Installés en dindes repro, Chantal Fouré et Christophe Beurel veulent embaucher et surtout trouver un nouvel associé. Si l’élevage est performant, personne n’a encore frappé à la porte.
À la Marronnière à Plessala (22), un premier associé, Pascal Fouré, est parti à la retraite en 2013. « Nous aurions aimé trouver quelqu’un pour reprendre les parts et entrer dans le Gaec avec nous », expliquent Chantal Fouré, 60 ans et Christophe Beurel, 46 ans. « Tout est arrivé vite. » Un peu pris de court, ils se sont résolus à embaucher un salarié à temps plein. Ils ont rapidement trouvé un bon profil avec Jean-Marc Héry, intégré début 2014.
« Il vient du milieu : ses parents avaient aussi un élevage d’œufs à couver et il a travaillé des années dans une équipe d’insémination pour un couvoir. Il avait déjà des repères, les bons réflexes et conscience de l’exigence sanitaire réclamée par notre production. » Mais le dossier ressources humaines est loin d’être refermé. « Avec 4 000 m2 de bâtiment pour 8 500 dindes repro et 500 dindons, nous avons un élevage pour faire vivre 3,5 UTH. »
Un salarié dès cet été, un associé dès que possible
L’équipe est d’ailleurs à la recherche d’un salarié à embaucher dès la mi-juillet. « Un CDD de 3 mois, renouvelable. Le temps de former la personne, de voir si cela fonctionne humainement. Avec, pourquoi pas, derrière, de réelles perspectives. » Car la véritable problématique du Gaec est de trouver un candidat pour prendre la place de Chantal dont le départ est programmé pour juin 2017.
« On pourrait employer à nouveau. Mais en termes d’implication et de partage des responsabilités, un salarié n’est jamais l’équivalent d’un associé », explique Christophe.
Le profil idéal ? « Une personne autonome, qui a la fibre de la volaille. » Avec un côté « manuel » car il y a parfois de la maintenance à effectuer sur les pondoirs automatiques. « Quelqu’un qui a déjà eu une expérience professionnelle, posé au niveau de sa vie familiale car il est important que le conjoint comprenne les exigences du métier. »
Repos un week-end sur deux
Inscrits au Répertoire départemental des installations (RDI) depuis bientôt un an, « nous n’avons encore jamais eu contact avec un candidat », regrettent les aviculteurs. Une situation « étonnante » alors que l’atelier a des atouts. « La taille de notre structure fait notre force. » Dans une filière où la ponte procure du travail tous les jours, « seuls les ateliers avec plusieurs UTH pourront attirer les jeunes », estime Christophe. « À quatre sur l’exploitation, nous pouvons assurer les week-ends par binôme. » Autre point fort : « Avec l’automatisation du ramassage des œufs, la prestation de services pour le lavage pendant les vides, il y a eu une nette amélioration des conditions de travail », note Chantal. Sans oublier que 2 500 h de main-d’œuvre par an sont déléguées à l’équipe d’insémination du couvoir. Une tâche fastidieuse qui se déroule la nuit.
Être agréés QS pour exporter vers l’Allemagne est une reconnaissance de notre travail mais aussi une certaine garantie pour l’avenir.
Dans cette filière, le quotidien est rythmé par les soins aux animaux (alimentation, abreuvement, nettoyage, entretien de la litière). « Ainsi que beaucoup d’observation pour repérer les dindes à isoler en découvaison. » Ensuite, viennent le triage quotidien et le conditionnement des œufs. « Un travail plutôt agréable, pas très fatiguant, en équipe », explique Jean-Marc Héry. « Bien au sec dans le centre de conditionnement, la radio branchée, avec vue sur un décor extérieur magnifique. » Car le cadre de la Marronnière est frappant : pelouses tondues, allées fleuries, abords des bâtiments bitumés… « À la fois par goût de travailler dans un environnement beau et propre et par souci sanitaire, nous mettons l’accent sur l’aménagement de l’exploitation. »
Mieux, le Gaec est une ferme « vitrine », presque un étendard, pour son partenaire, le couvoir Le Hélloco qui ne compte que deux élevages (l’autre est en Mayenne) agréés QS par les Allemands. « Nous venons d’être audités et d’obtenir à nouveau l’agrément pour deux ans. Répondre à toutes ces exigences pour pouvoir exporter des œufs vers l’Allemagne est autant une reconnaissance de la qualité de notre travail qu’une certaine garantie de débouchés pour l’avenir », détaille Christophe Beurel. L’avenir à partager d’un « outil de travail payé » sur 35 ha de foncier « dont les parts peuvent être reprises progressivement ». L’avenir « d’un site qui tourne » et dégage 230 000 euros de chiffre d’affaires annuel d’œufs à couver « quand tout va bien ». Les portes de la Marronnière sont ouvertes pour susciter des vocations.
Au Répertoire départ – installation (RDI), les demandes concernant l’intégration d’un nouvel associé augmentent. Mais ce n’est pas encore très significatif. Le candidat est généralement trouvé à proximité, par le bouche-à-oreille, via le service de remplacement ou le salariat… En 2015, 61 % des installations aidées ont concerné des salariés agricoles qui devenaient chef d’exploitation.
D’autre part, la majorité des porteurs de projets qui nous contactent veulent se lancer en individuel. C’est souvent non négociable, même si nous essayons de sensibiliser à l’opportunité d’entrer dans une société. Enfin, dans de nombreux Gaec familiaux, les parents partant à la retraite sont remplacés par des salariés… Développer les outils financiers, fiscaux, d’accompagnement fait partie du travail mené par la profession et ses partenaires dans le cadre du Réseau transmission pour favoriser la transmission de ces « grosses » exploitations, notamment pour des profils hors-cadre. Marie-Isabelle Le Bars, Chargée de mission Odasea à la Crab