Comment réussir en produisant beaucoup de lait par vache ?

td_mamelle - Illustration Comment réussir en produisant beaucoup de lait par vache ?

Dans une étude menée par la Chambre d’Agriculture de Bretagne et les Cerfrance bretons sur les facteurs de réussite dans les élevages laitiers ayant des niveaux élevés de lait produit par vache, il apparaît que produire beaucoup de lait par vache n’est pas en soi une garantie de revenu.

Entre 2011 et 2013, sur 3 000 exploitations bretonnes étudiées spécialisées en lait, seules 397 ont maintenu un niveau de lait vendu par vache supérieur à 8 000 litres tous les ans. Parmi elles, 61 sont restées chaque année dans le quart supérieur d’un point de vue économique. Une série d’enquêtes chez 28 de ces 61 producteurs a permis de rechercher, dans les pratiques d’élevage, les clefs de leur réussite.

Un bon niveau génétique, mais pas que…

Leur niveau élevé de production laitière s’explique par la génétique, mais aussi par la conduite de l’élevage. 17 des exploitations enquêtées ont un index lait supérieur à la moyenne des éleveurs bretons. En matière de choix de taureaux pour les accouplements, la majorité des éleveurs reste vigilante sur les index lait, le taux et la qualité de la mamelle, même s’ils se préoccupent aussi des index fonctionnels (aplombs…). Mais leur point fort, c’est la conduite de l’élevage exprimée par un « effet troupeau »  nettement supérieur à la moyenne. La maîtrise technique a donc un rôle important dans l’expression du potentiel génétique de production par vache.

Les élevages étudiés affichent des coûts alimentaires inférieurs de 10 euros/1000 litres à la moyenne, pour 1 400 litres de plus par vache, soit 82 euros/1 000 litres. Leur secret ? De la rigueur dans la mise en œuvre de fondamentaux techniques : recherche de la qualité dans les fourrages et leur mise à disposition à volonté (des refus consommables sont retirés de l’auge), des apports de correcteurs azotés autour de 100 PDIE/UFL, des quantités limitées de concentré de production, souvent autoproduits et une part d’herbe un peu plus importante que dans les élevages ayant ces niveaux élevés de production par vache. Même si peu de ces exploitations ferment le silo de maïs, le pâturage est mené de façon à préserver la qualité de l’herbe offerte en optimisant le rendement : calendriers de pâturage, fonctionnement en paddocks, avec ou sans fil avant.

Ce qui semble réunir les élevages, c’est une approche animalière forte et beaucoup de rigueur dans la mise en œuvre technique. Ce qui se traduit également par une maîtrise de la santé et de la reproduction de ces troupeaux. On retrouve cette rigueur dans l’élevage des génisses : en moyenne 27 mois au vêlage.

L’importance du facteur humain

Face à la charge de travail, les situations sont diverses. Toutefois, les temps déclarés correspondent en moyenne aux temps observés dans des fermes réputées efficaces sur ce critère, suivies dans le cadre des réseaux d’élevage.
Lors de la journée de restitution des résultats aux éleveurs enquêtés, tous ont mis l’accent sur l’attention particulière accordée aux animaux : « Il faut avoir l’œil sur le troupeau, anticiper au maximum pour ne pas voir le vétérinaire trop souvent ». Quant à l’organisation du travail : « Les animaux sont la priorité, il faut savoir déléguer certains travaux ». Se retrouve également chez tous le souci de s’améliorer : « Il faut s’intéresser, continuer à se former, être à l’écoute ». Si l’alimentation et des choix d’investissement raisonnés sont au cœur de la réussite de ces exploitations, il semble aussi que leur motivation, toujours intacte pour le métier, soit déterminante.

Des choix d’investissements raisonnés

En termes d’investissement, la démarche des éleveurs enquêtés se caractérise d’une part par une préférence à la rénovation de l’existant plutôt que l’investissement dans du neuf, d’autre part par des choix de matériel simple, comme des desileuses et des Dac pour la distribution des fourrages. De plus dans ces exploitations, les bâtiments sont déjà amortis. Un seul bâtiment a été construit depuis moins de sept ans. Pour autant, une majorité de bâtiments dispose de logettes. En ce qui concerne la mécanisation, le nombre de tracteurs utilisé dans l’élevage n’excède pas l’objectif de 2 CV amortissables/ha.

Roger Hérisset/Chambre d’Agriculture de Bretagne et Pascale Van Belleghem/Cerfrance Finistère


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