Une étude présentée au forum technique de Triskalia montre que les écarts de rentabilité entre élevages sont essentiellement liés au nombre de kilos vendus par truie et à l’indice de consommation. Il n’y a pas d’écarts significatifs entre fafeurs et acheteurs d’aliment.
63 éleveurs naisseurs engraisseurs (281 truies sur 85 ha en moyenne) ont participé à une étude réalisée par le service technique du groupement porc de Triskalia. Le calcul du prix d’équilibre global (PEG), pour chacun d’entre eux, est révélateur. Les 21 élevages les plus performants ont un PEG de 1,23 €/kg contre 1,40 pour les 21 les moins performants.
D’où vient cet écart de 17 centimes par kg de carcasse ? « La productivité par truie est déterminante », affirme Guillaume Mercier (Triskalia). Le groupe des plus performants produit 145 kg de carcasse de plus par truie, à l’année (2 334 kg contre 2 188). L’indice de consommation explique aussi, en partie, ces écarts de rentabilité : 2,79 pour les meilleurs contre 2,87 pour les moins bons, soit quasiment un point d’écart. Le prix de l’aliment est sensiblement le même dans les deux groupes ; le coût alimentaire est donc en faveur des plus performants au niveau de l’indice.
Les écarts de productivité entre élevages sont plus importants que les écarts d’indice.
À noter que le nombre de truies est plus élevé dans les élevages les plus performants, mais il n’y a pas de différence significative de la SAU. Le lien au sol n’a donc pas d’influence. Il n’y a pas d’écarts significatifs sur les autres charges opérationnelles (frais vétérinaires, reproduction, renouvellement) entre les deux groupes. Les charges de structure apportent également un éclairage : elles sont plus élevées dans le groupe des moins performants. La différence est de 9,5 cts/kg. Les 17 centimes d’écart de PEG s’expliquent donc par des écarts de 7,5 centimes liés aux charges opérationnelles et 9,5 centimes liés aux charges de structure (notamment financières et de main-d’œuvre).
Fabrication à la ferme ou achat d’aliments ?
Les 63 éleveurs enquêtés se répartissent équitablement entre fafeurs, fafeurs partiels et acheteurs d’aliment. Les fafeurs ont logiquement une SAU plus importante (115 ha) et plus de truies (364). Ramenés à la truie, les 3 groupes ont approximativement le même lien au sol, de 0,30 ha/truie pour les acheteurs à 0,39 pour les fafeurs partiels. Les indices de consommation et la productivité par truie sont sensiblement les mêmes dans les 3 groupes.
Les fafeurs ont un prix d’aliment nettement plus faible : 29 € d’écart par tonne, par rapport aux acheteurs. Le coût alimentaire est plus faible mais il est compensé par des charges de structure plus élevées : 0,61 €/kg pour les fafeurs intégraux contre 0,52 pour les acheteurs d’aliment (charges financières).
La valorisation des porcs est inférieure chez les fafeurs : la plus-value est plus faible (16,2 cts contre 17,3 cts). Globalement, il n’y a pas de différence significative de prix d’équilibre entre les 3 groupes. Les fafeurs consacrent un peu de temps de travail à la fabrication.
La Faf est un bon choix, à condition…
Auparavant, il fallait attendre la fin de l’amortissement de la fabrique pour dégager de la rentabilité. Actuellement, le retour est plus rapide. On peut donc dire que c’est un bon choix. Il y a pourtant des échecs : il y a autant d’agriculteurs en difficulté économique en Faf qu’en achat d’aliment. Il faut hiérarchiser les démarches. Il faut, en premier lieu, maîtriser la technique dans l’élevage et investir (rénover) pour améliorer les résultats.
Ensuite, quand les performances sont bonnes dans de bons bâtiments, on peut envisager de fabriquer l’aliment à la ferme. Dans ce cas, la Faf est un bon projet qui apporte de la motivation et qui répond à l’envie d’entreprendre. C’est un nouveau métier. Il faut néanmoins avoir conscience que la Faf augmente le capital à reprendre et peut être un frein à la transmission au moment de la cessation d’activité. Elle augmente également la pression sur le foncier. Georges Douguet, Cerfrance 22
Choix liés à la motivation de l’éleveur
Le choix de fabriquer est lié à la motivation de l’éleveur ou à l’historique de l’exploitation, plus qu’à la rentabilité économique. Les témoignages de 3 éleveurs travaillant chacun 130 hectares environ l’ont bien montré. Bruno Hello, de Cléguer (56), acheteur d’aliment complet, préfère investir dans son élevage (rénovation PS, économies d’énergie), Daniel Conan de Riec-sur-Belon (29), fafeur partiel depuis peu, y a vu un projet relançant sa motivation à quelques années de la retraite et Yannick Le Goff, de Kergrist-Moélou (22), fabrique tous ses aliments par goût personnel pour la fabrication d’aliment et les projets qui en découlent : investissements dans de nouveaux silos pour diversifier les sources de protéines et s’affranchir du soja non OGM (porcs label).