La Bretagne au palmarès du coût alimentaire

lait-production-vache-laitiere-paturage-sodiaal-bcel-ouest-performance-economique-fourrage - Illustration La Bretagne au palmarès du coût alimentaire
Les Espagnols et même les Polonais rêveraient du coût alimentaire des élevages bretons. Alors pourquoi le lait de chez nous n’est pas toujours concurrentiel ?

Nourrir une vache en Espagne coûte 2 fois plus cher qu’en Bretagne. « 4,77 € par jour en Catalogne », a livré Paul-Gilles Possemé, conseiller à BCEL Ouest, lors de la première journée Lactosphère destinée à croiser les regards techniques et économiques français et étrangers sur la production laitière. Il poursuit : « Sur la zone BCEL Ouest, le coût alimentaire moyen est de 85 €/1 000 L ; en Pologne, il se situe à 142 €/1 000 L ». En Catalogne, le coût de la ration journalière de 4,77 € est dilué dans une production supérieure des vaches (9 000 kg/VL), ce qui ferait approcher le coût autour de 160 €/ 1 000 L.

Le grand écart

[caption id= »attachment_19238″ align= »alignright » width= »300″]Paul-Gilles Possemé, BCEL Ouest Paul-Gilles Possemé, BCEL Ouest[/caption]

La Bretagne qui part gagnante sur le poste alimentaire perd son avance dans « les charges de mécanisation qui sont beaucoup plus élevées que dans les autres pays », poursuit le conseiller de BCELO. Puis viennent se greffer les autres charges (équipement, bâtiment, etc.) très variables d’un élevage breton à l’autre d’où ce grand écart sur les coûts de production : « Quand 17 % des élevages ont un coût de production inférieur à 300 €/ 1 000 L, 41 % sont à plus de 350 €/ 1 000 L », note Paul-Gilles Possemé en se référant aux données Cogedis (4e trimestre 2015).

Le salaire du patron

Dans le contexte actuel, difficile pour un éleveur affichant un coût de production de 340 €/1 000 L (1/3 des éleveurs sont à plus de 340 €/1 000 L) de joindre les deux bouts. D’où ce conseil répété : « Il faut bien calculer son prix d’équilibre, c’est-à-dire le prix du lait au-dessus duquel l’activité laitière dégage de la trésorerie ». Sans oublier de comptabiliser la rémunération du chef d’entreprise qui trop souvent est mise entre parenthèses en période de vaches maigres. Pour procéder à ce calcul, Paul-Gilles Possemé invite les éleveurs à se référer au prix moyen du lait sur 5-6 ans. « Actuellement, pour sécuriser son exploitation, il faut viser 330 €/1 000 L de prix d’équilibre. Sauf en bio où l’on peut aller à 370 €/1 000 L ».

Tout compter

En Espagne, la main-d’œuvre salariée de base payée 800-1 000 €/mois donne un avantage compétitif aux éleveurs, mais ces derniers doivent composer avec un prix du foncier à plus de 24 000 €/ha en Catalogne. « Aux États-Unis, l’alimentation et la main-d’œuvre représentent l’essentiel du coût de production », fait remarquer Aurora Villaroël, vétérinaire spécialiste de l’élevage laitier. Et d’indiquer : « Car chez nous, toute la main-d’œuvre est réellement payée, y compris l’enfant qui donne le biberon aux veaux. C’est pourquoi, je dis souvent qu’il ne faut pas seulement comparer le prix du lait entre pays, mais bien intégrer l’ensemble des coûts de production.


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