L’intégrité serait-elle une valeur désuète ? La révélation quotidienne de scandales et d’escobarderies laisserait à penser que probité et vertu appartiennent au monde du passé. L’agriculture n’est pas exempte d’exemples.
Des fermettes fictives sentant bon le terroir.
Il est vrai que certains « par l’odeur alléchés » n’ont peur de rien. Comme cette chaîne de supermarchés britanniques qui, pour profiter de la bonne image des petits paysans pratiquant la vente directe, n’a pas hésité à inventer des fermettes pour y adosser des marques sentant bon le terroir. Et allons-y pour dessiner un petit logo vert pour promouvoir des légumes locaux qui viennent de n’importe où dans le monde ; ou de préférence de là où le prix permet le meilleur profit. Inventive, la multinationale a ainsi multiplié les origines fictives. La National Farmers Union, principal syndicat de l’agriculture britannique, a apprécié… « La multinationale a compris que les clients avaient une opinion positive des agriculteurs. Mais nous voulons que l’image soit utilisée avec intégrité », a déclaré son président avec cette élégance si british.
Les sociétés privées ne sont pas les seules à avoir une idée assez vague de l’intégrité. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui fait office de grand sage pour évaluer les risques associés à la chaîne alimentaire depuis la crise de la vache folle, perd progressivement sa crédibilité. En cause, un manque « d’indépendance envers les intérêts commerciaux », comme le formulent sobrement plusieurs ONG qui ont interpellé le commissaire européen à la santé sur ces dérives. C’est dans ce contexte de suspicion que le vote d’experts de la commission européenne visant à renouveler l’autorisation du glyphosate pour 15 ans en Europe a été reporté. Illustration que la concussion se paye parfois avec intérêts.
