Pleine pousse de l’herbe

paturage-herbe - Illustration Pleine pousse de l’herbe
Après avoir fait pâturer toutes ses parcelles, Alain Guillou surveille la pousse de l’herbe. Il va bientôt intervenir sur les paddocks les plus épiés en les fauchant quotidiennement avant l’entrée des vaches.

Le printemps est désormais bien installé à Guimiliau dans le Finistère. Les 51 vaches en lactation de la SCEA de Kerforn rejoignent paisiblement leur pâture après la traite, pâture couverte de pissenlits en fin de floraison : « Au printemps, mes terrains sont envahis de pissenlits. Les vaches en raffolent, mes voisins un peu moins », sourit Alain Guillou. L’ensemble du système de production est en herbe, sur 56 ha dont 50 ha de pâtures sont accessibles aux vaches par des chemins empierrés.

L’éleveur a fait le choix de laisser vieillir ses prairies : « On peut considérer que la flore s’est dégradée au regard du semis d’origine. Mais l’alternance pâturage / fauche a permis l’installation d’une flore plus adaptée aux caractéristiques pédo-climatiques de ma ferme : fétuque, dactyle, fléole, diverses légumineuses. » L’éleveur souligne que le rendement de ses prairies est de 6,5 à 7 t de matière sèche valorisée par hectare. Les animaux sont au pâturage exclusif depuis le 1er avril jusqu’à la fin octobre et sont à l’étable du 15 décembre au 15 février. Le pâturage couvre les 2/3 de la ration annuelle. Les stocks (1,6 t MS / UGB) sont réalisés en coupe fine pour moitié, le reste en foin et enrubanné.

Toutes les parcelles ont déjà été pâturées

Les vaches laitières partagent avec les génisses, les taries et les vaches nourrices les 54 paddocks d’environ 1 ha. « Elles sont aujourd’hui sur des repousses de 6 semaines. Le rythme va tendre à s’accélérer un peu (autour de 4 semaines) ». Sur les parcelles les plus épiées, l’agriculteur réalisera à partir du 10 juin une fauche journalière avant l’entrée des vaches pour éviter le surpâturage et permettre d’écrêter les refus. 4 ha ont été enrubannés au 10 mai et une quinzaine d’hectares seront ensilés début juin. Le foin se fera au fur et à mesure sur l’été. Toutes ces parcelles ont déjà été pâturées ce printemps. Les paddocks sont utilisés avec un fil avant, et, pour les plus grands, un fil arrière en pleine pousse. En ce moment, les vaches produisent 16 L/ VL à 49 g/kg de TB et 35 g/kg de TP.

Le maximum de matière utile par kilogramme de poids vif

Les voyages en Irlande, en Angleterre, en Nouvelle Zélande, les visites reçues sur sa ferme et la participation au groupe d’échanges bio herbager de la Chambre d’agriculture du Finistère ont beaucoup nourri les réflexions d’Alain Guillou sur son système de production : « Dès 2011, on a commencé à métisser les vaches pour améliorer la fertilité, les pattes et adapter le format des animaux au système pâturant. Aujourd’hui il reste une petite dizaine de Holstein. Les croisements se font en Jersey danois puis Jersey néo-zélandais (NZ), Rouge norvégien ou petit Holstein NZ et Jersey de nouveau. Le but est d’obtenir un maximum de matière utile par kilogramme de poids vif, le tout sans concentré. Et surtout des « vaches sans soucis » ».

La monotraite, au départ pratiquée au printemps pour éviter l’amaigrissement des vaches, s’est ensuite imposée toute l’année, réduisant certes la quantité produite par vache (objectif 3 400 à 3 500 L / VL/an), mais garantissant un meilleur état des vaches, des taux plus élevés et une meilleure qualité de vie pour l’éleveur. Civam 29 : 02 98 81 43 94

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Du croisement pour plus de rusticité

Le croisement de races est peu pratiqué pour les vaches laitières. Il est pourtant la règle en production porcine ou en volaille. La bonne adaptation de la vache Holstein à la demande des éleveurs et le choix des organismes de sélection de privilégier la sélection intra-races n’incitent pas à réfléchir et agir sur cet aspect. Toutefois, les vaches croisées combinent pourtant pas mal d’atouts. L’argument principal qui justifie le croisement est le bénéfice apporté par la descendance par l’effet d’hétérosis, phénomène par lequel les performances d’un individu sont supérieures à la moyenne des performances de ces parents pour un caractère donné. Les études sont unanimes sur les résultats : les croisements améliorent nettement les caractères de rusticité : fertilité, santé et longévité. Il est aussi admis que le croisement 3 voies optimise l’effet d’hétérosis.

En zone intermédiaire chez Mickaël Lucia à Remungol (56) 

Le temps sec et froid ralentit la pousse. Mais le pâturage est facile à gérer car on n’est pas débordé par l’herbe. Je n’ai rien fauché et j’ai 10 jours d’avance au pâturage. Je ferai une 1re coupe d’enrubanné d’ici une semaine. Les paddocks sont bien rasés par le passage des doubles traites puis des monotraites : pas de fauche de refus. Les 83 VL sont en pâturage plat unique, sauf les fraîches vêlées qui ont 1,5 kg/j de mélange céréalier pour préparer l’importante période d’insémination artificielle à venir. « C’est la meilleure période de l’année : tout le monde est dehors. » La production moyenne est de 21 L/VL/j (TP = 34,7, TB = 41,9) avec 11,5 L/VL en monotraite et 25 L/VL en double. Civam AD 56 : 07 85 26 03 02

En zone humide chez Ludovic Rolland à Ploubezre (22)

L’herbe pousse bien, 110 kg MS/ha /jour (mesure herbomètre) et elle est de meilleure qualité. On a entamé le 2e tour d’herbe sur 14 ha. Les vaches sont actuellement sur une pâture neuve, semée en novembre dernier, après maïs. L’herbe est à 19,5 cm de hauteur. On donne 2 kg MS de maïs aux vaches tout au long de la saison d’herbe, jusqu’à fin septembre – début octobre, mais aucun concentré. La production par vache est de 20 L. On a fauché 10,5 ha en enrubannage sur la première quinzaine de mai. 2 ha vont revenir dans le cycle de pâturage. Trois fauches sont prévues sur les 8,5 ha qui restent. On a semé un peu moins de maïs que prévu (7 ha) car on a suffisamment de stock. Cedapa : 02 96 74 75 50

En zone humide chez Samuel Duguépéroux à Gahard (35)

Nous avons 10 lots au pâturage qui tournent sur 75 ha. Avec le printemps froid, 4 ha prévus pour la fauche sont passés en pâturage au fil. On a dû réserver 8 ha de foin à l’extérieur, en lien avec le nombre d’animaux trop élevé en sortie d’hiver et le faible prix des broutards. 25 ha seront fauchés sur la ferme. En attendant la récolte de mélange céréalier et de colza, un lot destiné à l’engraissement pâture une bonne prairie pour se remettre en état. Cette herbe est de qualité, on y amène 5 animaux par voyage en bétaillère, il n’y a de la place que pour 4 au retour. Un lot en finition est en bâtiment, il partira après la porte ouverte qui aura lieu sur l’exploitation, samedi 28 mai de 11 h à 18 h. Adage 35 : 02 99 77 09 56


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