Un remerciement lu dans l’avis d’obsèques d’un agriculteur « parti trop jeune » dévoile bien souvent toute la solidarité silencieuse qui s’est déployée autour de sa famille confrontée à la maladie. La ferme a pu continuer à tourner grâce au coup de main des voisins, au soutien de la Cuma, etc. Illustration que la solidarité rurale résiste à l’individualisme rampant de nos sociétés.
Illustration aussi que cette valeur ancestrale demeure forte et vivace dans les campagnes. Cette solidarité s’exerce de façon naturelle au sein de la grande famille paysanne depuis le Néolithique. Initialement, ce tissage humain solidaire s’est constitué pour résister collectivement aux humeurs de la nature. Il n’est pas si loin le temps où femmes, hommes et enfants accourraient vers le champ du voisin pour entasser le foin menacé par l’orage. C’était normal. C’était gratuit. Cet héritage fait de l’entraide une seconde nature chez les paysans.
L’entraide, une seconde nature chez les paysans.
Avec la disparition de nombreuses exploitations, on aurait pu imaginer que cette valeur qui consiste « à prêter main-forte » disparaisse. Or, qu’observe-t-on ? Peut-être, d’une certaine manière, s’est-elle renforcée. Le voisinage s’est redessiné. Le voisin sur qui l’on peut compter est désormais l’agriculteur qui se trouve parfois à 5, 10 km, voire encore plus loin dans les secteurs ruraux les plus désertés. D’aucuns diront que cultiver à tout prix ce communautarisme traduit un renfermement sur soi et porte en lui le germe de l’isolement.
Mais rechercher le réconfort auprès de ses semblables apporte aussi une certaine forme de protection et de partage nécessaires dans une société contemporaine urbanisée bien loin des préoccupations du monde agricole et pourtant si prompte à le décrier.