La production de dinde a diminué en Europe de l’Ouest depuis 2002, une baisse compensée par l’augmentation de la production à l’est. La Pologne et la Russie développent leur production lorsque l’Allemagne freine à cause de la réglementation sur le bien-être animal.
« 36 % de la production mondiale de viande de dinde est faite en Europe, les USA restent le leader avec 51 % de la production. 5 grands pays produisent 80 % de la dinde en Europe. Tout d’abord l’Allemagne pour 19 %, puis la France 18,5 %, la Pologne 17,5 %, l’Italie 15,5% et l’Espagne 9 % », indique Heinz Bosse, directeur du couvoir Kartzfehn en Allemagne.
La production de dinde s’est beaucoup développée jusqu’en 2002 puis elle a commencé à décliner progressivement. Aujourd’hui, elle se stabilise. « Les USA sont les plus gros mangeurs de viande de dinde avec 7,2 kg/habitant/an. Un Européen consomme en moyenne 3,9 kg/an. Ce sont les Allemands qui en mangent le plus avec 5,9 kg/habitant/ an. »
En Italie, le marché est établi sur la base de l’intégration. Les producteurs sont sous contrat avec l’abattoir qui fournit l’aliment et les dindonneaux d’un jour. Les élevages sont concentrés dans le nord du pays. De son côté, le marché espagnol profite d’une consommation croissante avec la situation économique retrouvée. « Les consommateurs espagnols veulent de plus en plus de
découpes de viande bon marché », décrit le directeur du couvoir allemand.
Au Royaume-Uni, le marché est principalement intégré. Malgré tout, les producteurs travaillent en étroite collaboration avec les grands distributeurs.
Le gouvernement russe incite à produire plus
La Pologne et la Russie ont subi de grands changements sur le marché européen de la dinde. « La Russie profite d’une forte demande en viande de dinde dans les grandes villes. Le gouvernement a donc pris l’initiative de produire plus en mettant à disposition des finances pour le développement agricole. Les projets sont planifiés à long terme. Les industriels développent toute une gamme de produits transformés et cuits, adaptés à la consommation russe. »
La Pologne possède à ce jour 12 couvoirs et fournisseurs de dindonneaux. Et 27 ateliers de transformation certifiés aux normes européennes. « Ils cherchent à se développer encore », constate Heinz Bosse. Le taux de change euro/zloti leur est favorable. Grâce à cela, ils sont 12 % moins cher à l’export. « Les prévisions tablent sur une augmentation de la production de dinde de 5 à 10 % en 2016. À ce rythme, ils pourraient augmenter leur production de 40 % d’ici 5 ans. Les éleveurs polonais gagnent bien leur vie, ils n’hésitent pas à monter de nouveaux projets qui aboutissent très vite. Ils savent que cela ne durera pas, donc ils accélèrent. »
La pression sur le bien-être en Allemagne
« L’industrie allemande de la dinde est très au point sur la politique, les médias, les ONG et la société. La pression exercée par les associations anti-viande sur les autorités conduit à plus de réglementations et de contrôles dans les élevages. » On peut citer en exemple la décision d’arrêter l’épointage à partir de fin 2017. Depuis quelque temps, les fabricants d’aliment ne peuvent plus utiliser de soja OGM dans la composition de l’aliment dinde.
Le directeur de couvoir cite aussi la norme QS imposée par les distributeurs qui exigent une baisse de 10 % de la densité en élevage pour rentrer dans le label « bien élevé », qui concerne aujourd’hui 30 % de la production de dinde en Allemagne. « Le coût supplémentaire est payé par le supermarché. » Les éleveurs ont une incitation financière à produire des dindons plus lourds. « Un mâle de 19 kg est payé 1,36 €/kg, s’il fait 21 kg l’éleveur touche 1,41 €/kg, soit 1 € de plus par animal. » Certains de ces changements sont plutôt positifs pour les éleveurs allemands.