Entre le prix du lait qui baisse, les discussions autour de la loi Sapin II, les décisions de régulation ou de changements de statuts au sein de l’interprofession, la filière laitière est face à des enjeux cruciaux ces prochains mois.
L’été risque d’être agité, surtout à la rentrée à Rennes (35), avant le Space. Avec la piètre récolte de céréales qui s’annonce et l’impact des cours du lait sur le marché de la viande, bon nombre d’acteurs constatent que « voilà bien longtemps que l’agriculture n’avait autant souffert ».
Un prix du lait stable ou baissier
« Notre coût de production tourne autour de 380 € les 1 000 litres, alors que les laiteries nous annoncent des prix à plus de 100 € au-dessous de notre coût de production », explique Étienne Fourmont, responsable lait à la section Jeunes Agriculteurs de la Sarthe, le 12 juillet.
« Le risque, c’est d’avoir ce prix-là jusqu’à la fin de l’année », analyse Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, avec les stocks de poudre de lait mis à l’intervention qui vont bientôt revenir sur le marché. De son côté, Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, est sans appel : « Bien sûr que cela va continuer à descendre ». Il imagine un prix du lait autour de 210, 220 €/1 000 L dans les semaines à venir. André Bonnard, vice-président de la FNPL, se veut plus positif : « Les cours remontent sur la poudre grasse, mais ils n’influencent pas encore les autres poudres. Il nous faut un prix annonçant aux opérateurs que les cours vont changer. Il nous faut un signal. De plus, la position de la France est très particulière car le marché intérieur tient les cours ».
Une mobilisation syndicale toujours possible
« Il va y avoir des mobilisations dans les semaines à venir », affirmait Étienne Fourmont, le 12 juillet, au lendemain d’une action devant l’entreprise Yoplait au Mans (72). Une action supplémentaire est prévue en Mayenne à la fin du mois. Pour lui, « il faut relancer la machine. Mais ce n’est pas facile ». Pour le moment, les FDSEA des autres départements ne prévoient pas d’action. L’heure est à la moisson.
Un pouvoir renforcé avec la loi Sapin II
Un autre élément clef pour la filière laitière réside dans la loi Sapin II, en cours de discussions dans les assemblées. Les sénateurs ont d’ailleurs renforcé, le 8 juillet, ce texte relatif, entre autres, à l’organisation de la production (OP) laitière. « Ce qui change, c’est le pouvoir donné aux organisations de producteurs et le renforcement de la gestion collective qui n’avait pas lieu jusqu’ici dans les territoires, à l’exception des coopératives, explique le sénateur Daniel Gremille (LR), rapporteur du texte au Sénat. C’est une ère nouvelle pour la production laitière, il y a un chantier qui s’ouvre sur les nouvelles compétences de chacun ». Le texte est soumis à une procédure accélérée : il ne fera pas l’objet d’une seconde lecture, mais d’un examen en commission mixte paritaire, prochainement.
Une interprofession en cours de renouvellement
La loi Sapin II révèle les désaccords entre producteurs et transformateurs laitiers. Pourtant, un accord semble avoir été trouvé pour que le dialogue au sein de l’interprofession reprenne. « Lors de notre dernier conseil d’administration, début juillet, nous avons travaillé à une feuille de route dont quelques éléments restent encore en discussion », explique Thierry Roquefeuil. « L’interprofession de 2017 ne sera pas celle de 2014 », continue-t-il. André Bonnard le confirme : « Un accord pour réviser la gouvernance a été trouvé ». Les statuts devraient être revus en septembre avec l’entrée de la distribution et de la Coordination rurale.
Nouveau plan d’aide par Bruxelles
En parallèle, Bruxelles propose un mécanisme incitatif de régulation des volumes de lait produit par pays, enveloppe budgétaire à la clef.
Francis Dallongeville
Quel va être l’impact de la mise en service de l’usine Synutrans sur les cours? Et, à terme, si 2 2 autres usines sont construites?