L’agriculture semble découvrir la volatilité des prix. Elle règne pourtant en maître depuis que l’homme est passé du statut de cueilleur à celui de paysan. Dans les temps très anciens, une mauvaise récolte et voilà les prix qui flambaient. N’était-ce pas une forme de volatilité ? Le premier outil de régulation fut le grenier – parfois une simple jarre en terre cuite d’ailleurs – qui permettait de conserver les graines, de lisser la consommation et donc les prix. Il s’agissait là d’une forme de politique agricole primitive.
Les conséquences néfastes de la volatilité des prix intéressent les économistes depuis au moins 250 ans. Un des premiers économistes modernes à s’en préoccuper fut l’abbé Galiani. En 1770, dans son ouvrage « Dialogues sur le commerce des blés », il critiquait déjà la libéralisation du commerce des grains sous le règne de Louis XVI. Au motif que cette politique libérale était incapable d’éviter la famine. Le roi a payé le prix fort en y laissant sa tête.
Dans les années 30, l’administration Roosevelt se protège de la volatilité en initiant des politiques alimentaires qui protègent les prix agricoles de ce mouvement erratique, imprévisible et aux conséquences désastreuses. En 1962, l’Europe en fait de même avec la Pac. Ces politiques publiques sont en général efficaces pour stabiliser les prix à la production et à la consommation. Mais on leur reproche de coûter cher et d’élever inutilement les prix alimentaires. Le contraire est-il vérifié ? Pas sûr. L’ouverture des marchés européens à partir de 1992 ne semble pas avoir pesé favorablement sur le prix de la plaquette de beurre ou la côte de porc en magasin. Elle a en revanche un effet évident sur les prix à la production et indirectement sur l’emploi. Ce qui finit par coûter cher.