Avec neuf lots d’animaux, la conduite du pâturage n’a rien à voir avec celle d’un élevage laitier. Installés à Gahard (35) sur des terres à petit potentiel, Samuel et Mathilde Duguépéroux visent l’autonomie en pâturage tournant extensif.
Trois lots sont au pâturage plat unique à La Mazure, où est le lieu d’habitation. 30 ha y ont été achetés en 2014 pour être 100 % autonomes. 5 lots sont au pâturage et foin sur le site de La Pichardais où sont situés les bâtiments d’exploitation.
« Avec 5 t MS d’herbe/ha, le contrat est rempli »
Le pâturage se conduit sur des parcelles de 2 à 15 jours, au fil avant. « Nous avions 60 animaux dehors cet hiver, les parcelles ont été un peu abîmées. » L’herbe tarde à pousser. Ici, même en pleine pousse, le temps de retour sur paddock est toujours d’environ 5 semaines. Les éleveurs sont peu exigeants sur le rendement des prairies. « Avec le surpâturage imposé et le petit potentiel de nos sols, on est moins exigeant sur le rendement. »
Les prairies de pâture sont implantées en RGA (5 kg/ha), fétuque élevée (4 kg/ha) et des prés (4 kg/ha), fléole (4 kg/ha), pâturin (3 kg/ha), RGI (2 kg/ha), trèfle blanc (4 kg/ha) et lotier (6 kg/ha). Les prairies de fauche sont en luzerne (20 kg/ha), dactyle (6 kg/ha) ou lotier/luzerne/fléole/fétuque élevée à raison de 7,5 kg/ha par espèce et 3 kg de trèfle blanc. « Le stock de flore prairiale naturelle présent dans le sol fait que nous n’avons jamais de trous. »
Installés depuis 2007 sur la ferme, Mathilde et Samuel Duguépéroux ne souhaitent pas réinvestir dans des bâtiments. Ils comptent sur le pâturage hivernal pour tamponner le manque de place en bâtiment. « Cet hiver, il y avait 210 animaux sur la ferme. C’est trop », confie l’éleveur, « en misant sur 170 animaux pour l’hiver prochain, cela devrait mieux se passer. »
Toutes les suites sont élevées et vendues, en direct ou en filière longue, en gras ou maigre, en jeune ou en bœuf de 3 ans en fonction des opportunités. Le potentiel génétique des Blondes d’Aquitaine et des Angus permet aussi de valoriser des animaux comme reproducteurs.
Autonomes sur l’engraissement
Les génisses à l’engraissement ont à volonté des foins de prairie permanente appétent (avec de la flouve odorante) et de luzerne. 7 kg de mélange céréalier (triticale, avoine, pois, féverole) autoproduit sont distribués. « Elles avaient 2 kg de tourteau de colza autoproduit mais il n’en reste plus », précise l’agriculteur. « Je mettais 0,5 L d’huile de colza pour apporter de l’énergie et des vitamines E. Elles avaient un très beau poil mais valorisaient mal la ration. Cette année, seules les vaches taries auront 0,2 kg d’huile pour l’effet minéraux et vitamines. »
60 ha sont cultivables sur la ferme. La rotation se base sur des prairies (5-6 ans), suivies de deux mélanges céréaliers, d’un colza et d’un mélange céréalier. « Ici on ne laboure pas. Le premier mélange céréalier est concurrencé par la prairie cassée. Il arrive, qu’après la moisson, on mette un lot dedans pour nettoyer les repousses. » Des faux semis sont réalisés avant le second mélange. Le colza est semé sous couvert de sarrasin et trèfle incarnat, qui gèlent et laissent la place au colza au printemps.
Contact Adage : 02 99 77 09 56.
Confort et sérénité avec de bonnes clôtures
Depuis l’installation, 2 500 piquets de châtaignier ont été posés. Triple fil barbelé pour les bordures d’îlots et les parcelles proches des routes. En 2014 avec l’achat de 30 ha, Samuel Duguépéroux a investi dans une clôture électrique « qui cogne dur. » L’important, c’est de regarder la puissance en joule. Cette clôture compense les pertes, s’il y a 5 joules de perte, elle en envoie 10. Comme cela, il y a toujours 5 joules dans le fils. Pour les fils, il a opté pour 2,5 mm inox avec ressorts à 30 kg de tension. Le réseau est conçu avec beaucoup de sectionneurs de courant dans les îlots. L’éleveur s’est équipé d’une télécommande. Elle détecte l’intensité du courant dans les embranchements. « Cela m’aide à trouver les pertes. » Elle permet aussi de couper le poste de clôture à distance. La clôture a coûté 500 € et la télécommande 250 €.
L’entretien est fait à la débroussailleuse et au coupe-branche. « À terme, il faudra penser à autre solution pour l’entretien mais pour l’instant cela me convient. »
En zone intermédiaire chez Mickaël Lucia à Remungol (56)
Le déprimage s’est fini au 10 avril, plus tard que prévu, mais s’est fait dans de bonnes conditions. On démarre le 2e tour avec des parcelles propres. L’herbe pousse lentement et je n’ai que 5 jours d’avance au pâturage donc le silo ne sera fermé que cette semaine. Le risque de manquer d’herbe est faible au printemps mais j’ai préféré attendre 1 semaine. Le lot en monotraite (30 VL) n’a que du pâturage, celui en double traite (45 VL) a encore 3 kg MS/j de maïs et du pâturage. Elles ont de la magnésie au pâturage pour éviter la tétanie. La production est de 20L/VL/j (TP : 34,5, TB : 43,2) en moyenne avec 12 L/VL en monotraite et 25 L/VL en double traite.
Contact Civam AD 56 : 07 85 26 03 02.
En zone humide chez Alain Guillou à Guimiliau (29)
Le silo est fermé depuis le 31 mars. Les 57 vaches en lactation (ou proches du vêlage) ont terminé le 1er tour de pâturage le 18 avril et reçoivent également 1 kg de foin/jour. Les 22 vaches taries et génisses de 2 ans, les 24 génisses d’un an, les 8 vaches nourrices et leurs 17 veaux ont de l’herbe pâturée en plat unique. 5 vaches rentrent matin et soir nourrir 14 jeunes veaux à l’étable, dont 6 femelles à mettre à l’herbe cette semaine. La production de lait (en monotraite) est actuellement de 12 L /vache traite (TB : 50 et TP : 36). Depuis début mars, 53 vêlages ont eu lieu. On a désormais suffisamment de femelles pour le renouvellement.
Contact Civam 29 : 02 98 81 43 94.
En zone humide chez Ludovic Rolland à Ploubezre (22)
Les vaches sortent depuis le 15 mars (coucher dehors depuis le 4 avril). Elles ont 4 kg MS de maïs et 1 kg d’enrubannage sans concentré en plus du pâturage. La production par vache est de 15 L (TB : 31, TP : 40). Les taux ne sont pas élevés, car j’ai beaucoup de jeunes vaches en 1re ou 2e lactation. La pousse de l’herbe est de 36 kg MS/ha/jour (mesure herbomètre) : les résultats sont inférieurs par rapport à l’année dernière.
Je devrais finir mon premier tour d’herbe sur les 12,8 ha d’ici la semaine prochaine. Pour préserver les parcelles, il m’arrive de mettre un fil arrière pour finir la parcelle. Je change les vaches plus vite de place pour éviter de trop abîmer.
Contact Cedapa : 02 96 74 75 50.