On reproche souvent à la société française d’être conservatrice, autrement dit d’être plus encline à l’immobilisme qu’au changement. Chacun étant intimement convaincu que c’est l’autre qui est conservateur et que lui-même est ouvert au changement. Bref, si la situation devient difficile, c’est la faute de l’autre. Cette dualité intellectuelle n’épargne pas le monde agricole.
Combien de fois des responsables agricoles bretons n’ont-ils pas fait part de leur « étonnement » face à ce consommateur devenu si exigeant et si difficile à satisfaire alors que la qualité des produits agricoles n’a eu de cesse de s’améliorer. Dans le fond, cette réflexion ne masque-t-elle pas un conservatisme agricole face à un consommateur avide de changement ? Mais les lignes bougent. Les producteurs de tomate, précurseurs dans la segmentation de la gamme, savent que leur catalogue pourtant riche de plus d’une vingtaine de fruits ne suffira plus pour occuper le haut du rayon.
Chacun est convaincu que c’est l’autre qui est conservateur.
Une réflexion permanente est en marche pour répondre à ce consommateur qui veut du « terroir », de la « santé », du « goût », … et bien souvent une « belle histoire » pour emballer le tout. Et sur ce dernier point, la Bretagne en a à raconter de belles histoires, comme se sont rendu compte les producteurs de lait qui ont décidé de vendre le bien-être des vaches à l’herbe.
Le 27 mai, à Carhaix, le directeur d’Agromousquetaires, Christophe Bonno, invité par Prestor, n’a rien dit d’autre quand il a évoqué ces cochons bio qu’il est obligé d’aller chercher en Allemagne faute de trouver la marchandise en France. Quatre jours plus tard, Philippe de Guénin, directeur régional de l’agriculture, plaidait également « pour proposer des produits qui vont dans le sens de ce que les gens veulent ». Le changement c’est…