gérer la production : stockage, tri… ». 5 conversions ont déjà été effectuées en 2016 et 13 agriculteurs sont en réflexion dans le Morbihan. Avec des tailles d’exploitations plus importantes que celles qui se sont converties ces dernières années.
La restauration collective en renfort
Si le consommateur achète de plus en plus de produits bio en magasin (+10 % par an), la filière mise sur le développement de la consommation dans la restauration collective. « En 2014, 80% des établissements scolaires français proposaient des produits bio, contre 4 % en 2006. 20 % des collectivités ont désormais une démarche bio journalière », indique Sophie Denis, animatrice restauration collective pour le Gab 56. La réglementation pourrait accentuer cette tendance : les collectivités auront l’obligation d’introduire au moins 40 % d’aliments durables dont 20 % d’aliments bio locaux dans leurs repas. L’objectif est-il raisonnable ? « Nous pouvons répondre à cette exigence. Nous avons une structure : Manger bio 56, pour accompagner la démarche ». Pour rassurer les élus sur le prix des repas, le Gab a développé un outil de simulation économique… De quoi aborder l’avenir avec sérénité… Bernard Laurent