La qualité des fourrages est souvent très hétérogène. Date de récolte, type de stockage, mode de distribution et choix du conservateur sont des pistes d’amélioration.
« L’hétérogénéité de qualité de fourrage est cinq fois plus forte en ensilage d’herbe qu’en ensilage de maïs », déclare Romain Guégan, du BCEL Ouest, lors de MécaÉlevage à Yffiniac (22). Une qualité qui s’obtient grâce à une récolte au bon stade de maturité. « Pour chaque mode de récolte, le stockage joue un rôle important dans la préservation des caractéristiques nutritionnelles des fourrages. » Le chef produit du BCEL Ouest rappelle que la qualité s’oppose souvent au rendement.
Être le plus autonome possible
Denis Guernion, éleveur laitier à Yffiniac explique son système : « Nous cherchons à être le plus autonome possible tout en diminuant la part de maïs dans la ration. 40 ha d’herbe sont dédiés à la fauche. Nous faisons 3 coupes à stade précoce et les génisses pâturent une fois en fin de saison. » Sur l’exploitation, pas de raisonnement à la parcelle, les 40 ha sont gérés d’un seul bloc. Dès que la fenêtre météo offre 3 à 4 jours de beau temps le chantier démarre.
Le 1er jour est dédié à la fauche et au fanage. Le 2e tout est andainé et les 3e et 4e sont consacrés au ramassage à la remorque autochargeuse et au bâchage du tas. « Les rendements oscillent entre 1,5 t et 2 t de matière sèche (MS) par coupe, nous recherchons la qualité avant le rendement. » Avec pour objectif de diminuer les concentrés azotés, la ration comprend : ¼ d’ensilage d’herbe à 17 % de MAT, ¼ d’ensilage de méteil et pour ½ d’ensilage de maïs.
Adapter le type de récolte au mode de distribution
Le type de récolte est à adapter au mode de distribution de l’exploitation. « Si la désileuse automotrice s’adapte bien à tous types de mode de récolte, pour l’enrubannage l’idéal est, bien sûr, une dérouleuse pailleuse. De même, pour le foin en botte qui passe aussi dans une désileuse automotrice. Pour le foin en vrac, la désileuse simple fonctionne très bien, tout comme la remorque distributrice ou le bol mélangeur. »
L’enrubannage se développe
Romain Guégan revient sur quelques fondamentaux pour une bonne conservation des fourrages. « Il faut viser 30 % MS minimum pour un ensilage brin court et compter au moins une demi-journée au sol par beau temps. Pour de l’enrubannage c’est 50 % MS et 2 jours minimum au sol. Le foin, quant à lui, doit atteindre 80 % MS et rester 4 jours au sol. » Pour une bonne conservation dans le temps le fourrage doit être bien tassé et sans oxygène. Ces dernières années l’enrubannage a tendance à se développer, porté par l’arrivée des combinés presse-enrubanneuse.
« L’enrubannage permet de gagner en flexibilité et convient aux systèmes pâturant lorsqu’il faut débrayer des paddocks. Le stockage en silo couloir est le plus répandu. Il demande plus de travail car il faut tasser au moment de la récolte et l’investissement est aussi à prendre en compte. » Le silo boudin est un autre mode de stockage qui se développe en Bretagne. Il correspond bien pour de petits chantiers ou pour réaliser simplement un stockage sur un deuxième site d’exploitation.
Choisir le bon conservateur
« Il existe aussi un grand nombre de conservateurs pour maintenir la qualité des fourrages », indique Romain Guégan du BCEL Ouest. Les acides sont utilisés pour les fourrages pauvres en sucres, trop humides ou trop secs. Les enzymes sont préférés lorsque les fourrages sont pauvres en sucre comme la luzerne. Au contraire, pour des fourrages riches en sucres et/ou préfanés, les inoculants bactériens fonctionnent très bien. Le sel est utilisé en couverture de silo et le tanin de châtaignier pour de l’ensilage de légumineuses ou d’herbe riche en protéines.
« Il faut faire attention aux réglages et applications des doses. Les préconisations sont parfois en litres ou en grammes ou encore en cfu/ gramme de fourrage vert. Il faut donc régler l’applicateur en fonction des préconisations », conseille Romain Guégan. Et de conclure : « Dans tous les cas, un conservateur ne remplacera pas des conditions de récolte et de mise en stockage optimales. Il diminuera les effets négatifs mais ne compensera jamais les mauvaises conditions de récolte et de conservation. »Romain Guégan, BCEL Ouest