Les fabricants d’aliment s’adaptent à la demande de plus en plus diversifiée du monde de l’élevage. Plus que jamais, l’innovation est au cœur du métier.
« Notre métier va changer », assure Stéphane Deleau, (Valorex), intervenant à l’assemblée générale de Nutrinoë sur le volet de la nutrition bovine. « La production laitière se concentre ; dans une dizaine d’années, les laiteries collecteront plus d’un million de litres, en moyenne, par exploitation. La productivité par vache va augmenter grâce à des fourrages de qualité qu’il faudra complémenter au plus juste ». Il mise sur la diversification de la filière végétale locale pour produire différentes graines qui permettront de répondre aux besoins de segmentation du lait (produits santé, nutrition…). « Nous devrons travailler sur la qualité des aliments composés pour répondre aux cahiers des charges des laiteries ».
L’alternatif en volaille
Même son de cloche du côté de la volaille où la notion de différenciation des produits revient en boucle. « Nous devons accompagner le développement des filières durables qui se segmentent sur l’environnement, le bien-être ou la dé-médication (sans antibiotiques) », indique Hugues Monge, (Sanders). La grande distribution promeut les ventes d’œufs bio ou de plein air. « Ce sera un challenge d’assurer cette production alternative tout en conservant les parts de marché pour l’œuf cages. Je crains que ce marché ne se dégrade face à la concurrence de la production polonaise, aux coûts de production moins élevés ».
Forte baisse des aliments truie et bovin en 2016
L’Allemagne reste le 1er fabricant d’aliments en Europe. Sa production baisse légèrement en 2015 en raison de la crise laitière. Elle est talonnée par l’Espagne, en progression de plus de 3 % grâce aux filières porc et volaille, très dynamiques. La France (3e) diminue légèrement malgré un sursaut en aliments poulets. Deux pays progressent fortement en volumes d’aliments : la Pologne grâce à sa filière volaille et l’Irlande, tirée par sa production laitière. Les premières tendances de 2016 (à fin mai) en Bretagne sont à la baisse dans toutes les productions, surtout en aliments bovins (- 9 %) et en aliments truies (- 8 %) laissant présager une chute des ventes d’aliment charcutiers dans quelques mois.
L’activité des fabricants d’aliments dépendra aussi de la capacité de la filière à reconquérir les parts de marché perdues dans le secteur de la restauration hors domicile (RHD) qui importe plus de 80 % de la viande de volaille qu’elle commercialise. Patrick Piton, (Triskalia), insiste sur la compétitivité de l’aliment porc avec « un prix parmi les plus bas en Europe ». Il rappelle le soutien des fabricants d’aliment aux éleveurs, grâce aux délais de paiement notamment, dans cette période de crise.
Le port de Lorient coule
La réglementation interdit la circulation des camions les jours fériés, les dimanches et 5 samedis dans l’été. Cette situation peut entraîner une interdiction pendant trois jours et poser des problèmes d’approvisionnement des élevages. Nutrinoë renouvelle sa demande de dérogation pour le secteur de la nutrition animale, dès cet été, pour pouvoir circuler tous les samedis au moins dans le Grand Ouest qui regroupe une forte activité d’élevage.
Les fabricants fustigent les perturbations qui minent l’activité des ports, celui de Lorient en particulier. Malgré 16 millions d’euros d’argent public investis pour agrandir sa capacité d’accueil, son activité est en baisse de 12 % sur la dernière année, en raison des grèves incessantes, selon Hervé Vasseur, président de Nutrinoë, qui demande, par ailleurs, la suspension du dispositif « pénibilité », jugé trop compliqué.