La famille Jamet a visité de nombreuses exploitations pour nourrir son projet bâtiment, notamment à l’heure de choisir l’installation de traite ou de s’orienter vers des logettes matelas pour leurs Normandes. Ils ouvrent leur porte le 24 juin.
Au Gaec du Chêne Creux, à Merdrignac (22), Guillaume a rejoint en 2015 ses parents Francette et André Jamet. À l’occasion de cette installation, il a rentré 55 animaux (vaches et génisses normandes) et obtenu 400 000 L de référence laitière supplémentaires (pour atteindre 860 000 L au total).
S’agrandir sans être débordés
Trop à l’étroit dans les anciennes installations, ce changement d’échelle a poussé les associés à mener un projet bâtiment. « L’aire paillée était surpeuplée. Or notre souhait était d’agrandir le cheptel, mais hors de question de ne pas voir le jour », explique le jeune éleveur. Au contraire, l’objectif des récents investissements a bien été d’optimiser les conditions de travail. « Sans surfaces accessibles, nous aurions installé un robot de traite. » Mais au Gaec, il y avait déjà 133 ha à disposition (55 ha de maïs, 25 ha de blé, 2,5 ha de luzerne, le reste en prairie) dont une bonne partie groupée autour du siège offrant l’opportunité de pâturer.
Au départ, l’idée d’un roto enthousiasmait. « Mais il y avait des coûts de maçonnerie importants à la construction et ensuite des coûts d’entretien supérieurs par rapport à une installation classique. » 12 visites d’exploitation plus tard, les associés ont finalement opté pour une double quai en traite par l’arrière (TPA) « qui permet un bon débit de chantier. » Les travaux ont commencé en mai 2015 « attendant l’accord sur notre dossier de subventions PCAEA pour lancer le terrassement. ». Les animaux ont inauguré cette nouvelle stabulation le 4 novembre.
Convaincus par la mesure de l’activité
Au Dac ou en salle de traite (compteurs à lait), les vaches sont identifiées grâce à des boucles Iso EDE à l’oreille. Elles portent également un collier servant à mesurer l’activité pour la détection des chaleurs. Les données sont récupérées à distance grâce à une antenne ayant une portée de 1 000 m. « Nous étions un peu sceptiques sur le système. Nous voulions voir… », racontent les associés. Et ils ont vu ce qu’ils ne voyaient pas toujours. « Aujourd’hui, on détecte au meilleur moment. Ce matin par exemple, j’ai repéré deux vaches en chaleur en ramenant le troupeau. Le logiciel m’a ensuite indiqué qu’une l’était depuis 22 h la veille, l’autre seulement depuis quelques dizaines de minutes…
Désormais, l’insémination a lieu au moment le plus favorable. Et cela se voit dans les performances : la semaine dernière, sur 22 vaches échographiées, une seule était vide. » Comme il n’y a pas assez de colliers pour l’effectif (140 € l’unité), ils sont posés 30 jours après vêlage et retirés dès que le diagnostic de gestation est positif. Les éleveurs apprécient cette aide précieuse car « la Normande a moins de persistance laitière que la Prim’Holstein. Comme elle se tarit naturellement plus vite, il faut l’inséminer le plus tôt possible. » Au Gaec, « si la vache est propre », la remise à la reproduction s’effectue dès 70 jours. « Voire dès 50 jours si c’est un animal juste en production. »
Un hiver compliqué
« Le gros stress pour les vaches et pour nous a été le retard d’installation de la salle de traite mise en service seulement le 15 mars. Cet hiver a été une galère. Il a fallu continuer à traire dans l’ancienne épi 2×5 en divisant le troupeau en 2 lots, en faisant patienter des animaux dehors… Les pieds des vaches ont été abîmés sur le chemin lors des transferts d’un bâtiment à l’autre. Il y a eu de la casse. » Ces presque huit heures de traite quotidienne à deux trayeurs sont loin d’être oubliées. Heureusement, dans la nouvelle 2×12 TPA la traite, lavage compris, s’effectue en 1 h 50 le matin et 1 h 35 le soir (à deux trayeurs).
Matelas confortable mais logette un peu large
L’aire paillée a été abandonnée. Pour choisir leurs logettes (modèle Bien-être), les éleveurs ont visité autant d’exploitations que pour la salle de traite. « Pendant mon apprentissage de BTS, j’avais travaillé en système logettes – matelas – paille broyée. C’était le top. Ce que je voulais à la ferme… », raconte Guillaume. Le test a été mené au Gaec et finalement abandonné. « D’une part, nous sommes acheteurs de paille. D’autre part, les brins de paille broyée collaient sur les mamelles. » Finalement, la sciure a été préférée (235 € / t). « Un big bag de 500 kg fait 5 semaines en hiver, à raison de 100 g par logette et par jour. L’entretien des 122 places demande 25 minutes le matin et 15 à 20 minutes le soir. »
La famille Jamet voulait surtout de « bons matelas, bien confortables, pour ne pas avoir de jarrets abîmés ». Le modèle Quieta+ semble apporter satisfaction : « Les vaches s’y sentent bien. Il n’y a pas de problème de membres ». La seule « erreur » est d’avoir opté pour une largeur de place de 125 cm, plutôt que les 120 cm standard. « Résultat, les vaches se placent parfois en travers de la logette et certaines se cognent les ischions en se relevant. Et puis nous aurions gagné 6 places… » Même s’il y a encore peu de Normandes en logettes matelas, « avec un hiver de recul », au Gaec on conseille le système.
Du lait à l’herbe peu coûteux
« 45 € / 1 000 L de plus-value sur le prix de base, ce n’est pas négligeable. En Normande, il faut valoriser la ration de base, optimiser les taux et gratter sur le coût alimentaire pour payer les charges de structure. Notre objectif est d’être autonomes en surface fourragère. En passant le moins de temps possible sur les routes et en pâturant au maximum. Dans ce sens, en 2015, un échange parcellaire de 2,5 ha a encore optimisé le foncier accessible. Aujourd’hui, le lait n’est pas à son juste prix, mais au moins il ne nous coûte pas trop cher à produire grâce à l’herbe. Le Dac est fermé depuis le 1er avril. Seuls 0 à 80 kg d’aliment par jour sont distribués en fonction de l’herbe disponible et du lait dans le tank. En avril, le coût alimentaire a baissé à 50 € / 1 000 L (il monte jusqu’à 110 € / 1 000 L en hiver). Nous essayons aussi de faire vêler en mars pour profiter de la pousse. Sans trop se focaliser sur la saisonnalité du prix, car le lait d’été est finalement souvent produit au coût d’hiver en termes de charges. »