L’objectif est désormais de pâturer au maximum

Emmanuel Nourry avoue gérer beaucoup mieux ses prairies qui sont désormais plus productives. Au final, en 2015, son troupeau de 40 vaches laitières n’a consommé que 3 t d’aliment. - Illustration L’objectif est désormais de pâturer au maximum
Emmanuel Nourry avoue gérer beaucoup mieux ses prairies qui sont désormais plus productives. Au final, en 2015, son troupeau de 40 vaches laitières n’a consommé que 3 t d’aliment.
Emmanuel Nourry a longtemps produit du lait en s’appuyant sur un système intensif. En 2012, il a pris un virage herbager jusqu’à se lancer dans une conversion en bio en février dernier. Une sorte de « révolution ».   

À Saint-Aaron, Emmanuel Nourry a repris l’élevage familial en 1997. A l’époque, la SAU de 35 ha était partagée entre 15 ha d’herbe, 9 ha de maïs et le reste en blé. « Je ne voyais que par le maïs. Je recherchais une vache à 10 000 kg pour réduire le nombre d’animaux dans le troupeau et limiter le temps imparti au lait au profit de l’atelier volaille de chair. Du coquelet qui présente un retour financier rapide mais aussi pas mal de contraintes de travail… », se remémore-t-il. Dans cette organisation, il avoue que la partie laitière de son exploitation n’était pas « optimisée ».

Coup de gouvernail en 2009

En 2009, la crise du lait passe par là et le secoue. « La banque me refuse le financement d’un nouveau tracteur car mes coûts de production sont trop élevés. À l’époque, je faisais un gros tas de maïs ensilage qui se conservait mal. J’en perdais, j’en jetais. L’herbe était mal valorisée et je donnais beaucoup de soja… » L’heure de la remise à plat : « L’étude technico-économique du centre de gestion me conseillait d’opter pour plus d’herbe… » Emmanuel Nourry décide d’évoluer « vers 30 ares par vache de ray-grass trèfle et un silo de maïs fermé 70 jours dans l’année. »

Le système fonctionne bien et lui plaît même. « Le travail est différent, allégé au bâtiment. J’y ai vu des aspects pratiques comme ne plus avoir besoin de rentrer les vaches pour les nourrir. J’ai pris goût aux tournées de clôture, à la gestion de l’herbe moins routinière. Et en diversifiant la ration d’hiver avec de l’herbe, les problèmes de caillette ont disparu et les frais vétérinaires élevés ont diminué. » Parallèlement, l’orge remplace le blé : récoltée plus tôt, elle permet d’implanter une prairie qui produit de l’herbe dès septembre.

9 t / ha de rendement en herbe en 2015

[caption id= »attachment_19278″ align= »alignright » width= »247″]Emmanuel Nourry avoue gérer beaucoup mieux ses prairies qui sont désormais plus productives. Au final, en 2015, son troupeau de 40 vaches laitières n’a consommé que 3 t d’aliment.  Emmanuel Nourry avoue gérer beaucoup mieux ses prairies qui sont désormais plus productives. Au final, en 2015, son troupeau de 40 vaches laitières n’a consommé que 3 t d’aliment.[/caption]

En 2012, l’éleveur adhère au Cédapa pour être accompagné « dans sa remise en question et son engagement herbager. » Lui qui ne voyait « que par le maïs » s’avoue désormais « convaincu » par l’herbe. Aujourd’hui, l’assolement se décompose en 32 ha de prairies, 5 ha de fétuque en pure (« résistante à la sécheresse ») pour la fauche, 1 ha d’orge et 2 ha de méteil. « Des prairies en ray-grass – trèfle, riches en azote. D’autres en mélanges RGI – RGA – fétuque – trèfle nain plus fibreux. » Pour la première fois, le maïs a disparu : « Il me reste du stock de l’année précédente. J’en profite pour tester un mélange épeautre – féverole que j’aimerais récolter en grain et stocker en boudin inerté. »

Il poursuit : « Les nouvelles prairies crachent du lait et je les gère mieux. » 2015 a été une année exceptionnelle à un rendement de 9 t / ha en herbe et des vaches sorties jusqu’au 31 décembre. « Presque une révolution ». Sur la dernière année, les 40 laitières (à 7 200 kg de lait / an) ont consommé 3 t d’aliment au total pour 253 000 kg de lait produits. « En 2012, mes 32 vaches recevaient 1 t d’aliment chacune par an », s’étonne presque Emmanuel Nourry. Désormais, l’objectif est « clairement affiché, pâturer au maximum sur mes sols profonds et accessibles ».

Passer les deux ans de conversion au bio

Mais tout est loin d’être figé. « Je voudrais rencontrer des gens qui distribuent tout en enrubannage l’hiver dans l’optique de me passer de maïs à terme. Réfléchir aux vêlages groupés. Savoir si je dois élever mes génisses qui pèsent sur le chargement alors que je passe en bio… » En effet, le Costarmoricain vient d’engager son exploitation en février dans une conversion. « Avec le bio, l’idée est d’aller chercher une valorisation derrière cette évolution. Ce qui m’intéresse, c’est la stabilité du prix du lait. »

Cependant, il sait aussi que les trois années à venir seront « une période de tension », encore confronté à de fortes annuités liées, entre autres, au paiement de son foncier. D’un côté, les contraintes du bio sans le prix (en attendant une aide rétroactive de 30 € / 1 000 L de Biolait, son futur collecteur, au bout d’un an de conversion), et de l’autre, le choix de l’abandon de l’atelier volaille fin 2015. « Le poulailler nécessitait de ré-investir pour travailler dans de bonnes conditions, les résultats étaient en perte de vitesse et puis ma passion a toujours été la vache laitière… »

Trois portes ouvertes

• Mardi 7 juin, dès 13 h 30, chez Emmanuel Nourry à Saint-Aaron : tour d’herbe avec des éleveurs du GIEE de la Baie de Saint-Brieuc (groupe d’échanges technico-économique), atelier sur les enjeux de la conversion en bio, présence de laiterie collectant en bio…
• Jeudi 9 juin, dès 14 h, chez Isabelle et André Ganne à Saint-Étienne-du-Gué-de-l’Isle : 102 ha de SAU (49 en prairies, 6 en luzerne, 15 en maïs, 32 en céréales), 75 VL, 510 000 L de référence laitière, 35 taurillons vendus par an. Ces éleveurs qui ont signé une Maec SPE 28 % évolution cherchent à optimiser l’herbe pour diminuer le coût alimentaire tout en maintenant la production.
• Mardi 28 juin, dès 14 h, chez Jacques et Isabelle Connan, Dominique Durfort au Gaec de la Sapinière à Bourbriac.


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