Quand les choucas jouent des tours

L’oiseau prolifère, s’attaque à toutes cultures et perce les bâches de stock de fourrage. - Illustration Quand les choucas jouent des tours
L’oiseau prolifère, s’attaque à toutes cultures et perce les bâches de stock de fourrage.
En se déplaçant en bandes, les juvéniles occasionnent de forts dégâts sur les cultures. Des agriculteurs se mobilisent pour trouver des solutions.

Il ne fait pas bon être un plant de maïs dans certains coins de Bretagne cette année. Entre les attaques de taupins ou de géomyzes, des communes du Finistère font les frais de l’appétit insatiable des choucas des tours. Espèce protégée, il se développe rapidement et ne laisse que peu de chose derrière lui quand il s’abat sur un champ. Mathieu et Patrick Charpentier, agriculteurs installés sur Mellac, en ont fait la difficile expérience cette année.

« Nous avons dû ressemer une partie du maïs, tant les parcelles étaient ravagées. Ces champs, à destination de récolte en grain, seront probablement vendus en ensilage pour un producteur de lait », témoigne Patrick Charpentier. Pour expliquer et tenter de trouver des solutions auprès du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN), une délégation s’est une nouvelle fois rendue à Rennes.

[caption id= »attachment_19844″ align= »aligncenter » width= »600″]Didier Goubil montre la partie ressemée de la parcelle cultivée par Patrick et Mathieu Charpentier, ravagée par endroit. Didier Goubil montre la partie ressemée de la parcelle cultivée par Patrick et Mathieu Charpentier, ravagée par endroit.[/caption]

200 000 individus

Didier Goubil, agriculteur installé à Poullaouen et membre de la Chambre d’agriculture du Finistère se bat depuis plusieurs années pour résoudre le problème. « En 2 000, les populations étaient estimées à 50 000 individus. Nous sommes aujourd’hui à plus de 200 000 », chiffre-t-il. Avec un statut d’espèce protégé, l’animal se plaît dans les bourgs bretons, occasionnant aussi de fortes perturbations pour les citadins, comme à Quimperlé.

« Les éclosions ont lieu en avril, les petits quittent le nid en juin. À ce moment-là, les parents ne s’occupent plus des juvéniles, qui rejoignent alors leurs congénères. L’espèce apprécie les mitres rouges de cheminée, où les nids sont à l’abri de la pluie ». Les clochers d’église conviennent également pour l’oiseau cavernicole.

[caption id= »attachment_19843″ align= »aligncenter » width= »540″]L’oiseau prolifère, s’attaque à toutes cultures et perce les bâches de stock de fourrage. L’oiseau prolifère, s’attaque à toutes cultures et perce les bâches de stock de fourrage.[/caption]

Deux solutions

Avant d’être protégés, les choucas des tours étaient régulés « par les curés et les enfants au sortir des cours de catéchisme, pour ne pas détériorer l’église. À la fin des années 70, le nombre de choucas des tours a diminué. La décision fut prise de le classer en espèce protégée », explique Didier Goubil. Deux solutions sont envisagées pour trouver une issue au problème.

« Nous ne voulons pas éradiquer l’espèce. Si l’État souhaite maintenir l’espèce protégée, il faut alors nous indemniser pour les dégâts occasionnés sur les cultures. Depuis 3 ans, nous estimons à 1,1 million d’euros le montant des dommages. Une alternative serait de déclasser l’espèce, au qualificatif d’espèce protégée régulable ». Cette dénomination permettrait à des piégeurs agréés de prélever des individus afin de les réguler. « Les piégeurs travaillent bénévolement. J’incite d’ailleurs les agriculteurs à devenir piégeur agréé », conclut Didier Goubil.


2 commentaires

  1. Yannick Maignien

    Lettre d’un oiseau à quelques agriculteurs canonniers !

    Cher agriculteur,
    Je suppose que c’est toi qui a installé un ou des canons à gaz effaroucheur d’oiseaux, à la limite des communes de Plouguiel et Plougrescant. Eh bien, cher agriculteur, je voudrais te donner mon avis : je comprends que tu veuilles protéger tes semis et tes récoltes, et nous te savons gré de nous nourrir ainsi à l’oeil. Je te promets que nous ne mangeons que ce dont nous avons besoin. Nous ne stockons pas. Nous ne spéculons pas. Tu participes ainsi généreusement à la bio-diversité! Mais d’une part, tu t’es fait abuser par tes vendeurs de matériels. : 300 euros un engin aussi dangereux, c’est du vol (je ne comprends ni le coût du gaz pour ces quelques 30 000 détonations ni l’assurance que tu as dû souscrire au cas où un enfant viendrait « jouer » avec ton truc de guerre !) Je te garantie que nous ne mangeons jamais pour 300 euros… D’autre part, et là je ne te comprends plus : nous mangeons aussi et surtout un tas d’insectes parasites, pucerons et autres vermines qui ruinent tes récoltes. En nous chassant tu te tires un coup de canon dans le pied. Et en plus tu vas être obligé d’acheter (très cher!) des tas de poisons chimiques pour tuer ces petites bêtes. J’ai vu ( du ciel) que tu ne mets aucun masque de protection contre ces produits; ce n’est pas bien. De plus, tout ceci est assez « bête » : tu nous chasses pour qu’on aille dans le champ des voisin ? Mais alors, on va vers un achat généralisé des ces appreils de sourds dingues ? …
    Mais surtout, tu nous prends vraiment pour des imbéciles en pensant que ton canon tirant des coups de 120 décibels toutes les 80 secondes ( eh oui, vérifié sur mon coucou suisse) et ce jour et nuit ( ce qui est totalement illégal après 22h) a quelque effet que ce soit ! Au début, nous avons été un peu surpris et avons cherché où était le chasseur, ou le tireur de pigeons d’argile…Mais rien. Nous nous sommes finalement habitués à ton truc. Nous venons picorer une petite minute, nous nous éloignons et nous revenons….C’est la nuit surtout que tu nous empêche de dormir. Tu nous brise la columelle !! En tout, c’est plus de 1000 détonations par jour, ce qui pour une paisible presqu’île touristique du Trégor commence à être impressionnant : une somme totale de 120 000 décibels lachés quotidiennement ainsi dans la nature, les touristes ou les ruraux en général vont être tentés de s’enfuir…. et la rumeur de nuisance va s »enfler à tire d’aile. Cher agriculteur, je suis sûr qu’avec ton maire, ton préfet, tes voisins, tu vas trouver une solution, moins idiote et qui nous fasse vraiment peur (tu as de très beaux cerf-volant effaroucheur pour moins de 40 €), sans nuire à toute une population animale, humains compris ! L’article R1334-31 du code de la santé publique (des hommes) dit bien qu’ « aucun bruit ne doit par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé ». Nous, volatiles descendants des dinosaures emplumés, sommes ici depuis bien plus longtemps que toi, humain,,. et nous n’allons pas nous laisser effaroucher par des canons de blanc-bec … On ne règle pas des conflits avec des canons, ni des faux problèmes avec des faux canons.
    Ton ami l’oiseau…Et bonnes récoltes !

    Propos d’un pigeon recueillis par Yannick Maignien, Poul Ranet, 22220 Plouguiel

  2. Morgant Annie

    Mme, M,
    la surpopulation des choucas est un vrai problème qui touche tout le monde !
    – Les agriculteurs : les dégâts aux cultures.
    – Les humains dans leur ensemble : les cheminées « bouchées », les nuisances sonores des canons effaroucheurs à longueur d’année.
    Ces canons empoisonnent la vie des habitants, vivant à la campagne (et parmi ceux-ci les personnes fragiles pour des raisons de santé, d’âge, …). La répétitivité des détonations rend « fou » ! On les entend avec le cerveau et non plus les oreilles.
    Il devient urgent d’interdire l’utilisation de ce genre d’engins « destructeurs ».

    Alors, OUI, il faut pièger les choucas en nombre et très rapidement.

    Faîtes bouger la situation, en mettant en avant l’argument de la santé des êtres humains !

    Remerciements.

    Annie Morgant Cléder

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