Regroupant les agriculteurs, les conchyliculteurs et les pêcheurs du Pays de Saint-Malo, l’Accetem a mis en place des analyses d’eau en 2015 qui ont notamment confirmé des pollutions d’origine humaine.
Suite à des problèmes de qualité d’eau rencontrés par les conchyliculteurs de la baie du Mont-Saint-Michel qui ont même risqué un déclassement de B en C* en été 2015, l’Accetem (Association de concertation et de communication économique de la terre et de la mer) a décidé d’agir. Entre juin et décembre 2015, des analyses d’eau en lien avec les laboratoires Isae (Combourg et Fougères) et Labocea (Quimper) ont été réalisées. « Des prélèvements ont été faits sur six exutoires au Vivier-sur-mer et à Saint-Benoît-des-ondes, une fois par mois et deux fois après de fortes pluies », explique Anne-Bénédicte Martinot, de la Chambre d’agriculture, animatrice de l’association.
Contamination des eaux
La majorité des analyses dénombrant les Escherichia coli se divise entre des résultats « passables » ou « mauvais ». Et deux pics « très mauvais » ont été observés, le facteur pluie jouant un rôle dans la contamination des eaux. Les exutoires de Saint-Benoît sont un peu moins touchés. « Du fait du coût de ces analyses, nous avons donc prolongé la recherche avec des génotypages réalisés sur quatre exutoires du Vivier-sur-mer. » Résultat : l’origine humaine des pollutions ressort beaucoup plus souvent que l’origine « ruminants ». Et aucun E. coli lié aux poulaillers présents sur le territoire n’a été trouvé.
« Ces résultats ont confirmé le dysfonctionnement d’une station d’épuration. Ils mettent aussi en évidence des problèmes sur l’assainissement non collectif. Beaucoup de maisons sont directement reliées à la mer… », ont regretté les professionnels de l’Accetem lors de l’assemblée générale le 12 juillet à Saint-Malo. « Une étude est en cours sur l’assainissement sur la Rance. »
De bons résultats en nitrates
Sur les nitrates qui ont été quantifiés à trois reprises pour les six lieux de prélèvements, les résultats sont très satisfaisants, avec une moyenne de 10 mg/L d’eau, bien inférieure aux 50 mg réglementaires. « Ces résultats positifs pour le monde agricole rapprochent les trois milieux professionnels réunis dans l’association. » Les différents élus présents ont salué le rôle de lanceur d’alerte porté par l’Accetem « qui a produit des chiffres crédibles et ouvert le débat de la qualité de l’eau. »
« Nous n’en sommes pas encore aux actions. Nous souhaiterions continuer à réaliser des analyses sur une période plus longue, mais nous avons besoin de financements », ont souligné les responsables devant les représentants de l’État, du Conseil régional et du Département. Sur la campagne 2015, le Conseil régional a aidé à financer les analyses. « Il faudrait aussi que les différents partenaires mutualisent leurs actions en faveur de la qualité de l’eau. »
Valorisation des coquilles
Les produits coquilliers issus des Saint-Jacques, des huîtres ou des crépidules sont importants sur la zone autour de St-Malo. L’Accetem va lancer une étude économique et agronomique pour leur valorisation en amendement calcaire sur les terres agricoles. « Ils sont déjà broyés. Les légumiers les utilisent pour remonter le pH et aérer le sol, et ainsi lutter contre la hernie du chou », précise Anne-Bénédicte Martinot.
Autre axe de travail : les problèmes de sédimentation rencontrés par les mytiliculteurs sur leurs bouchots, sans doute liés au désenvasement du Mont-Saint-Michel. Le renouvellement des générations est aussi un enjeu fort pour les trois secteurs d’activité de l’association.
* En C, les produits de la mer ne peuvent pas être commercialisés directement. Ils doivent recevoir un traitement thermique ou être reparqués en zone salubre.