Des bouquets qui laissent parler les végétaux

Françoise Martin dans son atelier/boutique « Les Herbes Folles », situé à Saint-Senoux. - Illustration Des bouquets qui laissent parler les végétaux
Françoise Martin dans son atelier/boutique « Les Herbes Folles », situé à Saint-Senoux.
Dans ses bouquets et créations végétales, Françoise Martin donne la primeur aux végétaux. Les fleurs sont mises en valeur dans des écrins de branches et verdure.

Garnie de ses jolies feuilles rondes, pastilles pourpres aériennes, la branche de cotinus coggygria décuple la beauté des arums. Une autre composition met en scène des marguerites, avec des épis de céréales ancrés sur des branchages. « Les végétaux ont autant d’importance que les fleurs », pense Françoise Martin. Son atelier/boutique Les Herbes Folles est situé à la campagne, dans un village de Saint-Senoux.

Un voyage au Japon

[caption id= »attachment_19274″ align= »alignright » width= »250″]L’ikebana est un art floral japonais qui valorise aussi bien le vase, les tiges, les feuilles et les branches que la fleur elle-même. L’ikebana est un art floral japonais qui valorise aussi bien le vase, les tiges, les feuilles et les branches que la fleur elle-même.[/caption]

« La nature est mon champ d’inspiration pour créer mon univers que je veux sensible, poétique et respectueux. » Fleuriste de formation, elle a travaillé pendant deux ans en Allemagne, où le végétal trouve toute sa place. Suite à un voyage de six semaines au Japon l’an passé, elle s’est lancée dans la voie de l’ikebana, qui ajoute une note spirituelle à son parcours. « L’art floral japonais est radicalement différent de l’art floral occidental. En ikebana, c’est le « vide » qui met en valeur les fleurs.

Les végétaux sont disséqués pour amplifier leur identité, leur beauté », explique la fleuriste. Feux d’artifice de boules végétales, tourbillon de branchages, décors impressionnistes de petites feuilles vertes, fontaine de mousses, poteaux de bambous… Les créations réalisées par Françoise Martin affichent une beauté singulière. « J’ai suivi des cours au Japon, à Osaka et Yufuin, avec des maîtres en ikebana dans des temples shintoïstes et bouddhistes.

Cette formation m’a beaucoup appris sur la notion de se mettre en retrait pour aller trouver “le cœur de la fleur”. Le mot ikebana signifie d’ailleurs “dévotion aux fleurs”. Il faut beaucoup de patience, de persévérance et d’humilité pour pouvoir réaliser ces bouquets. » Françoise Martin continue depuis à suivre des cours d’ikebana, avec Xavier Bénureau ou Marie-France Calot, professeurs reconnus dans la pratique de cet art. « Il faut une vie pour se perfectionner. »

Petites boules de mousse

La créatrice réalise aussi une autre sorte de compositions végétales, également originaire du Japon : le kokedama, signifiant « petite boule de mousse ». Les kokedamas sont réalisés avec des substrats naturels tels que l’argile, la terre, la sphaigne ou la vermiculite et de la mousse. Des plantes sont insérées dans la boule de mousse, générant une esthétique originale et pleine de douceur. « De la même manière que le bonzaï, le kokedama est une représentation naturelle et simplifiée du règne végétal. »

[caption id= »attachment_19272″ align= »aligncenter » width= »600″]Le kokedama utilise des boules de mousse sur lesquelles sont ancrées des plantes. Le kokedama utilise des boules de mousse sur lesquelles sont ancrées des plantes.[/caption]

Dans l’atelier Les Herbes Folles, des cours d’art floral sont organisés toute l’année : composition verticale, bouquet de cucurbitacées, sculpture végétale collective, kokedama… « C’est une activité de partage, de lien social qui me plaît beaucoup. » En septembre 2016, des cours d’initiation à l’ikebana devraient aussi être proposés, animés par une Japonaise qui fait également partager plus largement la culture de son pays.

Des bouquets moins chers

En utilisant le végétal, Françoise Martin souhaite aussi proposer des bouquets plus accessibles aux gens, à partir de 10 €. « Les fleurs sont aujourd’hui devenues très chères. Les végétaux me permettent de réduire leur nombre et de les mettre en valeur. » Des compositions florales sont réalisées pour les particuliers, à l’occasion d’anniversaires, de naissances, de mariages, d’obsèques, « selon les goûts de chacun. » La fleuriste travaille aussi pour les entreprises, apportant « une identité à des halls, des bureaux souvent neutres », ou à l’occasion de salons… Comme l’exige cette pratique, les ikebanas sont réalisés sur place pour valoriser au mieux les lieux dans lesquels ils vont séjourner. 

Le Graff végétal reverdit les villes

Depuis deux ans, Françoise Martin explore un nouvel art de rue qui vient des États-Unis, le Graff végétal, au sein d’un collectif de trois amies baptisé “les Freemouss”. « Nous revendiquons une démarche écologique, citoyenne et poétique qui s’inscrit dans la tendance actuelle de remettre du vert dans les villes. » À la manière du graffiti peint, le tag végétal peut être réalisé sur des façades en pierre, des supports en bois, béton, terre… La mousse tient sur le support grâce à une colle écologique, mélange de farine et d’eau.

[caption id= »attachment_19270″ align= »aligncenter » width= »600″]Depuis deux ans, Françoise Martin explore un nouvel art de rue qui vient des Etats-Unis, le Graff végétal. Depuis deux ans, Françoise Martin explore un nouvel art de rue qui vient des Etats-Unis, le Graff végétal.[/caption]

Ces tags biodégradables peuvent vivre une, voire deux, trois années, évoluant dans le temps en fonction de l’hygrométrie. « Nous intervenons dans des festivals, des événements artistiques comme l’Odyssée urbaine en juin à Rennes. Nous réalisons des ateliers adultes et enfants… » Ces tags végétaux peuvent aussi décorer des murs d’entreprises. Aux jardins de Brocéliande, un projet est en cours pour illustrer le côté naturel du site où plus aucun pesticide n’est employé et où la biodiversité est favorisée. Toujours pour refaire du lien entre le végétal et les citoyens, le collectif propose des coiffures végétales à l’occasion d’événements culturels ou liés à l’environnement.

Contact : Françoise Martin 8, La Gainchais (entre la Belle Étoile et la Gare) 35580 Saint-Senoux Tél : 06 22 21 86 53


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