Alors que les difficultés s’accroissent dans la filière viande bovine, les producteurs et acheteurs regroupés au sein d’Elvea Bretagne multiplient les partenariats pour mieux valoriser les animaux.
« L’année 2015 avait déjà affiché des charges en hausse et des prix en baisse liés à une consommation plus faible à des difficultés à l’export, à la guerre que se font les GMS, aux lobbies anti-viande. 2016 montre encore plus de difficultés. Dans cette conjoncture tendue, Elvea Bretagne, via ses filières, son animation technique, ses informations, tente d’aider les éleveurs. Ce sont des centimes supplémentaires au kg », a souligné Thierry Duval, président d’Elvea Bretagne, lors de l’assemblée générale de l’organisation de producteurs, le 16 juin à Mauron (56).
Se positionner sur l’export
« La crise est très forte cette année. Nous devons surtout trouver des solutions à l’export, car la France ne va pas augmenter sa consommation. Et c’est plutôt en dehors de l’Europe qu’il faut aller vendre nos bovins. La Turquie est une piste de débouchés pour les jeunes bovins gras. On peut aussi s’attendre à une levée de l’embargo russe pour la fin d’année », ajoute Jean-Marc Jubin, co-président du collège acheteurs Elvea Bretagne. Revenant sur l’accord conclu entre la FNB (Fédération nationale bovine) et Système U fin mai, visant à revaloriser les prix d’achat des races à viande et rustiques (R= avec des critères de poids), le responsable se montre perplexe.
« Pour le moment rien n’est mis en place. Espérons que ce ne soit pas juste un effet d’annonce, ou que cela ne concerne pas qu’un nombre très faible de bêtes. » Pour Thierry Duval, « il n’est pas évident de s’assurer que la plus-value revienne bien à l’éleveur. C’est un système à inventer, une nouvelle façon de travailler pour les producteurs qui doivent être acteurs sur ce retour de la valeur sur leur exploitation. Certains directeurs de magasins ont commencé à prendre contact avec des responsables locaux. » Le président souhaite que cette initiative puisse faire boule de neige chez les autres distributeurs.
Expérimentation sur des veaux croisés laitiers
L’assemblée générale d’Elvea Bretagne s’est tenue à la station expérimentale bovine de Mauron. Daniel Le Pichon, responsable de la station, a présenté divers essais en cours sur la production fourragère, l’autonomie protéique, la valorisation des dérobées… Une expérimentation sur des veaux croisés issus du troupeau laitier est aussi menée à la demande d’Interbev Bretagne. « Les essais portent sur des mâles castrés et des femelles croisées : Prim’Holstein avec Limousin, Angus et Hereford. Le but est de produire des animaux de 12 – 14 mois et 280 – 300 kg de carcasse, avec une viande rouge et tendre. Du fait des coûts de production maîtrisés, ils pourraient concurrencer les importations de viande sur des circuits GMS, RHD, ou pour faire du steak haché, de plus en plus demandé par les consommateurs… », expliquent les responsables.
Des filières qui valorisent
Fin 2015, Elvea Bretagne comptait 41 acheteurs, dont 3 abatteurs, et 620 éleveurs adhérents, en baisse de 3 % par rapport à 2014, du fait notamment du départ en retraite de nombreux producteurs. « Mais la baisse est contenue en 2016, avec l’adhésion de 42 nouveaux producteurs depuis le début d’année », précise Françoise Berthelot, animatrice d’Elvea Bretagne. Dix filières sont proposées aux éleveurs : Label Rouge limousin, charolais, blond d’Aquitaine, bœufs de nos régions, contrats SVA… Au total, 29 640 animaux ont été commercialisés via Elvea Bretagne en 2015.