Installé en 2014 à Ploemel (56), Yoann Huon offre le gîte et le couvert à des jeunes en transit. En contrepartie, ils travaillent sur la ferme, tantôt maraîchers, tantôt menuisiers.
« Je pars m’installer en Nouvelle-Calédonie, je voulais saluer mes amis bretons avant mon départ », sourit Jonathan, le marteau dans la main. Le Strasbourgeois avait déjà séjourné sur la ferme de Kerdelam au mois de janvier dernier, pendant deux semaines. « Le projet de Yoann, que j’avais découvert sur Internet, me plaisait. Je suis arrivé au démarrage du bâtiment. Il faisait juste un peu plus frais ». Côté ambiance, rien n’a changé. « C’est toujours aussi convivial ».
Il passe la première semaine de juillet à barder le nouvel hangar. Cette fois, il n’est pas venu seul. Deux amis alsaciens l’accompagnent. Vincent, informaticien, est en vacances. « Je ne supporte pas de ne rien faire pendant mes congés. Je fais donc un peu de wwoofing pour découvrir d’autres régions. J’ai surtout travaillé comme bénévole au Vietnam, en échange du gîte et du couvert, un peu comme ici ». Simon, le troisième compère, connaissait la Bretagne.
Une saison estivale dans un restaurant de Douarnenez, il y a quelques années, et quelques rencontres l’ont conduit à Auray, où il a posé ses valises. « Je ne suis pas woofer. Je voulais juste passer un peu de temps avec mes potes. Je vais reprendre une formation agricole et je veux m’installer dans la région. Je profite de la semaine pour échanger avec Yoann. Son projet m’intéresse et me donne des idées. En plus, il a une guitare… », plaisante-t-il.
Quartier libre dans l’après-midi
Convivialité, rencontres, échanges, découverte, sont les mots qui reviennent le plus souvent quand ils évoquent leur expérience du wwoofing. Les motivations d’Aude, en provenance de Montpellier, sont du même ordre. Elle cueille les plantes médicinales et entretient les planches de légumes. « C’est la deuxième fois que je vis cette expérience. La première fois, c’était à Rennes, chez un couple de retraités qui ont un grand potager et élèvent des brebis. J’y ai appris à tisser la laine ».
Après une rupture conventionnelle, elle s’apprête à suivre une formation en couture au mois de novembre. « J’aime cette région. J’ai de la famille dans le Finistère et je souhaite me fixer dans le Morbihan. J’ai choisi de faire un séjour dans la ferme de Yoann pour découvrir les plantes médicinales. C’est un domaine que je ne connaissais pas. En plus, je rencontre des gens qui ont un peu la même philosophie de la vie ». En attendant, elle travaille, comme les apprentis menuisiers, de 9 h à 13 h, sous le soleil d’Auray. Ensuite, c’est quartier libre.
Les bénévoles en profitent pour découvrir les plages alentour et le golfe du Morbihan. La ferme de Kerdelam n’est qu’une courte étape dans leur parcours. Après une à deux semaines, ils reprennent leur sac à dos. Deux jeunes anglaises sont annoncées pour la semaine suivante. «La main-d’œuvre me permet d’avancer », indique le jeune agriculteur hôte. « Mais c’est surtout l’envie de partager qui m’incite à accueillir ces voyageurs ».
De la Nouvelle-Zélande à Ploemel
Il y a quelques années, il a parcouru la Nouvelle-Zélande. « J’ai séjourné dans 9 fermes », précise-t-il. « Il faut avoir un peu de chance. Parfois, on repart très vite. Le plus souvent, tout se passe très bien ». Depuis, le technicien en aménagement du territoire a eu l’opportunité d’acheter, avec sa compagne, un corps de ferme sur 6 hectares, sur Ploemel. « Mon projet est venu après. J’ai suivi une formation en maraîchage bio à Crédin (56), effectué des stages et des visites et je me suis lancé ». Il produit une vingtaine de plantes médicinales pour faire des tisanes, des huiles ou des sirops.
Les légumes sont produits sous tunnels et en plein champ. De nombreuses variétés de fruitiers ont été plantées. Le petit troupeau de brebis Landes de Bretagne devrait s’agrandir avec la reprise de foncier. Les plantes et les légumes sont vendus en direct, dans des magasins bio et des épiceries fines ou sur le marché d’Auray. Les petits soucis de la création d’entreprise s’effacent, en soirée, en partageant la bonne humeur des visiteurs.
Une organisation internationale
Créé au Royaume-Uni en 1971, ce mouvement s’est depuis développé dans le monde entier, de l’Océanie à l’Europe en passant par les Amériques ou l’Asie. Le concept est simple : des fermes biologiques (des professionnels avec une grande exploitation comme de simples particuliers avec leur jardin) proposent aux voyageurs le logement et la nourriture contre quelques heures de travaux manuels sur leur exploitation. Wwoofing signifie World wide opportunities on organic farms, ce qui se traduit littéralement par des opportunités mondiales dans des fermes biologiques.