Pour une levée optimale, les semis de maïs doivent se faire dans un sol réchauffé. Le point sur les mesures de températures en Bretagne.
L’allongement de la durée d’ensoleillement conjugué avec des températures extérieures réchauffe tranquillement mais sûrement les sols. Avec une forte inertie, la terre capte petit à petit la chaleur environnante. La réussite de l’implantation des maïs passe par de nombreux facteurs, comme la date de semis, les conditions de ressuyage, le secteur géographique… Pour mettre toutes les chances de son côté, le seuil de 12 °C dans le sol est souvent évoqué. « La plantule va végéter, et sera beaucoup plus sensible aux attaques de parasites si un réchauffement suffisant n’est pas atteint », rappelle Yves Hardy, conseiller en agronomie.
Exposition, travail du sol et précipitations
Les mesures de température d’un sol vont être modifiées par de nombreux paramètres tels que l’exposition, le niveau de précipitations ou encore le travail du sol. Dans un essai sur parcelle de maïs grain, à Landeleau (29), Jean-Philippe Turlin, conseiller à la Chambre d’agriculture, a mesuré des différences nettes entre une conduite avec labour et un maïs semé en direct : dans le protocole avec travail du sol, la terre se réchauffe plus rapidement, mais les températures à 10 cm de profondeur descendent aussi plus fortement la nuit. Le champ semé en direct sera moins sensible à ces fluctuations.
La prise de température, très simple, peut être faite par tout le monde. On trouve dans le commerce des appareils de mesure à faible coût. Parfois, la mesure de la température du sol livre des résultats surprenants : des champs gorgés d’eau en sortie d’hiver peuvent en effet présenter des valeurs autour de 10 °C dans certaines régions. Le thermomètre sert le reste de l’année, comme pour la destruction des couverts végétaux possible au delà de 6°C. Je me base sur une valeur d’au moins 5°C dans le sol, seuil à partir duquel la minéralisation permise par les bactéries et microbes se met en marche pour démarrer la nitrification. Yves Hardy, Conseiller en agronomie
Un indicateur parmi d’autres
La température du sol est l’un des indicateurs utilisables pour décider de la mise en route d’un chantier d’implantation. Il est admis qu’à partir d’une température de 10°C les conditions deviennent favorables pour la germination puis la croissance du maïs. Il faut cependant être prudent car la température du sol est une variable qui fluctue au cours de la journée. La mesure peut être influencée par la profondeur, la couleur du sol, son état de porosité, la présence d’un couvert… D’après des suivis réalisés par Arvalis, une mesure sur sol nu à 5 cm de profondeur et une prise de température entre 9 et 10 h du matin, ou autour de 20 h, est assez représentative de la valeur moyenne journalière. Dans un sol « ouvert » par un outil de travail du sol, l’influence de l’air ambiant est forte : la température de l’air correspond quasiment à celle du sol nu à 5 cm.
Un impératif : travailler un sol bien ressuyé
La prise en compte de la température du sol ne doit surtout pas être le seul critère pour décider de la date de semis. Les conditions d’implantation sont au moins aussi importantes que la date, notamment pour les semis d’avril. Quelle que soit la date de semis, il est indispensable d’attendre un bon ressuyage de la parcelle avant d’intervenir pour éviter lissage et tassements préjudiciables à l’enracinement. Il faut aussi noter qu’un sol ressuyé se réchauffera mieux.
Par ailleurs, on évitera les préparations de sol trop fines, notamment en sols sensibles à la battance. Cette règle est encore plus importante pour les semis précoces, plus exposés pendant la phase sensible entre le semis et la levée.