Depuis juin, les premiers index génomiques sur les qualités maternelles sont à disposition des sélectionneurs. Ces index vont renforcer la précision du choix des reproducteurs.
[caption id= »attachment_20375″ align= »alignright » width= »226″] Joël Bidanel, responsable du pôle génétique à l’Ifip.[/caption]
Décidé par [su_tooltip style= »dark » position= »north » title= »France Génétique Porc » content= »rassemble les trois OSP (organisations de sélection porcine) françaises (ADN, Gene + et Nucleus) et l’Ifip. »]France Génétique Porc[/su_tooltip], le programme de sélection génomique engagé sur la race Landrace il y a un an et demi porte ses premiers fruits en ce début d’été. « Les premiers index sur les qualités maternelles (Qmat), synthétisant les critères « nés vivants », « poids moyen des porcelets à la naissance » et « homogénéité du poids des porcelets à la naissance », sont à la disposition des sélectionneurs. Ils doivent permettre de gagner 25 % de précision de sélection », annonce Joël Bidanel, directeur du pôle génétique à l’Ifip.
« Les sélectionneurs vont génotyper 3 à 4 animaux pour choisir le meilleur verrat candidat au centre d’insémination. Le génotypage des femelles va aussi être intéressant pour repérer les meilleures cochettes d’une même portée pour les caractères de reproduction. En effet, jusqu’à présent, le choix des jeunes cochettes se fait sur ses performances à 100 kg (croissance, épaisseur de lard), celles de ses parents et autres apparentés, mais sans informations sur les critères de reproduction. »
Les gènes de l’efficacité alimentaire
Dans un monde où la demande en protéines animales ne cesse de croître, le projet européen « Feed-a-Gene » vise à améliorer l’efficacité globale des systèmes d’élevage des monogastriques. L’alimentation de précision et la valorisation de nouvelles ressources alimentaires sont les deux objectifs. Ce programme comporte une partie génétique. « Les cochons que nous sélectionnons actuellement sont habitués à manger des aliments nobles. Quel sera leur comportement s’ils sont nourris avec des aliments plus riches en fibres par exemple ? Dans ce programme, nous souhaitons aussi explorer les gènes qui gouvernent l’efficacité alimentaire », exprime Joël Bidanel.
1 200 animaux Landrace et 1 500 Large White
Pour la mise en place de ces index génomiques, des analyses d’ADN de 1 200 animaux de la race Landrace ont été mises en parallèle avec leurs performances. « Les animaux les plus influents de la race, des verrats d’insémination utilisés par les trois OSP, et quelques truies ayant suffisamment de descendants, ont été choisis pour constituer cette population de référence. Les plus âgés sont nés en 2005. Un programme va également commencer en Large White, avec pour objectif le génotypage de 1 500 animaux, et des index qualités maternelles disponibles au premier semestre 2017. »
Les données de multiplication et production remontées
France Génétique Porc souhaite prendre en compte dans ses programmes de sélection des données techniques issues des élevages de multiplication et de production ayant de bons enregistrements. « Le but est d’avoir une meilleure connaissance du comportement de la génétique dans les élevages de production, qui n’ont pas les mêmes équipements et milieux que les élevages de sélection et qui travaillent en truies croisées, pour orienter les programmes de sélection », souligne Joël Bidanel. D’autre part, les multiples données d’efficacité alimentaire sur le Piétrain issues des stations des OSP équipées d’automates d’alimentation vont aussi être intégrées dans le calcul des valeurs génétiques.
En complément, les collatéraux sont génotypés et testés sur la station porcine du Rheu, inaugurée il y a un an. « La station peut accueillir 2 500 animaux par an. Des mâles entiers, 60 % en lignées femelles, et 40 % en lignées mâles, sont évalués sur la croissance, les indices de consommation, la consommation moyenne journalière, la composition de carcasse allant jusqu’au TMP (taux de muscle des pièces) sur la découpe, le rendement de carcasse et la qualité de viande en abattoir. »
Lien entre odeurs et reproduction
Alors que les producteurs européens envisagent l’abandon de la castration des porcelets en 2018, la sélection pourrait apporter une réponse aux problèmes d’odeur de verrat qui rend impropre à la consommation une partie de la viande de mâles entiers. Mais il existe un lien fort entre ces odeurs et la capacité des porcs à se reproduire. Porté par l’Inra, l’Ifip et les quatre OSP (ADN, Choice Genetics France, Gene+ et Nucléus regroupées dans l’association professionnelle Bioporc), le projet Arome s’attache à cette problématique.
Il a débuté en janvier 2016 et s’étalera sur 4 ans, visant à identifier de nouveaux marqueurs génétiques permettant de réduire le risque d’apparition d’odeur, sans altérer l’aptitude à la reproduction (âge à la puberté, production spermatique). « Des mesures de testostérone (marqueurs de puberté), d’androsténone et de scatol (les deux molécules responsables des mauvaises odeurs) vont notamment être mises en parallèle avec des génotypages de verrats d’insémination (IA). Nous projetons aussi de prolonger l’étude sur les cochettes », précise Joël Bidanel. De son côté, Nucleus travaille sur un programme de mesure de composés hormonaux, prédicteurs d’odeurs, sur tous les verrats d’IA.