Du débit pour garder le plaisir de traire

L’installation de traite 2 x 18 postes simple-équipement sous un auvent accolé sur la longueur du bâtiment existant. Au mur, du polycarbonate facile à laver. Sur les quais, du caoutchouc pour le confort des animaux. - Illustration Du débit pour garder le plaisir de traire
L’installation de traite 2 x 18 postes simple-équipement sous un auvent accolé sur la longueur du bâtiment existant. Au mur, du polycarbonate facile à laver. Sur les quais, du caoutchouc pour le confort des animaux.
Au Gaec de Ker-Yvon à Prat, le parc bâtiment a récemment évolué. Une salle de traite, « confortable et productive », a été inaugurée en novembre. Les génisses sevrées sont élevées dans un tunnel depuis 2013. Visite guidée avec les deux frères associés.

« Chez nous, pas question de robot. Nous voulons traire, et à deux », ont expliqué Erwan et Dominique Soyer lors de la porte ouverte chez eux, à Prat, dans le cadre des Innov’Action. Les associés du Gaec de Ker-Yvon ont longtemps passé 70 vaches en 1 h 30 dans une épi 2 x 7 postes double-équipement. Mais depuis novembre 2015, ils ont pris possession d’une nouvelle installation. À l’heure du projet, ils ont opté pour un système 2 x 18 postes en simple-équipement.

« L’idée était d’avoir du débit. Quand nous trayons à deux, le troupeau de 80 laitières est passé en 40 minutes à un rythme proche de 90 vaches traites à l’heure. On s’approche du rendement d’un roto 28 postes pour un coût moindre en termes d’investissement. Parfois, nous quittons un chantier d’ensilage pour venir traire et une heure plus tard, nous sommes de retour pour bâcher le tas. Les voisins n’en reviennent pas… »

En revanche, le week-end, quand le travail d’astreinte est géré par une personne seule, il faut compter 1 h 10 de traite. Dominique et Erwan Soyer apprécient également « l’épi 50° pour son ergonomie » car l’animal est branché par l’arrière (80 cm de pas par animal). « On risque moins de prendre un coup de pied. Et surtout, on travaille dans une position plus droite, plus près de la mamelle. Le faisceau trayeur n’a plus besoin d’être porté à bout de bras et pèse moins sur les épaules. »

Coût du projet salle de traite

Béton, charpente, caillebotis, fosse 60 000 € ; Salle de traite et équipement : 130 000 € ; Porte de tri : 8 500 € ;
Autoconstruction par les associés : béton des quais et de la fosse, pose des canalisations, plomberie, aménagement (tapis, cloison de la laiterie…).

Caoutchouc au sol, polycarbonate au mur

Sur les quais, les anciens tapis de logettes (« remplacés par des tapis plus souples bien paillés en faveur de l’intégrité des jarrets ») ont été recyclés pour le confort des animaux pendant la traite. Sur les murs (quais et fosse), des plaques de polycarbonate (acheté en rouleau) faciles à poser et à laver. À l’avant de l’installation, l’ancien parc d’attente sert de dégagement pour une évacuation plus rapide des lots après la traite. En plus des compteurs à lait, les associés ont également opté pour une porte de tri trois voies permettant de commander l’isolement d’un animal depuis la fosse. « Vache à inséminer, à échographier, à parer ou à soigner… C’est aujourd’hui un jeu d’enfant de séparer un individu en sortie de traite. »

Parc d’attente sur caillebotis

Enfin, la conception compacte du système a permis d’installer cette salle de traite sous un auvent (6 m de large) positionné sur la longueur du bâtiment principal datant de 2005. Dans le prolongement, le parc d’attente (20 m de long) en pente montante (3,3 %) a été conçu sur caillebotis au-dessus d’une fosse de 300 m3 pour le stockage des eaux de lavage. Un astucieux couloir le longe permet de descendre si nécessaire derrière les vaches sans risque. Un chien électrique a aussi été installé. « J’étais contre au départ pour ne pas rajouter du courant dans l’environnement », avoue Dominique Soyer. « Mais finalement, je ne regrette pas. En fait, on le branche très rarement, seulement pour faire un petit rappel. Généralement, le bruit suffit à faire remonter les vaches. » Erwan Soyer acquiesce : « On ne va plus les chercher. Dans l’ancienne installation, c’était parfois une par une en fin de traite. »

Les génisses sevrées voient le bout du tunnel

Le bâtiment tunnel (12 x 24 m) pour l’élevage des génisses a été inauguré en 2013. « Nous cherchions à autoconstruire. C’était un concept livré en kit, facile à monter… », raconte Dominique Soyer. À l’époque, il était urgent de revoir la conduite des jeunes. « Auparavant, les animaux étaient logés dans de vieilles bâtisses trop étroites, mal adaptées. C’était la crise du logement. » Depuis l’entrée dans ces nouveaux locaux, sur la phase de 2,5 à 8 mois d’âge, « les croissances sont meilleures, il y a davantage de développement corporel », observe l’éleveur. « Le travail est aussi facilité. Les cases sont vite paillées, l’enceinte rapide à curer. »

D’un côté des box, les veaux ont accès à des auges pour le concentré. De l’autre, ils ont accès à de la paille toujours fraîche : « Les brins les plus longs qu’ils n’ingèrent pas sont ensuite utilisés pour le paillage. » L’ambiance est bonne. « C’est agréable et clair. Même les pignons en polycarbonate opaque laissent entrer de la lumière mais pas la chaleur. » Sur les côtés, les filets brise-vent associés à une bâche enroulable grâce à une manivelle permettent de réguler la ventilation « en fonction des vents dominants, de la météo ». Le toit, lui, est isolé par 8 cm de laine de verre pris entre une bâche ensilage au plafond et une bâche type camion à l’extérieur « pour une durée de vie estimée à 15 ans ». Le projet s’est chiffré, à 35 000 € tout compris, « du plan aux équipements intérieurs », soit 770 € la place.


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