Quelle conduite face aux ravages de la géomyze sur le maïs ?

Dans cette parcelle, 1 rang sur 2 a été semé avec des graines protégées par Sonido. - Illustration Quelle conduite face aux ravages de la géomyze sur le maïs ?
Dans cette parcelle, 1 rang sur 2 a été semé avec des graines protégées par Sonido.
Face aux attaques de géomyze sans précédent, certains producteurs ont fait le choix de ressemer leurs parcelles…quand il était encore temps. Des solutions existent pour pallier le futur manque de fourrage.

« J’ai dû ressemer les parcelles de maïs attaquées à plus de 70 % ». Ce témoignage d’un producteur basé à Guipavas (29) n’est pas un cas isolé. La cause ? Une petite mouche qui s’est fortement développée cette année, et qui a pondu dans le cornet des jeunes plantules. Sa larve se nourrit alors du végétal en descendant dans les tissus. L’issue est fatale pour la culture.

Du jamais vu

Jacques Colin produit du lait dans le Nord-Finistère. Habituellement, sa stratégie de désherbage passe par une application en pré-levée, de suite après le semis. « Cette année, suite à une charge de travail important, j’ai opté pour un passage en post-levée. C’est pourquoi j’ai visité tôt les champs avec mon technicien. Au 26 mai, nous avons constaté les dégâts ». Les 33 ha semés début mai sont touchés. Difficile de prendre une décision dans une telle situation, sans précédents. Faut-il casser la parcelle pour la ressemer, réaliser un sur-semis, la laisser telle quelle…

Après un comptage minutieux des plants, 5 ha sont cassés puis ressemés dans la foulée, 13 ha sont sursemés ou du moins le tour du champ, 14 ha sont laissés sans intervention. Au moment de la commande de semence, le producteur a fait le choix de ne pas prendre de graines enrobées de protection insecticide, car « je n’avais pas de maïs après pâture. Il n’y avait donc pas de risque taupin », explique-t-il. Un choix technique et non économique, le producteur n’utilisant des solutions chimiques qu’en cas de risque avéré. Pour l’entrepreneur de son secteur, « 150 des 350 ha ont été concernés par les attaques. C’est du jamais vu », avoue Yvon Jestin, entrepreneur à Guipavas (29).

Toute la région concernée

Branle bas de combat chez les fournisseurs pour trouver de la semence à des producteurs inquiets, avec une course contre la montre qui démarre : ces semis tardifs se traduiront par des variétés très précoces mises en terre, avec un potentiel de rendement moindre. « Nous avons pu répondre en partie à la demande, car nous avons à la gamme des maïs d’indice 190 à 200. Le plus compliqué est de trouver une bonne stratégie à adapter en trouvant le meilleur compromis. Le désherbage des cultures sera plus compliqué, avec des stades physiologiques différents pour les maïs semés en inter-rang », souligne Guy Krewer, responsable marché semence chez Triskalia.

Pour subvenir aux besoins, la coopérative a distribué plus de 2 000 doses supplémentaires à ses adhérents. « 60 % de nos livraisons habituelles de semences sont traitées par Sonido, traitement de la graine efficace contre les ravageurs du sol et les mouches. C’est une solution efficace techniquement qui sécurise le revenu des éleveurs ». Le récent débat sur l’arrêt d’utilisation des néonicotinoïdes jette un froid sur la profession, qui aimerait bien utiliser des solutions alternatives, si elles existent…

Des solutions immédiates

Les parcelles concernées produiront moins de fourrage. Pour remédier à ce stock manquant, des solutions existent. « Le stock fourrager peut être reconstitué grâce aux dérobées après céréales pour les producteurs de lait, ou encore des semis immédiats : différentes solutions pâturables ou adaptées à l’affouragement en vert existent, comme les mélanges colza/RGI. À raison de 6 kg de colza fourrager et de 20 kg de ray-grass, le premier produira de la matière verte rapidement et disparaîtra, au profit du second qui s’installera dans la durée. De suite après moisson, il est possible de semer un mélange RGI/trèfle incarnat, qui sera ensilé en septembre suivant la pluviométrie de cet été. Toutefois, ce mélange peinera à atteindre 30 % de matière sèche pour un ensilage de septembre », confie Pascal Le Cœur, du pôle herbivore de la Chambre d’agriculture.

Sur une autre solution envisageable, l’ingénieur « déconseille l’ensilage de céréales immatures qui, avec de l’énergie dans le grain, offre au final un fourrage de qualité moyenne à cause de sa teneur en paille. Dans tous les cas, les semis tardifs auront pour conséquence des maïs récoltés cet automne qui présenteront un faible taux de matière sèche, donc une mauvaise ingestibilité. Les valeurs UF seront en baisse ». Une tuile dont beaucoup de producteurs se seraient bien passés.


Les oiseaux préfèrent le bio
Nous sommes également touchés par les attaques de mouche, comme les producteurs conventionnels. Proportionnellement, moins de dégâts tout de même, grâce à des pratiques agronomiques différentes : des semis plus tardifs quand les sols sont bien réchauffés, des faux-semis avant implantation. En revanche, nous souffrons de fortes attaques d’oiseaux qui préfèrent venir dans les parcelles bio, entre 1 et 4 feuilles de plante, pour occasionner jusqu’à 100 % de dégât dans certains champs.Fréderic Gazan, Responsable productions biologiques chez Triskalia


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