À Poullaouen (29), la famille De Jongh mise au maximum sur l’herbe.
« Grone Weide », « Ker Yaoteg ». Deux expressions dans deux langues différentes – le néerlandais et le breton – pour dire une même chose : le « village de l’herbe » ou la « prairie verte ». Tout est dit. Willen et Stasja De Jongh, et leur fils Reiner, misent sur l’or vert de cette région du Centre-Bretagne pour faire du lait. Un savoir-faire qu’ils ont importé Pays-Bas, pays qu’ils ont quitté en 1995 en raison « du prix dissuasif du foncier ».
[caption id= »attachment_20276″ align= »aligncenter » width= »600″] L’élevage laitier, une passion familiale chez les De Jongh : Trijntje, Willen, Nelly, Stasja et Reiner.[/caption]
Du bio depuis 1999
À leur arrivée à Poullaouen, [su_tooltip style= »dark » position= »north » title= »Willen et Stasja De Jongh » content= »• SAU : 180 ha. • Cultures : 159 ha d’herbe ; 21 ha de céréales. • Troupeau : 140 VL. • Production : 7 500 L (44 TB ; 33,6 TP). • Ration : 2,9 t MS/VL herbe affouragée + 2,6 t MS/VL ensilage et enrubannage. »]Willen et Stasja De Jongh[/su_tooltip] s’installent sur une exploitation de 77 ha. Quatre ans plus tard, ils font le choix de la conversion bio. En 2001, une reprise de foncier porte la SAU à 105 ha. Autre tournant : la sécheresse de 2003 conduit les éleveurs à opter pour des prairies semées en mélange complexe moins sensible aux caprices de la météo.
« Ce sont des mélanges de RGA, dactyle, fétuque et trèfles ». En 2007-2008, des échanges de parcelles permettent aux éleveurs de porter à 15 ha la surface directement accessible aux vaches. Le maïs disparaît de la sole et, en 2012, la construction d’un bâtiment de 200 places équipé de 2 robots (pré- vu pour 4) vient finaliser l’évolution de l’exploitation qui est alors prête à accueillir Reiner. C’est chose faite en 2014. Le fils rejoint ses parents en apportant 69 ha situés à Plourac’h (22), à 17 km du corps d’exploitation.
Autonomie en fourrage et concentré
Aujourd’hui, 90 % de l’exploitation est en herbe. Les 140 vaches ont accès à 15 ha de pâturage presque toute l’année (obligation en bio de sortir les vaches dès que « la météo le permet »). L’affouragement en vert et l’ensilage sont la base du système fourrager et les concentrés (700-800 kg/VL/ an) se limitent au méteil graine produit sur 21 ha (avec une proportion importante de céréales ce qui en fait un concentré plus énergétique que protéinique). En saison de pleine pousse, l’affouragement en vert représente jusqu’à 80 % de la ration. « Pour une qualité optimale, les prairies sont récoltées au stade pâturage ».
Pour nourrir le troupeau, les éleveurs sont équipés d’une faucheuse frontale et d’une remorque autochargeuse d’une capacité de 35 m3. Il faut compter de 2 à 3 heures de travail par jour pour des récoltes sur le site de Plourac’h distant de 17 km. En contrepartie, il n’y a pas de temps consacré aux semis de maïs et la pérennité des prairies contribue à limiter le temps de travail consacré aux cultures. Pendant les deux-trois mois d’hiver, l’affouragement en vert est arrêté. L’ensilage d’herbe récolté à 40 % de MS après un ou deux fanages et l’enrubannage à 50-60 % de MS (que les éleveurs appellent aussi foin enrubanné) constituent la ration. Les fauches de ces fourrages conservés ont lieu après 5 semaines de repousse. « Essentiel pour récolter un fourrage d’excellente qualité », insistent les éleveurs.
Vaches croisées
Depuis 1995, les éleveurs pratiquent le croisement de races. « L’objectif est d’améliorer le TP, les pattes et la production », explique Reiner, en précisant que les accouplements se sont à partir de 3 races : Prim’Holstein, Rouge suédoise et Rouge norvégienne. L’objectif étant que les vaches vieillissent bien tout en étant productives. « Une vache doit faire 30 000 L de lait dans sa carrière, avec un objectif de 5-7 000 L pour une primipare et 6-12 000 pour une multipare. Cela passe obligatoirement par un vêlage précoce à 24 mois ».