Prix, contractualisation et consommation… Ces trois notions représentent un défi pour la filière ovine quant à l’avenir de la production sur l’Hexagone.
« La filière ovine est déjà une niche. Le luxe se construit par des niches. Il ne faut pas faire de la filière ovine une grande niche, mais une multitude de petites niches. Avec une diversité de clients, on peut faire des choses extraordinaires », s’est exclamé Rodolphe Lepoureau, P.-D.G. de Sovileg, lors de la table ronde organisée par la Fédération nationale ovine après son assemblée générale, le 22 avril à Saint-Malo (35). Guy Émeriau, responsable du rayon boucherie chez Système U région Ouest, a de son côté bien spécifié l’importance de garder une production par terroir : « En parallèle du produit, il faudra le service et le contact avec le client ». Face au poids de la distribution, qualité et segmentation du produit feront donc la différence.
Le produit doit raconter une histoire
« En circuits courts, secteur de distribution qui se développe depuis 2012, le consommateur a une totale confiance dans le producteur. Au niveau des GMS, il se rassure auprès des labels », explique Olivier Mével, consultant sur les stratégies des filières alimentaires. « La fourchette va dicter l’évolution du monde agricole.» Le problème, pour ce spécialiste des GMS, reste que 90 % des achats alimentaires sont réalisés en grande surface. Et pour la GMS en ce qui concerne la viande, « le souci du détail en rayon n’existe pas.»
Or, mais on présente au consommateur un produit silencieux qui ne raconte pas d’histoire. On doit apporter au consommateur ce qu’il attend : du conseil et de la précision sur ses achats. Un point d’autant plus important pour un produit « racé » avec des avis de consommateurs très arrêtés sur son goût prononcé et ses difficultés de cuisson. Voilà pourquoi les ventes explosent les jours où les agriculteurs viennent faire la promotion de leurs produits en bout de rayon, rapporte Vincent Blanchard, éleveur ovin en Vendée. Avant d’insister : « Mais la dégustation ne fonctionne que si le produit est bon, on n’a pas le droit à l’erreur ».
La contractualisation, un outil supplémentaire
Parmi les pistes pour sécuriser les prix à la production, la qualité est un des points majeurs. « La contractualisation est une autre piste à continuer de creuser », mentionne Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine.