Pour avoir des haies dans les campagnes bretonnes et ne pas les voir partir en fumée dans les parcelles, trouver un débouché est essentiel. Les élus et les collectivités doivent s’impliquer dans cette filière locale.
« La valorisation du bois de bocage est indispensable si on veut que les agriculteurs maintiennent des haies. Les élus, les collectivités doivent offrir des créneaux de vente aux agriculteurs pour ces ressources en bois locales », a expliqué Marcel Dubois, président de l’association Collectif bois bocage 35, chargée de développer et structurer la filière bois de bocage dans une dynamique de territoire.
Mercredi 2 mars, les élus de la Commission programme local de l’agriculture du Pays de Rennes, en partenariat avec le Collectif bois bocage 35 et le Plan bois énergie Bretagne, ont organisé une journée de visites sur le thème du bois bocage et du bois énergie.
[caption id= »attachment_14569″ align= »aligncenter » width= »300″] La déchiqueteuse peut passer des morceaux de bois ayant jusqu’à 60 cm de diamètre.[/caption]
Des économies avec la chaudière bois
« Un projet de chaufferie pour une collectivité met au moins deux ans à se mettre en place. L’association Aile peut accompagner les porteurs de projets », indique Marc Le Tréïs, animateur du Plan bois énergie Bretagne. Les participants à la journée ont pu visiter la chaufferie bois de l’Ehpad de Parigné, d’une capacité de 67 places et une surface chauffée de plus de 3 000 m2, approvisionnée par la plate-forme du Collectif bois bocage 35 de Saint-Sauveur-des-Landes. « Lors de l’extension de l’Ehpad, le Centre communal d’action sociale de la commune s’est tourné vers une chaudière à bois déchiqueté pour des raisons économiques et environnementales. » Auparavant, l’institut était chauffé au gaz propane. Aujourd’hui, la chaudière bois de 300 kW, qui produit l’eau chaude sanitaire et alimente les circuits de chauffage, est couplée à une chaudière gaz propane, pour l’appoint et la sécurité. « Près de 90 % de l’énergie consommée est produite par le bois. Malgré un prix du propane plus bas et un prix du bois déchiqueté plus haut, cette solution est plus économique que le 100 % propane : 95 € contre 130 €/MWh. »
Gain de temps avec le déchiquetage
Pour chauffer sa maison d’habitation, Nicolas Michaud, agriculteur à Saint-Germain-en-coglès, utilisait du bois bûche. « Mais cela me prenait beaucoup de temps. J’ai investi dans une chaudière à bois déchiqueté. On aligne le bois et le broyeur passe. En une à deux heures, je produis mes plaquettes pour l’année », apprécie le producteur, également responsable de l’Inter-Cuma L’Entente, qui gère l’activité de la déchiqueteuse. Elle travaille des diamètres jusqu’à 60 cm, avec des débits de chantiers allant de 20 à 80 m3/h. « Le coût est de 215 € HT par heure rotor pour les adhérents, et de 250 € pour les non-adhérents. Un prix qui inclut le chauffeur, le fioul et le tracteur. »
Pour rentabiliser cet outil qui coûte environ 180 000 €, il faut au minimum 250 à 300 h/an. Éleveur laitier en Gaec à Mellé, Marcel Dubois a installé une chaudière à bois déchiqueté en 2002, qui chauffe la maison d’habitation et l’eau chaude sanitaire utilisée dans l’élevage et l’atelier de transformation (fromages). « Un m3 de plaquettes sèches équivaut à 80 L de fioul. Pour le produire, il ne faut que 1 à 2 L de gasoil », chiffre l’agriculteur. « Depuis notre installation, nous nous intéressons à la replantation de haies contre l’érosion notamment. Nous en avons 6 km sur l’exploitation. »
D’autres usages pour le bois bocage
Le bois bocage peut également avoir d’autres débouchés, en paillage de haies, ou sous-couche d’aire paillée par exemple… Une partie des arbres peut être réservée au bois d’œuvre. « Nous travaillons sur un débouché local en bois bûche avec la Communauté de communes du Val d’Ille », précise Jérôme Oger, animateur du Collectif bois bocage 35. Agnès Cussonneau