Au Gaec des Rosiers (22), c’est un insecte qui contrôle la pyrale du maïs. Gilles Collet et ses associés réalisent une fois par an des lâchers de trichogrammes dans les rangs de maïs, au moment de la ponte des pyrales. Une méthode alternative qui porte ses fruits.
Raisonner l’emploi de molécules chimiques pour lutter contre les ravageurs est essentiel. La pyrale du maïs fait depuis longtemps partie des insectes foreurs responsables de nombreux dégâts sur le maïs. Mais depuis quelque temps, la montée des températures favorise l’extension des zones d’infestation dans le Grand Ouest. Gilles Collet, producteur de lait, avec ses 2 associés, au Gaec des Rosiers à Quessoy, est particulièrement concerné. « Nous avons perdu jusqu’à 25 % de nos récoltes de maïs grain. Ce sont les parcelles les plus séchantes qui occasionnent le plus de pertes », explique l’éleveur.
[caption id= »attachment_19403″ align= »aligncenter » width= »600″] À droite, Gilles Collet, associé du Gaec des Rosiers et à gauche, Daniel Fubert, technicien cultures Triskalia.[/caption]
En 2014, conseillés par Daniel Fubert, technicien cultures Triskalia, ils prennent les choses en main et choisissent d’utiliser un auxiliaire : le trichogramme. « Actuellement nous ne sommes pas en mesure de faire l’impasse totale sur les pesticides, mais lorsque nous pouvons nous en passer nous préférons utiliser un moyen de lutte alternative », poursuit-il. La solution clé en main consiste à poser des plaquettes d’œufs de trichogrammes dans les parcelles de maïs à l’arrivée des premiers vols de pyrale.
Grâce au réseau de surveillance De Sangosse, les agriculteurs sont avertis dès les premiers vols et reçoivent 24 heures plus tard les plaquettes réfrigérées. Ils doivent alors impérativement se rendre disponibles pour les implanter dans les rangs de maïs. Une plaque posée tous les 20 mètres suffit à protéger la parcelle tout au long du cycle du ravageur. « Depuis 2 ans, les papillons arrivent chez nous la 1re semaine de juillet. Il est important de se tenir prêt à réceptionner et positionner les plaques dès l’alerte reçue. Je compte environ 15 minutes par hectare en marchant bien », indique le producteur.
Persistance d’action
Les plaquettes, en carton percé, contiennent 7 bandelettes d’œufs de trichogrammes de stades différents. Les premiers trichogrammes émergent un à deux jours après la pose, puis les autres suivent pendant une période de 15 à 18 jours environ. Par la suite, les pontes des adultes relancent les cycles biologiques des auxiliaires. « Il est essentiel d’appliquer les trichogrammes à l’arrivée des pyrales pour viser les premières pontes des papillons. Les larves du trichogramme se développent à l’intérieur de l’œuf de pyrale aux dépens des embryons », précise Daniel Fubert.
Satisfait de la solution, l’éleveur explique : « Dès la première application, les dégâts à la récolte ont diminué de plus de 20%. À seulement 35 euros par hectare, l’investissement est rapidement amorti. Les trichogrammes représentent un moyen de lutte rentable contre la pyrale ». L’éleveur garde cependant en tête que seul un ensemble de mesures adoptées par le plus grand nombre peut permettre de diminuer la pression à l’échelle locale : « Tous les producteurs touchés doivent prendre leurs responsabilités. Nous parviendrons à faire baisser la pression uniquement si chacun met en place des solutions adaptées ».
La pyrale du maïs, un insecte foreur
La pyrale du maïs est un lépidoptère de la famille des Crambidae. Lorsqu’elles sont présentes, les femelles pondent près de 30 œufs à l’aisselle des feuilles de maïs sélectionnées, et plus encore quand les températures sont élevées. Après éclosion, les larves se nourrissent des feuilles. À la floraison, elles rejoignent les tiges puis les épis, occasionnant des phénomènes de verse et le développement de fusarioses et de mycotoxines. Dans le sud de la France, on peut trouver 2 générations par an. Cependant, les températures à l’Ouest et au Nord du pays ne permettent qu’une seule génération. Pour briser le cycle du parasite, les producteurs disposent de moyens de lutte biologique, comme le trichogramme ou les parasitoïdes et des moyens de lutte insecticide.
Lutte globale
[caption id= »attachment_19405″ align= »alignright » width= »212″] Pensez à votre moyen de lutte dès la levée du maïs ![/caption]
La lutte contre la pyrale du maïs n’est pas uniquement l’affaire du trichogramme. « Il est vivement conseillé de broyer les cannes de maïs grain et d’enfouir les résidus de culture à la récolte. Ces mesures stoppent le cycle de développement des larves de pyrales et, ainsi, empêchent la formation de chrysalides et de papillons au printemps suivant », explique Daniel Fubert.
Dans la même optique, il est nécessaire d’allonger au maximum les rotations de cultures. Un fondamental qui, en pratique, semble compliqué pour les éleveurs : « Entre les cultures de vente et la production de fourrages pour les vaches laitières, nous n’avons pas beaucoup de marges de manœuvre pour réaliser des rotations de plus de 3 ans », souligne l’éleveur. Cette année, le Gaec des Rosiers ne produira pas de maïs grain. « Nous avons fait le choix de ne pas implanter de maïs grain pour allonger les rotations. Cependant, la prochaine fois que j’en sème, je positionnerai des plaques de trichogrammes », conclut l’éleveur.